Du fun en barre !

En 1981, Sam Raimi posait une pierre énorme sur l’édifice du domaine horrifique ; Evil Dead. Avec deux suites, un remake et plusieurs autres annexes, ce métrage est maintenant une pièce maîtresse dans la grande boutique des horreurs. Il n’en fallait sans doute pas moins pour que M. Raimi créé, en 2015, une série s’appelant Ash vs. Evil Dead… et reprenant la suite directe du troisième film ! Calquée pleinement sur le délire d’Evil Dead 2 et mettant en scène Bruce Campbell himself dans son rôle mythique de Ash, cette série, c’est du fun en barre ! Ressortez l’Oldsmobile Delta 88, mettez de l’essence dans votre tronçonneuse, armez-vous d’un grand bol de pop-corn et préparez-vous pour le délire absolu ! ATTENTION : cet article contient des spoilers

Ash Williams vient de passer les trente dernières années à vivre dans une caravane et à travailler dans un magasin de bricolage. Imbu de lui-même, fainéant, toujours partant pour faire la fête, il conserve précieusement le Necronomicon, le livre responsable, à l’époque, de ses malheurs et de la mort de ses amis. Un soir où il est particulièrement torché, il va en lire un passage et faire revenir les Cadavéreux sur Terre. Aidé par deux de ses collègues, Ash devra donc faire le nécessaire pour renvoyer ces démons en enfer tout en évitant de se faire coincer par une policière et une mystérieuse femme prétendant vouloir se venger de lui.

Dans le rôle principal, nous retrouvons bien entendu Bruce Campbell, THE Ash ! Machine à punchlines par excellence, cet antihéros est simplement gigantesque. Tout au long de la saison, nous en aurons pour nos mirettes et nos oreilles tant il se lâche complètement ! Malgré quelques kilos en plus, il n’a rien perdu de sa superbe et son retour affirmé dans le premier épisode mettra en situation de joie tous ceux qui avaient kiffé la saga des Evil Dead. Cette fois-ci, pour l’aider dans la destruction des Cadavéreux, deux de ses collègues de travail : Pablo et Kelly. Pablo (Ray Santiago) est un véritable fan de Ash. Il l’appelle sans cesse « El Jefe » (L’Elu) et veut absolument l’aider à en finir avec les Cadavéreux. Sa timidité, son enthousiasme et sa capacité à suivre Ash partout font de lui un personnage drôle, touchant et fortement sympathique. Kelly (Dana DeLorenzo) est une jeune femme indépendante qui prend part au combat après la mort de ses parents. Vouant une haine envers les Cadavéreux, elle considère Ash de prime abord comme une menace puis apprendra qu’il est, malgré tout, une sorte d’héros, capable d’avoir également des amis. Sûre d’elle, engagée, intuitive, Kelly est un morceau de bravoure à elle toute seule.

Dans les rôles des femmes traquant le pauvre Ash, nous avons tout d’abord Jill Marie Jones alias Amanda. Policière de son état, elle s’est retrouvée face à un Cadavéreux avec son collègue… qui en est devenu un aussi. Ayant été obligée de le tuer, elle est en attente de l’enquête des services internes… mais compte bien retrouver Ash, celui par qui toute cette galère a démarré. Ensuite, nous avons Lucy Lawless dans le rôle de Ruby. Femme faisant passer Ash pour un meurtrier, elle n’hésite pas à torturer les Cadavéreux pour avoir des informations. Son personnage s’avérera bien plus complexe que prévu et ses origines bien plus obscures.

Au niveau du casting, nous avons non seulement des personnages qui envoient du lourd et en plus qui font bien leur travail. Mieux encore, la plupart d’entre eux seront bien creusés histoire d’avoir de la consistance et pas simplement de la chair à canon. Dans le casting principal, il n’y a pas de quoi s’ennuyer une seule seconde et on apprécie chacune des révélations faites sur les différents protagonistes. Du fun en barre, je vous dis !

Ash vs. Evil Dead s’inscrit clairement comme étant une série horrifico-comique, comme dit plus haut, dans la lignée du second Evil Dead. Le côté « cartoon » est encore plus poussé, tant dans le visuel des différents démons que dans les scènes en elles-mêmes. Si l’on considère que les personnages sont déjà drôles, tout en conservant un côté touchant et profond, il en est de même pour les diverses aventures traversées par ces antihéros des temps modernes. Le comique de situation est également poussé. Pour preuve, ce repas de famille dans l’épisode 2 où Ash se la joue comme l’invité le plus détestable de l’année ! Et ça, ce n’est qu’un seul exemple parmi des dizaines.  

