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La série date de 2018 et se trouve être disponible sur Netflix. Du coup, je me suis dit qu’une réalisation sud-coréenne horrifique en série, ça devait être pas mal. Créée par Jinnie Choi, la trame nous transporte dans une sombre affaire où trois protagonistes plus liés qu’ils ne le pensent, se retrouvent à faire équipe pour stopper un démon meurtrier. Cette série en seize épisodes vaut-elle la peine ? Les drames horrifiques sud-coréens en longueur, est-ce une bonne chose ? Que penser des démons qui ne veulent rien lâcher ? Une chose est sûre ; je ne regrette en rien mon visionnage ! On prend sa croix, son eau bénite et on se lance dans la critique. ATTENTION : cet article contient des spoilers

Vingt ans en arrière, le jeune Yoon Hwa-pyung (Kim Dong-wook), possédant des dons de médium et venant d’une famille de chamans, rencontre le terrible démon surnommé « L’Invité » ayant la possibilité d’appeler d’autres démons à posséder des personnes faibles, les forçant à tuer leurs proches puis à s’éborgner l’œil droit avant de se suicider. Le destin du jeune garçon va croiser celui de Choi Yoon (Kim Jae-wook), jeune frère d’un prêtre catholique, et de Kang Kil-young (Jung Eun-chae), fille d’une policière. La famille de chacun des trois enfants va prendre cher en rencontrant également « L’Invité » et ses sbires.

C’est vingt ans plus tard, alors tous devenus adultes, qu’ils vont se rencontrer inopinément puis s’allier pour mettre un terme à la terrible menace que représente le démon, toujours en activité… et bien décidé à en finir avec chacun d’entre eux.

On part sur une histoire qui pourrait paraître standard de prime abord… mais qui s’avère totalement maîtrisée d’un bout à l’autre du récit. On démarre la série avec la présentation de la famille de Hwa-pyung et sa rencontre avec le démon, l’occasion de nous montrer toute l’étendue de la capacité sud-coréenne à nous emmener dans une histoire horrifique sans en faire des caisses.

Prenant, haletant, tendu, terrifiant, ce prélude de l’histoire permet de poser des bases impérativement nécessaires pour la suite afin de nous en mettre encore plein la vue. On retrouve alors nos trois protagonistes principaux maintenant adultes ; Hwa-pyung est devenu chauffeur de taxi et traque encore activement le démon ayant pour nom Park Il-do ; Choi Yoon, alias Matthew, est devenu prêtre comme son frère ; et Kil-young est inspectrice de police, comme sa mère.

Et ses trois-là sont le cœur du récit. Je ne vais pas faire une liste exhaustive de leur carrière mais au vu de leur filmographie, ils n’en sont pas à leur coup d’essai. Qui plus est, chacun a déjà remporté nombre de prix pour plusieurs de leurs rôles, ce qui se confirme en visionnant The Guest. Car pour chacun, son lien avec les autres ainsi que celui qu’il possède avec le terrifiant Park Il-do est creusé minutieusement pour nous offrir des personnages à la fois consistants, touchants et pour qui on développe une réelle empathie.

L’humour de Hwa-pyung, le sérieux de Choi Yoon et la placidité de Kil-young ne seraient rien sans la présence d’une flopée d’acteurs récurrents qui apportent un délice non négligeable au récit. On peut citer Yoon Gwang (Lee Won-jong), le meilleur ami chaman de Hwa-pyung, admirablement drôle et étant un élément central de l’histoire ; Ko Bong-sang (Park Ho-san), le coéquipier et supérieur de Kil-young, râleur, parfois perdu, mais nous faisant bénéficier de sa maladresse… et de sa prestation de taré en tant que possédé ; le Père Yang (Ahn Nae-sang), magnifiquement interprété ; Park Hong-joo (Kim Hye-eun), une députée complètement à la masse ; ou encore le grand-père de Hwa-pyung (Jeon Mu-song), pris dans la tourmente des événements.

On suit donc notre trio de base aidé (ou contré) dans leur entreprise par un grand nombre de protagonistes tous aussi excellents les uns que les autres. Ce léger surjeu asiatique (que l’on peut principalement voir dans les personnages de Yoon Gwang ou Ko Bong-sang) donne une teneur franchement sympathique à l’ensemble et on passe un magnifique moment en présence de chacun.

C’est au cours d’une affaire particulièrement sordide que nos trois amis vont se retrouver. Enfin, quand je dis « amis », ce n’est pas pour tout de suite. Tout d’abord méfiants entre eux, on assiste au développement de leurs liens qu’ils vont tisser au fur et à mesure des épisodes. Enquêtant sur des affaires de meurtres extrêmement étranges, Kil-young va fréquemment être en présence de Hwa-pyung, ce dernier traquant le démon responsable de ces funestes méfaits.

Le Père Matthew vient donc leur prêter main forte pour exorciser les possédés et ainsi être en mesure de freiner Park Il-do dans sa quête de souffrance et de mort. Et c’est là que le récit est parfaitement maîtrisé ; sur les seize épisodes, malgré quelques redondances (je ne sais pas combien de fois le nom « Park Il-do » est prononcé dans la série), on assiste à un spectacle horrifique bien fichu et horriblement prenant.

Qu’il s’agisse du développement des personnages, de l’ambiance générale du récit, de sa teneur horrifique ou de sa finalité, tout coordonne et on se surprend à ressentir toutes une batterie d’émotions pendant le visionnage. On peut passer de la tristesse au rire ou de la terreur aux larmes en une fraction de seconde et ça, c’est un véritable tour de force.

