Les feux de l'amour

Après deux opus bonnards et un troisième à reléguer au statut de déception absolue, un quatrième Wishmaster arrive directement en vidéo en 2002. Si le troisième film nous emmenait (soi-disant) au-delà des portes de l’Enfer, celui-ci est sous-titré La Prophétie réalisée. Ah, ce pourrait-il que les djinns parviennent ENFIN à débarquer sur Terre ? Pour le savoir, on demande à Chris Angel (toujours pas le magicien) de rempiler pour ce nouveau film au poste de réalisateur. Premier constat étonnant ; ce dernier opus possède plus de substance que Wishmaster 3 (pas difficile, me direz-vous). Quoiqu’il en soit, est-ce que ça reste une suite bas de gamme ? Est-il possible de le regarder sans saigner des yeux ? Le cœur à ses raisons que, parfois, la raison ignore. ATTENTION : cet article contient des spoilers

Sam (Jason Thompson) et Lisa (Tara Spencer-Nairn) sont dans une phase compliquée. Lui est paraplégique depuis un terrible accident et ne retrouve pas goût à la vie. Ne pouvant plus faire l’amour à sa petite amie, il pense que cette dernière à une liaison avec Steven (Michael Trucco), leur jeune et dynamique avocat. Ce dernier offre une breloque d’antiquaire à Lisa et elle y trouve une opale de feu. Ni une, ni deux, le djinn (John Novak) est libéré et décide de prendre la forme de Steven pour parvenir à faire cracher les trois vœux à la jeune femme.

Le casting change encore par rapport au film précédent, ne conservant que John Novak dans le rôle du djinn en mode « vilaine créature ». Pour le reste du temps, le vilain génie est interprété par Michael Trucco, bien plus convaincant que son prédécesseur, mais moins qu’Andrew Divoff. Plus posé est patient, nous sommes à l’opposé du djinn présent dans le troisième opus qui se voulait… tonique. Face à lui, Lisa et ses problèmes de couple. Fauchée, peinant à retrouver la flamme avec son petit ami Sam, elle va irrémédiablement se faire avoir lentement mais sûrement par Steven, ou plus précisément le djinn. La jeune femme possède ici un rôle intéressant mais un peu bancal. Sam, lui, est carrément intéressant, bien que s’apitoyant rigoureusement trop sur lui-même, y compris dans les moments où cela ne serait pas nécessaire.

Les personnages présents dans le film sont un peu plus intéressant que dans le dernier en date, sans que cela soit stratosphérique. Disons que la situation fait que l’empathie fonctionne mieux, principalement à cause de la relation entre Lisa et Sam, et surtout par la présence d’un djinn plus fourbe que dans un proche passé. Le reste du casting se débrouille également, sans casser trois pattes à un génie de la lampe.

Côté scénario, on change à nouveau l’opale de feu de place, mais je pense qu’à ce stade, ça n’a plus aucune importance. Par contre, une nouvelle chose fait surface et c’est bien vu, du moins sur la forme ; le troisième vœu est formulé. Eh oui ! Après des années d’attente (que dis-je, des millénaires !), le djinn tombe enfin sur une personne capable d’énoncer un troisième vœu ! C’est génial ! La prophétie est accomplie et les djinns vont débarquer, occasionnant une explosion de saveur comme nous ne l’avons pas encore vu dans cette saga !

Tiens, non ? Eh bien, non ! Car le troisième vœu est bien énoncé (Lisa souhaite aimer Steven tel qu’il est… vraiment) mais fout clairement notre djinn dans la dèche. Car comme le disent ses potes de l’entre-monde ; un vœu est un vœu. Sauf que dans le cas présent, la seule personne pouvant faire en sorte qu’il s’exauce, c’est celle-là même qui l’a demandé. Tordu mais l’idée ne reste pas mauvaise.

Quoiqu’il en soit, nous n’aurons pas d’armée de djinns débarquant pour nous en mettre plein la vue. Pour ce coup-là, c’est râpé. Il reste encore le fait de découvrir comment ce génie des souhaits va faire pour parvenir à ses fins. Et c’est là que le bas blesse, encore et toujours. La créature sanguinaire et millénaire s’humanise, semble devenir une sorte de prince charmant (ça ne vous rappelle pas un film avec une bête et une belle ?) et cherche activement à ce que Lisa lui sorte un « je t’aime » bien sincère.

On passe par des scènes de sexe inutiles et on tombe dans le nawak sur la fin, voire carrément le mièvre. Technique infructueuse de drague, poussant notre djinn dans le paroxysme du ridicule, allant même jusqu’à demander l’aide d’une amie de Lisa pour savoir comment faire pour s’attirer les faveurs de la belle ! Sérieusement, des millénaires sur sa carte d’identité et pas fichu de savoir comment on s’y prend ? Djinnou, allez, allez.

Par contre, quelques bonnes idées à noter, notamment celle du chasseur (Victor Webster). Statue attendant patiemment, le chasseur s’active quand un djinn ne parvient pas à finaliser un vœu. Il se met donc en chasse de la personne qui a réveillé la créature pour la tuer et ainsi démarrer un possible nouveau cycle de souhaits. Malheureusement, idée sous-exploitée dans le film, ne donnant lieu qu’à quelques scènes supplémentaires et saupoudrées d’une action cahoteuse. 

Tout comme dans l’opus précédent, les effets spéciaux restent surfaits. Il y a quelques instants qui valent l’os (le coup de téléphone de Steven, les djinns de l’autre dimensions) mais dans l’ensemble, c’est pas terrible, terrible. De plus, toujours pas de frissons au rendez-vous. Il n’y en a jamais vraiment eu dans la saga Wishmaster, mais les deux premiers films avaient au moins le culot de nous apporter un peu de fun. Ici, ce n’est clairement plus le cas.

Même les souhaits, qui sont toujours de la partie, ne semblent plus être sur le devant de la scène. Le fil rouge se suit malgré quelques longueurs, mais potentiellement, aucun moment absolument magnifique. On se croirait presque dans un téléfilm du vendredi après-midi, avec un démon souhaitant trouver l’amour d’une femme humaine et en faire sa reine. Disney aurait-il racheté la licence ?

Convenu, longuet, partant dans l’abus de morale concernant l’apparence physique et faisant un discours bancal sur l’amour, Wishmaster 4 n’est pas un franc succès. On s’ennuie pas mal, on attend une fin qui dépote mais qui n’arrive pas, et on se retrouve avec un métrage blindé de bonnes intentions mais ne parvenant pas à nous montrer autre chose que ses nombreuses lacunes. Si vous voulez boucler la franchise, regardez-le (surtout si vous avez survécu au numéro 3). Pour les autres, restez-en clairement aux deux premiers films et gardez celui-là sous le coude pour un dimanche pluvieux, en prévoyant tout de même quelques boissons énergisantes. 

Ah non, ce n’est pas Disney ; y’a du topless.  

Derniers commentaires

13.06 | 05:23

Merci pour le concours

03.04 | 19:28

Merci, bonne soirée à tous. 😊🍀

22.03 | 14:38

super

22.02 | 21:57

En effet cher Critiker 😉 très bonne critique du film, qui me rappelle une discussion... devant la salle du ciné 😅 Mark Wahlberg si j'ose (il manque pas d'air le Beep... Enfin si, mais là c'est Mark)😱

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