C'est beau cette neige sur la télé

Une creepypasta est une histoire horrifique se rapprochant de la légende urbaine, mais principalement diffusée sur Internet via divers formats (audio, vidéo, forum, etc.). Nous en trouvons des célèbres (Slenderman, Jeff the Killer) et d’autres plus anonymes. En 2009, Kris Straub, un créateur de webcartoon, publie la creepypasta Candle Cove sous forme d’une discussion de forum où les divers intervenants se souviennent d’une émission étrange qui passait durant leur enfance. Il s’agissait d’une histoire de pirates, incluant un poupon, un personnage moustachu bizarre et un squelette surnommé le Skin-Taker (le preneur de peau). Chaque épisode grouillait de détails sordides et au fil de la discussion, l’on apprend que les parents des enfants ayant vu cette émission s’étonnaient de constater que leurs bambins se trouvaient devant un écran brouillé. Considérée comme l’une des meilleures creepypastas existantes, c’est en 2016 que Nick Antosca prend cette histoire pour la base d’une nouvelle série : Channel Zero. Cet auteur de romans de fiction a déjà été présent sur l’adaptation de séries comme Teen Wolf ou encore Hannibal.L’entièreté de la saison 1 de Channel Zero est consacrée au récit de Kris Straub. Cela va-t-il nous guérir définitivement de la télévision ? Faudra-t-il changer de chaîne ? Et vous, vous rappelez-vous des épisodes de cette émission dérangeante lorsque vous étiez enfant ? Des réponses, sans doute, dans ce qui suit. ATTENTION : cet article contient des spoilers

Mike Painter, un psychologue pour enfants, revient dans sa ville natale après 30 ans d’absence. Il y retrouve sa mère, Marla, et ses amis, Jessica et Gary, maintenant mariés avec des enfants. Lors d’une soirée, ils se mettent à reparler de cette étrange émission, Candle Cove, qu’ils ont tous vu étant enfants. Mike se demande si l’émission en question n’aurait pas un lien avec la série de meurtres perpétrés en 1988 et la disparition de son frère jumeau la même année. L’angoisse va monter d’un cran quand il va se rendre compte que la fille de ses amis, elle aussi, regarde Candle Cove à la télévision.  

Mike Painter (Paul Schneider) semble à la fois terriblement terre à terre et délicieusement timbré. Menant l’enquête pour découvrir la vérité sur le lien entre Candle Cove et les horreurs de son passé, il va se retrouver confronté à une horrible réalité qu’il a préféré occulter durant des années. Une belle prestation en somme. Sa mère, Marla (Fiona Shaw) espère toujours que son autre fils reviendra un jour. Impeccable dans ce rôle, l’actrice qui n’en est plus à ses débuts (Harry Potter, Le Dahlia noir, True Blood) parvient à nous émouvoir et à défoncer l’écran comme il faut. Jessica Yolen (Natalie Brown) est l’amie d’enfance de Mike, mariée à Gary (Shaun Benson). La jeune femme, adepte des séries télé (récemment Being Human, The Strain et Dark Matter) est à l’aise dans le rôle de la femme retrouvant son amour de jeunesse et aux prises avec des forces qui la mèneront vers un destin relativement tragique. Le mari, quant à lui, s’imprègne bien du personnage déterminé, représentant de justice, naviguant en eaux troubles quand aux démarches à entreprendre vis-à-vis de Mike.

A cela, il faut ajouter Frances Booth (Marina Stephenson), la prof un tantinet cintrée, permettant l’insertion d’un personnage hors normes et passablement terrifiant. Eddie Painter et son frère jumeau Mike, lors de leur jeunesse, sont tous deux joués par le jeune Luca Villacis, à la fois glaçant et touchant. Dans l’ensemble, les enfants jouent impeccablement bien leur rôle et l’on attend avec impatience de voir quelles conséquences découleront de leur visualisation de Candle Cove. Un beau casting dans cette première saison ainsi que des prestations tout à fait honnêtes.

Vu qu’il n’y a pas une ribambelle de personnages, nous ne nous perdrons pas en convention et cela permettra d’aller relativement en profondeur pour chacun d’entre eux, le tout aggloméré dans un scénario principal s’effilochant d’épisode en épisode. On démarre très fort cette saison avec une scène d’introduction prenante, troublante, nous mettant immédiatement en condition. L’atmosphère semble être instaurée et continuera dans la suite de ce début. Le retour de Mike dans sa ville natale, sa rencontre avec ses anciens amis, l’énonciation de l’émission Candle Cove, l’intrigue sera menée intelligemment… du moins dans un premier temps.

