La vérité, toute la vérité

La maison de production Blumhouse n’est plus à présenter pour les aficionados du genre horrifique. Avec son lot de films allant de Paranormal Activity à American Nightmare en passant par Insidious, Jason Blum manie bien la peur, parfois même très bien… et parfois en mal. Dans Action ou Vérité, on reprend un postulat tout simple qui est celui de transformer un jeu à priori banal en course contre la montre effrénée afin d’éviter une mort des plus atroces. A ne pas confondre avec le film éponyme de 2012 réalisé par Robert Heath, l’action de 2018 est mise en image par un certain Jeff Wadlow, déjà connu pour Cry Wolf (2005), Never Back Down (2008) et Kick-Ass 2 (2013). Qu’est-ce que donne le film ? Va-t-on renier les jeux adolescents après son visionnage ? Action ou vérité ? A vous de choisir… mais il arrive parfois que les règles peuvent changer. ATTENTION : cet article contient des spoilers

Olivia (Lucy Hale) et sa bande de potes partent pour un dernier Spring Break avant la fin de leurs études. Afin de conserver un souvenir mémorable de ces derniers moments ensemble, ils se tirent au Mexique pour une semaine de folie. Là-bas, Olivia rencontre Carter (Landon Liboiron) et n’est pas insensible à son charme. Ils terminent tous ensemble la soirée par une partie d’Action ou Vérité dans un ancien monastère et c’est là que les choses dérapent ; le jeu est maudit et la malédiction va suivre la bande d’amis jusqu’à leur retour chez eux. C’est, comme vous pouvez bien le penser, le début des ennuis.

La mise en place du film se fait gentiment avec la présentation des différents personnages, Olivia en tête de liste. Altruiste, gentille, gentille et gentille, l’actrice de Pretty Little Liars se débrouille bien dans son rôle. Elle fait donc partie d’une bande d’amis qui sont des standards même de personnages de films d’horreur ; la brune intelligente et généreuse (Olivia), le beau gosse gentil (Lucas/Tyler Posey), la blonde un peu chaudasse (Markie)/Violett Beane), le pote homo (Brad/Hayden Szeto), le carré d’épaules et sûr de lui (Tyson/Nolan Gerard Funk), la copine presque invisible (Penelope/Sophia Taylor Ali) et le casse-couille hyper porté sur le trempage de biscuit (Ronnie/Sam Lerner).

Toute cette petite troupe possède une osmose sympathique et les rôles s’accordent bien entre tous. Cependant, nous restons dans une droite ligne de ce que l’on peut trouver et les caractéristiques des personnages sont ce qu’elles sont ; standards. On n’éprouve pas vraiment d’empathie envers eux et leurs soucis quotidiens (bien qu’ils puissent être conséquents, à l’instar du terrible secret d’Olivia) ne nous concernent pas plus que ça, faute à une profondeur des personnages relativement bâclée. On en sait beaucoup sur eux mais ça reste clairement en surface.

On va donc se tourner du côté du scénario, car après avoir présenté les protagonistes via un générique agrémenté de quelques photos et vidéos de vacances, on va entrer dans le vif du sujet avec l’argument principal du film ; le jeu d’Action ou vérité. Embarqué par Carter dans un ancien monastère, le jeu prend une tournure étrange quand on voit l’affection de l’hôte de la soirée pour les règles. Ces dernières sont simples ; il est impossible de quitter le jeu, de ne pas dire la vérité ou de ne pas effectuer une action sous peine de… mort.

C’est dans cette facilité que le film est bien vu, ne cherchant pas à compliquer les choses avec une liste incroyable de règles, bien que ces dernières changent en cours de route pour pimenter la partie. La petite troupe va donc se retrouver piégée dans un terrible jeu où l’apparition du visage déformé d’un ami susurrant « Action ou Vérité » est signe que les choses vont vraiment devenir pénibles.

On assiste alors à une partie grandeur nature où l’on peut s’attendre à tout. Dans le contexte du film, toutes les vérités ne sont pas bonnes à dire (la mort du père de Markie, l’homosexualité de Brad, les vrais sentiments de Lucas) et les actions sont de plus en plus ardues (montrer son « matos » en public, briser la main d’une amie, faire le tour d’un toit en descendant une bouteille d’alcool). C’est dans ce rythme et dans les idées qui émanent du démon du jeu que l’intérêt du film peut prendre un sens.

Car le scénario en lui-même est de l’ordre du fil rouge absolu duquel on ne déroge pas ; présentation des personnages, début des ennuis, tentatives de trouver des solutions, mort d’une bonne partie du casting, retour aux sources pour découvrir la vérité, confrontation finale, twist, fin. Oui, pratiquement tous les films d’horreur son basés sur ce principe mais dans celui-ci, l’effet est assez flagrant pour être souligné, à tel point que l’on sait ce que vont faire les personnages dans la scène suivante. Les idées concernant le jeu restent donc les seules choses non prévisibles dans ce métrage et parviennent même parfois à nous étonner.

Bien que l’action de contraindre des gens à faire des choses folles soit déjà usitée au cinéma (notamment avec l’excellent 13 Sins, également des productions Blumhouse), Action ou Vérité met une touche surnaturelle dans son histoire pour tenter de nous coller quelques miquettes… ce qui est un échec total. On ne peut pas appeler ce métrage un film d’horreur pour la simple est bonne raison qu’il n’y a rien de concrètement horrifique. Les visages déformés peuvent donner un sentiment de malaise, tout comme les vérités ou actions décidées par le jeu, mais cela va s’arrêter là. Aucune tension durant l’intégralité du film, malgré un rythme tout à fait correct.

Même dans son dénouement, on en arrive à une sombre et ancienne histoire de démon appelé et qui n’a jamais voulu repartir, possédant le jeu pour rester dans notre monde. L’idée est standard, simple, avec un sentiment de déjà-vu affligeant, mais elle reste cohérente avec le métrage. Heureusement, la dernière scène parvient tout de même à nous scotcher et l’on se dit qu’au fond, une partie de cette ampleur-là vaudrait presque un deuxième opus.

Les thématiques du film sont variées mais principalement axées sur le passage à l’âge adulte (comme c’est bizarre) et également sur la communication dans une famille ou entre amis. Les secrets cachés au plus profond de chacun deviennent de véritables bombes à retardement, dévastant des vies lorsqu’ils sont révélés. Les personnages effectuent des actions qui ont des conséquences, tout comme la terrible finalité de l’acte désespéré d’Olivia qui aura des répercussions à grande échelle. Pas facile de grandir.

Action ou Vérité reste extrêmement soft dans son approche du genre horrifique, pouvant plus être qualifié de thriller rodé que de film d’horreur. Pourtant, malgré des personnages convenus, un scénario ultra-banalisé et des séquences « trouille » inexistantes, le rythme est plutôt bon et on ne s’ennuie pas. Regarder un film comme celui-là donne une petite bouffée d’air frais et il devrait certainement plaire aux nouveaux venus dans le genre horrifique ainsi qu’à tous les fans absolus des productions Blumhouse. Pour ma part, ne pas se prendre la tête lors du visionnage d’un film, ça fait parfois du bien.

Alors, action ou vérité ?  

Derniers commentaires

13.06 | 05:23

Merci pour le concours

03.04 | 19:28

Merci, bonne soirée à tous. 😊🍀

22.03 | 14:38

super

22.02 | 21:57

En effet cher Critiker 😉 très bonne critique du film, qui me rappelle une discussion... devant la salle du ciné 😅 Mark Wahlberg si j'ose (il manque pas d'air le Beep... Enfin si, mais là c'est Mark)😱

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