La planche à pain

Existant apparemment depuis plusieurs siècles mais commercialisée par Elijah Bond en 1890 comme « jeu de société », la planche Ouija est un objet récurent dans les films d’horreur. Déclencheur de l’arrivée de Pazuzu dans L’Exorciste, objet prédominant dans Long Time Dead, le jeu de société est devenu une véritable mine d’expériences dans le domaine de l’occulte… et un point névralgique dans le scénario de nombreux films. Normal donc qu’en 2014, Stiles White réalise un métrage du même nom avec un scénario écrit par lui-même et Juliet Snowden ; ledit scénario est basé sur le jeu d’Hasbro (détenteur du nom officiel « Ouija ») sorti en 1966. Alors, planche à repasser, de surf ou à clous ? On révise son alphabet et on se lance dans la critique. ATTENTION : cet article contient des spoilers

Laine (Olivia Cooke) et ses amis sont en deuil ; la jeune Debbie (Shelley Hening) s’est suicidée dans des circonstances mystérieuses. Ayant retrouvé une planche de Ouija chez sa défunte amie, Laine convainc sa bande de l’utiliser pour contacter Debbie et ainsi être en mesure de lui dire au revoir décemment. Mais on ne le dira jamais assez ; quand on fait joujou avec des forces qui nous dépassent, il nous arrive forcément des bricoles.

Après un passage remarqué dans Bates Motel, Olivia Cooke commence d’être appréciée du grand public et obtient un rôle dans ce métrage. Amie véritable ne laissant pas la mort la séparer de Debbie, elle est pourtant la source de motivation dont ses amis ont besoin pour qu’ils se retrouvent, eux aussi, en mauvaise posture. Pour le reste de la bande, qu’il s’agisse de Trevor (Daren Kargasoff), Sarah (Ana Coto), Isabelle (Blanca A. Santos) ou Pete (Douglas Smith), tous ont fait quelques apparitions dans des séries et se retrouvent à jouer dans leur premier (ou l’un de leurs premiers) long métrage. A noter l’apparition de Lin Shaye (saga Insidious) qu’il est toujours plaisant de voir à l’écran surtout dans le présent rôle de Paulina Zander, une femme un tantinet barrée.

Dès lors, ces jeunes gens doivent jouer à l’écran… des jeunes gens, ce qui n’est pas foncièrement d’une complexité hors normes. On se retrouve donc avec une petite bande sympathique de jeunes ne suivant pas les règles et tous restent convaincants dans le travail qu’ils doivent accomplir à l’écran. Pas de fausse note véritable sur ce point-là, même si l’histoire de la famille de Laine aurait pu être un tant soit peu plus creusée.

Mais ce qui nous intéresse ici, c’est bien comment ont pu faire les scénaristes pour nous pondre une histoire basée… sur un jeu de société avec des lettres. Facile, me direz-vous, vu que le jeu en question possède un lien non négligeable avec le spiritisme et donc avec la potentialité d’en faire un film horrifique pur jus. Pourtant, au niveau histoire, on peut sortir la planche à repasser et se mettre au travail ; cela reste relativement plat.

C’est donc avec des standards bien cossus que nous suivons cette bande de jeunes tenter de communiquer avec feue leur amie via la planche retrouvée dans sa chambre. Convaincus de parler à Debbie, ils vont faire l’erreur d’ouvrir une porte qui aurait cruellement due rester fermée. Et c’est le début des ennuis pour chacun d’entre eux.

Une fois leur première session passée, il faut dire que l’idée de retrouver le message « Hi Friend » à toutes les sauces est passablement bien vu et instaure une légère tension sur les véritables intentions de l’entité qui a décidé de leur coller aux baskets. Seulement, c’est reculer pour mieux sauter car tout le reste du film sera extrêmement convenu malgré un petit twist des familles qui aurait pu nous faire tressaillir, mais il n’en est rien.  

De plus, se trouvant sous la houlette de la production Blumhouse, il faut s’attendre à passablement de jump scares durant le visionnage. Ces derniers nous font bondir sur notre canapé et taper violemment notre cuisse en se disant qu’on s’est bien fait avoir. Seulement, aucune tension à l’horizon et nous attendons patiemment que chacun des membres de la petite équipe finisse entre quatre planches.

Côté effets spéciaux, il faut avouer qu’on reste dans du bon au vu de la production qui a quand même ses lettres de noblesse dans le cinéma horrifique de ces dix dernières années. Mais avoir un cadavre convaincant ou une blancheur des yeux digne d’une célèbre marque de dentifrice, ça ne sauve pas forcément le navire.

C’est donc avec une certaine lassitude que nous déroulons les minutes du film pour en arriver à une conclusion à demi-twist qui éveille notre intérêt le temps d’arriver au générique, ce dernier démarrant après une brusque interruption du métrage nous laissant sur le qui-vive… mais nous prouvant une fois encore qu’on ne peut pas en finir facilement avec des esprits retors.

L’idée de placer la planche Ouija comme élément principal est cependant bonne. Cela en fait pratiquement un personnage à part entière et permet de placer quelques bonnes surprises au spectateur (tu pensais que la planche était foutue ; ben non, elle est là !). M’enfin, quand je dis surprises… je pense surtout à tenter de nous laisser dans un sentiment de tension qui s’avère être plus du désabusement qu’autre chose.

Restant dans les clous mais sans vraiment nous faire frémir, Ouija ne parvient pas à attiser un intérêt assez grand pour qu’il puisse être qualifié de « bon ». Personnages standardisés, histoire vacillante, tentative de twist, on n’adhère pas à ce qui se trame sous nos yeux. Malgré le deux de tension que nous subissons pendant le métrage, je vous déconseille de vous mettre à une véritable séance de Ouija ; si ce qui se passe dans le film arrivait vraiment, là, on se retrouverait dans de l’horrifique. Mais devant notre écran, ce n’est pas le cas.

Donc, plat comme une planche à pain.

Derniers commentaires

13.06 | 05:23

Merci pour le concours

03.04 | 19:28

Merci, bonne soirée à tous. 😊🍀

22.03 | 14:38

super

22.02 | 21:57

En effet cher Critiker 😉 très bonne critique du film, qui me rappelle une discussion... devant la salle du ciné 😅 Mark Wahlberg si j'ose (il manque pas d'air le Beep... Enfin si, mais là c'est Mark)😱

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