Au fur et à mesure de l’avancée de la série, on commencera à trouver le temps plus long. Certains dialogues instaurent certes une ambiance pesante, mais s’écoulent relativement lentement. Quelques longueurs sont également à mentionner, nous donnant envie d’accélérer le rythme. Puis, viendra le temps des révélations et du dénouement… ne convaincant pas des masses le spectateur. L’émission pour enfants Candle Cove perdra alors de sa superbe, ne cherchant pas une explication compliquée à sa création, mais ne faisant pas non plus l’effort de convaincre.

L’idée de base de prendre une creepypasta pour la mettre en scène dans une série est géniale. On voit également que le créateur et les scénaristes connaissent bien le domaine horrifique. Le petit Eddie et ses pouvoirs m’ont bizarrement faits penser à Looper et son Maître des pluies. Et puis, il y a cette incursion finale dans le monde du garçon, formidable par son visuel et sa tension, basculant dans une structure à la Silent Hill (l’enfant, le lit, les monstres). Hommage ? Hasard ? Dans les deux cas, on retrouve des sentiments déjà expérimentés lors du visionnage d’autres métrages, et c’est une bonne chose.

La tension est bien maîtrisée et permet de rester croché à notre écran, étalant sous nos yeux ébahis des scènes réellement horrifiques ! Car si Channel Zero est bien quelque chose, c’est une série d’horreur. Entre les sursauts, la maîtrise de l’ambiance et le bestiaire (qui n’a justement rien à envier à Silent Hill, stand up pour Monsieur-je-suis-fait-de-dents), on a de quoi faire durant les six épisodes du déroulement de l’intrigue.

Que ce soit dans la scène d’introduction (simple mais efficace) ou celle dans l’épisode final (glauque et prenante à souhait), l’implication horrifique est effective. Les acteurs mènent leur barque pour coller au décor, donnant un aspect à la fois froid et poisseux au tout, ce qui devait être l’effet recherché. Il y a aussi la présence des enfants, s’amusant comme s’ils déambulaient dans Les Révoltés de l’an 2000, le coup de la pinata en moins. Bien que l’on ressente l’impression de se retrouver dans un film où les mioches s’en prennent aux adultes, on reste centré sur Candle Cove… et c’est ça l’essentiel.

Candle Cove, cette étrange émission se retransmettant via des images brouillées sur l’écran de télévision, sera au centre de l’intrigue… mais se verra peu développée dans l’axe final, devenant une excuse pour le comportement malsain des enfants. Extrêmement bien fichue lorsqu’elle passe sur les différents postes de télé présents dans la série, cette retransmission met mal à l’aise par son aspect enfantin, inquiétant et carrément décalé par rapport à son public. Mieux encore, les interventions des différents personnages dans le monde réel seront les bienvenues, ajoutant du mal-être à notre comportement de spectateur… pour notre plus grand plaisir. L’insertion de la petite musique de l’émission à certains moments parvient à nous coller des frissons et à nous faire baigner pleinement dans cette ambiance bizarre.

Bourrées de bonne idée, détenant un visuel et une image toute particulière, Channel Zero se déroulera sur six épisodes d’environ 40 minutes avant de nous finaliser le tout avec une explication un peu bancale et, admettons-le, peu surprenante. Les dernières scènes nous montrerons pourtant ce que nous étions venus chercher ; la fin d’une partie de cartes et le fait que, maintenant, quelqu’un pourra se tenir près du poste de télévision pour empêcher Candle Cove de faire de nouvelles victimes.

Intelligente dans sa manière d’être présenté, bancale dans son explication et magnifique dans son traitement d’acteurs et d’images, Channel Zero : Candle Cove est une bonne surprise horrifique. Transposer à l’écran une creepypasta (qui plus est sur six épisodes) est une excellente idée qui, malgré tout, se ternit un peu au fur et à mesure de son avancée. Dans l’ensemble, les amateurs d’horreur y trouveront leur compte, ainsi que les fans de creepypastas, pouvant revivre cette histoire d’une nouvelle manière. On ne s’ennuie pas complètement devant cette première saison et on attend de voir ce que nous proposerons les suivantes.

« Il faut que tu ailles à l’intérieur, Percy ! »

Derniers commentaires

13.06 | 05:23

Merci pour le concours

03.04 | 19:28

Merci, bonne soirée à tous. 😊🍀

22.03 | 14:38

super

22.02 | 21:57

En effet cher Critiker 😉 très bonne critique du film, qui me rappelle une discussion... devant la salle du ciné 😅 Mark Wahlberg si j'ose (il manque pas d'air le Beep... Enfin si, mais là c'est Mark)😱

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