La construction qui se fait au fil des seize épisodes trouve un épilogue bien amené et convaincant, même si certaines légères zones d’ombre subsistent. Qu’importe ; l’essentiel a été dit et on n’a pas franchement besoin d’en savoir plus alors que l’écran s’obscurcit pour laisser place au générique. Un certain vague-à-l’âme se fait même ressentir quand on se rend compte que nous quittons une série pareille avec trois personnages aussi attachants.

Côté horreur, on reste fondamentalement dans un drame ; pas d’effusion de sang qui pourrait être outrancière. Par contre, la réalisation de Kim Hong-seon est impeccable en matière d’ambiance, oscillant toujours entre le terre-à-terre et le surnaturel. La policière confrontée à des meurtres causés par des démons, les exorcismes du Père Matthew, le passé trouble de Hwa-pyung, tout concorde pour nous garder en tension la majorité du temps.

A ce titre, les possédés jouent un rôle central dans l’histoire et nous font passer de réels moments de trouille. Que ce soit par un surjeu flippant ou simplement par leur comportement complètement aléatoire, ça envoie du lourd. Mention spéciale aux voix de ces derniers, distordues à souhait, nous plongeant dans une ambiance glauque comme on les aime.

Et que dire de l’ennemi principal ; « L’Invité », Park Il-do, le démon qui s’en prend de manière ignoble aux humains ? Eh bien, ce petit salaud aurait facilement sa place dans un palmarès des méchants les plus terrifiants de tous les temps. Ce n’est pas tant son apparence réelle (bien que flippante) qui instaure une réelle épouvante, mais bien son modus operandi.

Avec ses sbires, il prend possession des gens avant de leur faire commettre des actes horribles, tout cela avant que les victimes ne s’éborgnent l’œil droit et mettent fin à leurs jours. Qui plus est, la personnalité même de cette créature surnaturelle ne recherche que la souffrance et la mort, s’amusant avec les êtres humains comme avec des jouets simplement pour son plaisir. Pas de recherche de pouvoir, d’argent ou de vengeance ; le mal pour le mal. Et ce type de méchant… c’est flippant. 

Vous allez me dire que cette série n’a aucun bémol et que c’est une perle rare. Je vous dirai « Oui… mais… ». Car s’il y a peu (voire rien) à redire sur la mise en scène, les acteurs, l’histoire, la construction du récit ou des personnages, ou encore sur la révélation finale, n’en reste qu’il y a UN élément qui peut en refroidir certains ; la durée.

On ne se trouve pas en présence d’une série dans les clous, durant 40 à 45 minutes par épisode. Ici, il faut compter une heure (voire plus) pour un épisode. Cet aspect nous fait parfois décrocher dans le dernier quart-temps et peut faire apparaître quelques longueurs. Quand on se dit que l’intrigue de l’épisode peut se boucler, il reste encore vingt bonnes minutes avant d’y parvenir. Finalement, c’est peut-être une bonne chose de râler qu’il reste encore de la matière à voir ; cela apporte nettement plus de consistance.

L’analyse de la série prendrait des plombes et cela mériterait carrément de s’y attarder sous un autre format. Pour faire court, on va passer en revue un grand nombre de thèmes, principalement ceux de la témérité, de l’amitié, de la vengeance ou encore de la famille. Park Il-do est un véritable enfoiré et met à mal chaque personnage croisé dans la série, non sans remettre en question les valeurs de celui-ci.

La foi est également au centre de l’histoire. Qu’il s’agisse de la croyance catholique (parfois malmenée, il faut le dire) ou des rites chamaniques (en musique et en costume, s’il vous plaît), le cœur de l’histoire nous renvoie à ce que nous croyons. Est-il possible de réussir quand tout semble indiquer le contraire ? Peut-on gagner malgré un adversaire nettement plus fort ? Est-ce que notre valeur dépend de la vision des autres ou de nos actes ? Tant de questions soulevées dont je vous laisse juge en ce qui concerne les réponses.

Pas de saison deux en vue malgré une sortie en 2018 de cette série. Est-ce que The Guest va disparaître ? Il faut dire que le final se vaut à lui-même et une suite ne serait pas expressément nécessaire. Cependant, les quelques zones d’ombre laissées en suspens pourraient être éclaircies dans un long métrage, selon le studio de production. Cela reste encore à confirmer mais si on a l’occasion de retrouver nos héros, c’est un grand OUI pour moi.

Pour les amateurs de frissons asiatiques (soft) ou les férus de séries avec une réelle consistance, The Guest mérite un visionnage. Des personnages que l’on aimerait rencontrer (pas tous, hein), une intrigue recherchée et bien mise en scène, des moments de tension mémorables et des plans absolument magnifiques, ce ne sont pas quelques longueurs qui pourraient péjorer une qualité globale bien installée. Allez, lancez-vous et profitez du spectacle !

Bon, je vais vous laisser ; je commence à avoir mal à l’œil droit.

Derniers commentaires

13.06 | 05:23

Merci pour le concours

03.04 | 19:28

Merci, bonne soirée à tous. 😊🍀

22.03 | 14:38

super

22.02 | 21:57

En effet cher Critiker 😉 très bonne critique du film, qui me rappelle une discussion... devant la salle du ciné 😅 Mark Wahlberg si j'ose (il manque pas d'air le Beep... Enfin si, mais là c'est Mark)😱

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