La boîte à troubadours

Certains films font plaisir à voir. D’autres permettent principalement d’enrichir notre culture cinématographique. Il y a des films devant lesquels on s’endort, servant habilement de somnifère. Et puis, il y en a des qui nous invitent à projeter une statue à l’effigie d’un chat en plein dans notre écran à l’instar d’un certain Jacquouille, ce dernier prenant la boîte à troubadours pour quelque chose de satanique. Ben, c’est un peu l’effet que fait ce film sorti en 2016 et réalisé par Jeffrey Hunt. Possédant pourtant une filmographie fournie en matière de réalisation d’épisodes de séries télévisées, pour le coup, on ne comprend pas vraiment pourquoi on se retrouve devant un film comme Satanic. Parfois les raisons ont bien peu de sens devant un certain néant. Allez, on panique ; c’est Satanic !

Quatre potes décident de passer quelques jours à Los Angeles en se rendant au Festival Coachella. Deux d’entre eux, Seth (Justin Chon) et sa copine Elise (Clara Mamet), sont férus de morbide et embarquent leurs amis Chloé (Sarah Hyland) et David (Steven Krueger) à la découverte de certains endroits glauques de L.A. comme la villa où Sharon Tate a été assassinée ou encore une chambre d’hôtel où une femme se serait suicidée en s’égorgeant. C’est lorsque la petite équipe va se mêler des affaires d’un groupe de satanistes que les choses vont légèrement dégénérer.

On ne comprend pas vraiment ; Sarah Hyland (Modern Family), Steven Krueger (The Originals), Justin Chon (Twilight) et Clara Mamet (The Neighbors) possèdent tous des rôles intéressants dans d’autres réalisations. Pourquoi ici tous semblent avoir le charisme d’une boîte à pain ? Les quatre amis n’ont ni cohérence, ni liens réellement francs, ni profondeur, ni raison d’être, ni la capacité de nous faire ressentir ne serait-ce qu’un millionième d’once d’empathie.

La présentation des personnages se fait relativement rapidement en début de métrage mais n’aboutira sur rien du tout vu que le passé de ces derniers est simplement inexistant. On se retrouve donc avec une petite équipe certes sympathique mais sans aucune accroche pour nous, spectateur. J’ai trouvé légèrement ironique d’avoir un personnage accro au morbide appelé Seth (dieu de la confusion et du chaos). Le nom réel du personnage de David, Steven Krueger, renvoie à un célèbre tueur sur Elm Street, ce qui m’a aussi bien fait marrer. C’est à peu tout ce que j’ai retenu des protagonistes.

Ah, non, j’oubliais. Il y a un personnage qui sort du lot ; celui d’Alice, interprétée par Sophie Dalah. Sataniste s’étant fait virer de son groupe, la jeune fille paraît assez cinglée pour être intéressante et suffisamment barrée pour nous intriguer. Sa mort particulièrement terrible est le point de départ des réjouissances surnaturelles pour les autres protagonistes. A noter la présence d’Anthony Carrigan dans le rôle d’un sataniste, acteur que j’apprécie tout particulièrement.

Mais revenons à nos moutons (si j’ose dire). Dans sa looooooooongue première partie, Satanic ne casse pas des briques. C’est lent, relativement inintéressant et ce n’est pas le tourisme de lieux morbides de Los Angeles qui va nous réveiller un tant soit peu. Puis, la filature d’Anthony ainsi que la rencontre avec Alice vont donner un coup de pep au film… qui retombe ensuite aussi sec.

La seconde partie de Satanic tombe dans le classique. Tentatives de jump scare (oui, oui, j’ai bien dit « tentatives »), faits surnaturels étranges et attendus, ambiance pesante entre les membres du groupe mais sans un iota de compassion à leur égard, on sombre lentement mais sûrement dans un ennui que l’on pourrait qualifier de létal.

Puis arrive la dernière section dans une grande bâtisse vide, nous donnant l’occasion de mieux comprendre une scène complètement WTF en début de métrage. Mais dans Satanic, pas d’effet magique. A part quelques hurlements et deux-trois images que l’on pourrait qualifier d’horrifiques, rien ne vient titiller nos neurones ou nos rétines. Le dernier plan cependant nous offre un instant angoissant et visuellement intéressant. C’est con, ça vient de se terminer.

Le plus bluffant dans l’histoire, c’est que le concept est intéressant. En parlant du satanisme sans déborder dans des excès abusifs, le métrage narre la confrontation entre des individus lambdas et ce monde si particulier. Mais préférant surfer sur les standards habituels (on note d’ailleurs cinq victimes… un postulat basique dans plusieurs films d’horreur), le réalisateur nous invite plutôt au dodo qu’au fun.

Le remplissage est tel que les différentes visites des protagonistes à travers la ville de L.A. n’ont aucune incidence sur la suite des événements (sauf la boutique tenue par Anthony) et que les jeunes à l’écran passent plus de temps à parler de leur fourgonnette que des possibilités infinies de leur jeunesse. Franchement, en matière de remplissage, y’avait sans doute moyen de faire mieux.

On cherchait sans doute à nous parler du satanisme et de ses influences ou de la fragilité de l’amitié en cas de situation horrible, ou encore des situations angoissantes que l’on peut traverser en confrontant ses idéologies et ses croyances. Ben non, nous n’avons qu’un constat affligeant devant un film qui traîne la patte pendant toute sa durée.

Si vous êtes tout nouveau dans le domaine horrifique et que vous voulez vous faire les dents sur un os, vous pouvez sans autre choisir Satanic qui peut être pratique. En revanche, aficionados du genre, aucune consistance carnée autour de cet amas dur et froid ; passez votre chemin. Entre des acteurs bancals, des scènes de trouille qui n’en sont pas et un pentagramme au feutre rose, il est sans doute temps d’aller chercher de la nourriture cinéphile ailleurs.

Satanic, ‘c’est pas automatique.

Derniers commentaires

13.06 | 05:23

Merci pour le concours

03.04 | 19:28

Merci, bonne soirée à tous. 😊🍀

22.03 | 14:38

super

22.02 | 21:57

En effet cher Critiker 😉 très bonne critique du film, qui me rappelle une discussion... devant la salle du ciné 😅 Mark Wahlberg si j'ose (il manque pas d'air le Beep... Enfin si, mais là c'est Mark)😱

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