L’intrigue de la série en elle-même est également intéressante. Reprenant l’histoire de la saga Evil Dead, nous allons en apprendre beaucoup plus sur le Necronomicon, ses origines et ses pouvoirs. A l’occasion d’un passage dans une librairie spécialisée en bouquins anciens, nous aurons un rapide aperçu des capacités du livre et de son potentiel destructeur. Il en sera également de même en fin de saison où nous aurons même le plaisir de le voir « prendre vie ». Mais ça, je vous laisse le découvrir.

Le fil rouge de cette première saison est donc de trouver un moyen de faire repartir les Cadavéreux directement d’où ils viennent pour que Ash puisse reprendre sa petite vie pépère. Ce personnage aura également une évolution dans son comportement, se prenant gentiment la révélation en pleine tronche que les amis, ça peut compter. L’occasion de faire de lui un héros en lieu et place d’un antihéros et de nous tirer quelques larmes, le plus souvent de rire. En prenant en compte l’évolution des personnages et le fil conducteur qui nous emmène dans une aventure hors du commun, on peut dire que c’est assez étoffé.

Le rythme est bien présent et on ne s’ennuie pas UNE SEULE MINUTE ! Avec des épisodes de 25 à 30 minutes (40 minutes pour le premier), c’est le timing idéal pour avoir une concentration de fun indescriptible. De plus, le tout se la joue en mode « comics » en nous plaçant dans des endroits différents à chaque épisode, donnant ainsi un dynamisme bienvenu et permettant de voir les différents protagonistes dans des lieux drastiquement opposés (une librairie, un restaurant, un camp de survivalistes… une cabane…).

Et à quoi faut-il s’attendre au niveau de l’ambiance ? Comme je l’ai déjà dit (je crois…), c’est du fun en barre ! Du coup, on aura un gros lot de gore (jamais la tronçonneuse ne s’allumera sans quelques hectolitres de sang), des morts graphiques à souhait et des monstres absolument pas mignons (grand prix à Eligos, le démon de la librairie). Nous sommes donc dans de l’horreur, certes, mais de l’horreur visuelle, drôle et abusée. Ceux qui ont aimé le ton du second Evil Dead ne pourrons qu’apprécier.

Pour renforcer encore l’aspect eighties de l’histoire, nous aurons bien entendu des clins d’œil non négligeables aux premiers films. Quelques images d’archives viendront s’insérer dans certains épisodes afin de faire comprendre (très vite) à tous les nouveaux venus ce qu’il s’est passé précédemment. La voiture légendaire de Ash (une Oldsmobile Delta 88) sera également de la partie. Pour affiner la chose, une bande musicale incluant Deep Purple, The Stooges, Alice Cooper et AC/DC (entre autres) viendra rythmer les différents épisodes. De la folie !

La fin de la saison donne-t-elle envie de gratter derrière la porte en attendant la suivante ? Oui… et non. Le final se conclut de manière relativement attendue (quand on connaît le personnage de Ash) mais a tout même son petit effet. Une fin dans l’Oldsmobile avec du AC/DC à fond, ça envoie quand même. D’autant plus que la décision prise par Ash quelques minutes plus tôt ne sera pas sans conséquences… et nous les verrons directement. De quoi effectivement attendre la saison suivante avec impatience, mais sans pour autant pousser des hurlements hystériques. Nous sommes donc juste dans une bonne moyenne de satisfaction. 

L’annonce de la série a fait tapoter pas mal de touches sur les claviers par les fans de la saga cinématographique. Beaucoup pensaient qu’il s’agissait clairement d’une mauvaise idée de sortir une série sur Evil Dead, pensant que cela détruirait sans doute les personnages et/ou la mythologie construite par Sam Raimi. Mais vu que le papa originel se trouve dans le coup, nous avons droit à un réel délire, mêlant habilement tous les genres et nous invitant à participer à ce road trip complètement déjanté.

Du mauvais dans cette série ? Bon, si vous n’aimez pas le gore, oubliez déjà de regarder ne serait-ce que le premier épisode. Je pense que dès le moment où l’on a conscience qu’on va regarder un truc de malade, et que le principe comique/gore/cintré est assimilé, la série devrait passer pour tous les amateurs. Le contexte mis en place est tellement bien foutu qu’effectivement, on peine à trouver quelque chose à lui reprocher. C’est peu conventionnel, peu courant, atypique, et franchement, ça vaut le coup.

Ash vs. Evil Dead – Saison 1 envoie clairement du lourd. Histoire intelligente, personnages intéressants, drôlitude puissance mille, gore à gogo, situations hilarantes, on a droit à absolument tout durant les 10 épisodes de cette première saison. Conseillé à tous les fans de la saga Evil Dead et à tous ceux qui souhaitent découvrir cet univers complètement fou. Et si la saison 1 est si géniale… qu’en sera-t-il de la seconde ? Du fun en barre, je vous dis !

Courage Ash ! Comme on dit ; pas de repos pour les braves !