Ils n'ont pas peur du noir

Quand je dis « Ils », je parle bien entendu du titre du film en VO, à savoir They. Dans ce métrage, on retrouve une peur ancestrale ; celle du noir. Combinée avec une vague de terreurs nocturnes dans la jeunesse des protagonistes et de vilaines bébêtes pas jolies, on a moyen d’avoir quelque chose de pas mal. Le réalisateur Robert Harmon a déjà été aux manettes d’Hitcher (1986) mais aussi Cavale sans issue (1993) avec un certain Jean-Claude Van Damme. A la réalisation d’un film d’horreur, est-ce que ça va le faire ? Sorti en 2002, le film est-il toujours d’actualité ? Pensez-vous avoir assez de batteries et de piles pour survivre ? Dans l’obscurité, personne ne vous entend… non, en fait personne ne vous voit. ATTENTION : Cet article contient des spoilers

Julia (Laura Regan) est une jeune femme avec une chouette vie ; étudiante en psychologie, elle a un petit ami bien sous tout rapport, Paul (Marc Blucas), et fait régulièrement du sport. Tout lui sourit jusqu’au jour où un vieil ami à elle, Billy (Jon Abrahams) l’appelle pour lui demander de l’aide. Au milieu d’un café, complètement terrifié, il lui parle de créatures vivant dans l’ombre, un peuple des ténèbres qui le traque pour l’emmener dans l’obscurité. Avant que Julia ne puisse faire quoi que ce soit, Billy se tire une balle dans la tête. C’est le début des ennuis pour la jeune femme.

Protagoniste principale de l’histoire qui voit sa vie basculer dans les tréfonds des ténèbres, Laura Regan connaît déjà le genre thriller horrifique avec sa participation à My Little Eye la même année, puis dans Dead Silence en 2007. Ici, son personnage de future psychologue est un peu bancal dans son traitement (pas de jeu de mots), jouant également sur la carte du « on ne sait pas vraiment ce qui se passe dans sa tête » pour alpaguer le spectateur. Marc Blucas, le Riley Finn de Buffy contre les vampires, campe le rôle de Paul, le petit ami. Terre à terre, pragmatique, il est le plus équilibré de toute la bande, tant dans son comportement que dans l’écriture même du personnage.

Billy, joué par Jon Abrahams, pète l’écran en se comportant comme le plus dingue des zigotos ayant existé. Apparition courte, mais remarquée. On voit également Ethan Embry dans le rôle de Sam, ami de Billy, poursuivi par le peuple des ténèbres, tout comme sa copine Terry interprétée par Dagmara Dominczyk. Et pour son second rôle dans un long métrage, le temps d’une scène, nous avons la présence de Jodelle Ferland qui s’est notamment illustrée plus tard dans Tideland (2005) et Silent Hill (2006).

Même si le personnage de Paul a comme nom de famille Loomis, reprenant celui du médecin traquant Michael Myers dans Halloween, les personnages n’auront rien de foufou. Comme déjà dit, on surfe entre la réalité et le problème mental, essayant de nous prendre au piège dans la toile du « ce n’est pas ce que vous croyez », tout en évitant de trop parler en profondeur des personnages. Ils restent donc en surface, sans trop creuser. On sait par contre qu’ils ont un point commun, et pas des moindres ; ils ont tous soufferts de terreurs nocturnes dans leur enfance.

Les terreurs nocturnes ! Rien que le nom, ça fiche déjà la trouille, non ? C’est l’un des points centraux du scénario du Peuple des ténèbres. Les enfants ayant vécu ce traumatisme et ayant été marqués par les vilaines créatures, deviennent un mets de choix une fois adultes. Tout va se concentrer là-dessus, même si on ne comprend pas vraiment ce que ce petit peuple attend réellement des humains qu’ils traquent. Simplement les bouffer ? Ah… peut-être.

Côté fil rouge, il n’y a pas grand-chose à se mettre sous la dent, même pour un film de 2002. La mention en grand de « Wes Craven présente » n’augure rien de bon sur la qualité scénaristique du métrage qui se paume un peu dans l’obscurité. On évite de trop en dire sur les persos, on élague un peu les véritables raisons de tout cela et on tente de tenir le coup pendant une heure trente. Rien de nouveau, d’inventif ou de complètement novateur ; on reste bien dans les rails.

Pourtant, l’ambiance horrifique est bien présente. Parsemée de jump scares, certes, mais présente tout de même. On se surprend alors à sentir nos muscles se tendre à l’occasion de quelques scènes (l’introduction, l’accident de voiture, le métro, la scène finale) et on se dit que tout n’est pas perdu. Car s’il y a bien une chose qui fonctionne dans ce genre de film, c’est de prendre une peur ancestrale et de la combiner à l’histoire. Et la peur du noir est, sans doute, l’une des plus tenaces.

Les bestioles ne sont pas en reste. Avec un design croisant un démon et un guerrier arachnide de Starship Troopers, on obtient des créatures moches à souhait qu’on ne voudrait pas croiser dans la file d’attente du distributeur de bonbons. De plus, avec leur capacité à éteindre les lumières lors de leur arrivée, cela en fait de parfaits antagonistes, couplant la peur de l’obscurité avec celle de l’inconnu et, découlant de cela, celle de la mort.

Une histoire de peur, donc. Centralisant son métrage sur ce principe, Robert Harmon parvient à s’en tirer avec un concept peu novateur mais étonnamment prenant. Le peuple des ténèbres n’apparaît pas énormément à l’écran (et, soyons franc, on ne voit pas grand-chose) mais fait planer sa présence menaçante durant tout le film, réussissant tout de même à faire en sorte que l’on reste sur nos gardes.

Et c’est là que le bas blesse. On va osciller pendant une heure trente entre tension palpable et ennui significatif. La scène finale, même si elle possède une capacité à nous tétaniser sur notre canapé et reste indéniablement bien construite, n’apporte pas les explications nécessaires. Le générique commence et on se sent un peu bourru, comme si on venait de nous promettre quelque chose pendant 90 minutes et que ça ne venait pas. A noter que des fins alternatives existent dont l’une, ultra connue et reconnue, usant la notion du twist final jusqu’à la corde, apporte une explication complète et cohérente, bien qu’insatisfaisante.  

Le Peuple des ténèbres vous fera sursauter quelques fois et parviendra même à vous faire douter du bien-fondé de l’obscurité. Cependant, c’est la seule chose à retenir du film, les personnages et le scénario ne parvenant pas à trouver l’interrupteur. Conseillé à tous ceux qui aime avoir peur alors qu’ils ont encore la trouille du noir et aux fans de créatures belliqueuses sortant du recoin d’ombre de votre salon. Il reste un film ayant son petit monopole horrifique et ça, c’est déjà bien.

Bon, sans déconner, il n’y en a pas un d’entre vous qui pourrait me prêter une lampe torche pour ce soir ? 

Derniers commentaires

13.06 | 05:23

Merci pour le concours

03.04 | 19:28

Merci, bonne soirée à tous. 😊🍀

22.03 | 14:38

super

22.02 | 21:57

En effet cher Critiker 😉 très bonne critique du film, qui me rappelle une discussion... devant la salle du ciné 😅 Mark Wahlberg si j'ose (il manque pas d'air le Beep... Enfin si, mais là c'est Mark)😱

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