Toc, Toc ! Qui est là ?

Grandement utilisé dans les contes russes ou slaves, Baba Yaga est un personnage entouré de mystère, possédant des capacités différentes suivant les histoires. Globalement, l’on peut dire qu’il s’agit d’une sorcière et qu’elle s’en prend principalement aux enfants. Que se passe-t-il lorsque cette entité se retrouve propulsée dans un film américain au doux titre évocateur Don’t Knock Twice en VO ? On demande au réalisateur gallois Caradog W. James (réalisateur du film The Machine) de se coller derrière la caméra pour mettre en image cette nouvelle histoire de la sorcière, déjà transposée au cinéma notamment via le réalisateur Alexandre Rou. Ce qui n’est pas évident, c’est que ce film d’horreur sort en 2016 et des méchantes entités qui font du mal aux gens parce qu’ils font les cons, on en a déjà un certain nombre. Ce métrage va-t-il sortir du lot ? Va-t-on tressaillir ? Les créatures du monde entier n’en ont-elles pas marre de se taper à chaque fois le trajet jusqu’aux Etats-Unis ? Le moins que l’on puisse dire, c’est que certaines portes ne devraient jamais être ouvertes.

Artiste douée mais au lourd passé, Jess est en pleine relation conflictuelle avec sa fille de 17 ans, Chloé. Ne parvenant plus à instaurer un quelconque dialogue, c’est terrifiée que l’adolescente va se pointer un soir chez sa mère. Apparemment, elle aurait invoqué Baba Yaga en frappant à la mauvaise porte et maintenant, elle se retrouverait pourchassée par la vilaine sorcière. Jess n’en croit pas un mot, mais accepte que sa fille vienne vivre quelques temps chez elle. C’est alors que d’étranges phénomènes se déclenchent.

Jess (Katee Sackhoff) est une mère de famille peu heureuse. Même si son talent lui permet de vendre ses sculptures une fortune, qu’elle est mariée à un homme sympa et aisé, et qu’elle vit dans une magnifique demeure, n’en reste qu’il lui manque un élément crucial ; l’amour de sa fille. L’actrice, déjà vue dans le rôle de Kara Thrace dans Battlestar Galactica, est une habituée des films d’horreur (Halloween : Résurrection, The Haunting in Georgia, Oculus). Pourtant, on ne sait pas vraiment pourquoi, mais la mayonnaise ne prend pas. Aucune empathie, si ce n’est sur la fin du métrage où le personnage commence un peu à s’émanciper.

Chloé (Lucy Boynton) en n’a carrément rien à schtroumpfer de sa mère. Cependant, être poursuivie par une entité maléfique, ça peut aider dans les relations. C’est ainsi que mère et fille devront faire front ensemble, l’adolescente se rendant compte que sa génitrice n’est peut-être pas si « out » que ça. Rôle dans le ton pour cette jeune actrice qui a déjà quelques passages à l’écran à son actif.

Au casting, on retrouvera également Richard Mylan, Nick Moran et Jordan Bolger. Tout cela ne serait pas complet sans mentionner la présence de Javier Botet interprétant la créature du titre de même que le personnage de Mary Aminov. Célèbre depuis son apparition en Tristana Medeiros dans le film espagnol [REC], on peut compter sur lui pour jouer les monstres terrifiants. C’est déjà ça.

Linéaire et convenu, Baba Yaga l’est assurément. Du moins dans sa majeure partie où l’on suivra les standards du cinéma horrifique tels qu’on les connaît et reconnaît. Des jeunes se racontent une histoire au sujet d’une vieille maison habitée récemment par une sorcière. Il ne faut pas frapper deux fois à la porte sinon, elle viendra te chercher pour t’emmener dans son univers sombre et terrifiant. Pas chiards, les ados en question s’empressent de frapper deux coups à l’entrée de la maison. Quand il s’agit de lancer des malédictions « sans faire exprès » ou parce que « on ne savait pas », ils sont fortiches, ces jeunes inconscients.

Puis démarrent les apparitions de Baba Yaga et surtout une focalisation de la relation mère-fille entre Jess et Chloé. Dans le monde de l’horreur, un drame familial intensifie toujours l’aspect terrible et transmet une sensation de mal-être, permettant également une meilleure profondeur du métrage et de nouvelles sous-intrigues intéressantes. Ici, ça tombe un peu à plat vu que l’on attend aussi un peu de cohérence et d’empathie.

Du coup, mère et fille entretiennent une relation difficile mais ne sera pas suivie outre mesure avec un intérêt certain. Les drames familiaux font parfois mouche (Mister Babadook, Before I Wake) et quelques fois, on ne peut s’empêcher de se demander ce que fout Baba Yaga à traîner autant pour venir en finir une fois pour toute. Dommage, car l’osmose spectateur-personnages ne se fait pas.

Et puis, c’est sur les dernières minutes que tout se joue. Si le scénario reste très linéaire et prévisible, c’est sur la fin qu’il va nous surprendre, nous offrant non seulement un twist, certes un peu prévisible mais bienvenu, et également en clôturant le métrage sur une métaphore de la relation entre les deux femmes qui, je fois l’avouer, était fichtrement bien vu. Mais voilà, on ne tape le sympa que dans les derniers mètres avant la ligne d’arrivée.

Il nous reste Baba Yaga, sorcière de son état, et entité maléfique kidnappeuse d’enfant dans ses loisirs. Javier Botet fait littéralement vivre la créature (comme dans chacun de ses rôles) et ses apparitions seront empreintes de tension et de sursauts. On voit la chose venir bien des fois mais on est content qu’elle arrive, permettant un peu d’horreur pour un film du même nom. Sans nous faire changer de caleçon toute les deux minutes, cela reste tout à fait correct.

Reste le ressenti global du film, pas terrible, terrible. Pendant le générique de fin, on en vient à se dire que de faire frapper tous les personnages aux portes seulement deux fois pour instaurer un climax de stress n’était pas foncièrement une bonne idée. Et puis, pourquoi Baba Yaga s’est-elle entichée d’une personne allant vivre aux Etats-Unis ? Pourquoi ne pas filmer la créature dans son milieu naturel ? Et puis, deux jours plus tard, on en vient à chercher le titre de ce film parlant de portes et de sorcière sans parvenir à le retrouver.

Sympa pour se passer le temps, Baba Yaga n’apportera pas une révolution horrifique hors normes. On retrouvera avec plaisir Javier Botet et on sera surpris de ne s’ennuyer que moyennement, mais on n’a absolument pas envie d’ouvrir la porte après avoir entendus deux coups sourds en émaner. Pas par peur, mais par lassitude. Heureusement, les dernières minutes nous prouvent que le temps dépensé n’était pas totalement perdu. Conseillé à ceux qui kiffent la vague horrifique de ces dernières années et ne cherchent pas vraiment de surprises. Il s’agit simplement de passer un moment avec un petit film sympatoche mais pas gravé dans le marbre. Et mettez-vous à ne frapper que deux fois à la porte avant d’entrer dans une pièce ; on ne sait jamais, si quelqu’un à vu le film.

Elle ne connaît pas le principe des sonnettes, la mère Yaga ? 

Derniers commentaires

13.06 | 05:23

Merci pour le concours

03.04 | 19:28

Merci, bonne soirée à tous. 😊🍀

22.03 | 14:38

super

22.02 | 21:57

En effet cher Critiker 😉 très bonne critique du film, qui me rappelle une discussion... devant la salle du ciné 😅 Mark Wahlberg si j'ose (il manque pas d'air le Beep... Enfin si, mais là c'est Mark)😱

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