La dépendance dans le sang

Producteur exécutif sur plusieurs films horrifiques (Shutter, The Strangers, At the Devil’s Door), Sonny Mallhi connaît le genre. Scénariste et réalisateur à ses heures perdues, il est aux commandes de Family Blood sorti en 2018. Un pitch alléchant, des acteurs qui n’en sont pas à leur coup d’essai et la société de production Blumhouse en toile de fond, tout ça laisse à penser que nous devrions être en présence de quelque chose de sympathiquement effrayant. Quel est le constat final ? Ce film va-t-il nous rendre dépendant du cinéma horrifique ? Poser une ambiance et la maîtriser, est-ce la même chose ? Tout en gardant en tête que c’est dans l’excès que vient l’addiction, on se lance dans la critique. ATTENTION : cet article contient de potentiels spoilers

Ellie (Vinessa Shaw) est mère de deux adolescents ; Kyle (Colin Ford) et Kristen (Carson Meyer). Ancienne toxicomane, elle tente de suivre régulièrement ses réunions et de conserver son emploi en emménageant dans une nouvelle ville. Alors qu’elle recommence de sombrer dans ses anciens travers, elle fait la connaissance de Christopher (James Ransone), prisonnier d’une toute autre dépendance que la sienne… et qui va l’y faire plonger.

Après avoir été actrice dans bon nombre de métrages, dont le récent Clinical, Vinessa Shaw interprète ici une mère en plein déboires (aucun jeu de mots) qui peine grandement à faire passer ses enfants avant ses addictions (ses mots, pas les miens). Interprétation correcte bien qu’avec peu d’émotion. Ses enfants parviennent à transmettre un bon aperçu de la situation qu’ils traversent, bien que changeant facilement d’avis au sujet de l’état de leur mère. A noter que Colin Ford a joué récemment le rôle principal dans l’excellente série Daybreak.

Et James Ransone dans tout ça ? Malgré une filmographie bien fournie (dont le rôle d’Eddie Kaspbrak dans le récent Ça – Chapitre 2), le personnage intrigue dans les premiers instants pour retomber dans une latence qui frôle le surjeu. Une bonne surprise ? Meegan, interprétée par Ajiona Alexus, pleine d’émotion et qui parvient à nous convaincre… malgré peu de présence à l’écran.

Ce qui m’a surpris dans ce film, c’est son ambiance. En plus de faire porter le même prénom phonétique au personnage principal que celui du très bon Morse de Tomas Alfredson (2008), la scène du parc lors de la première « rencontre » entre Ellie et Christopher m’a clairement renvoyé à l’ambiance du film en question. Lieu désert, calme surnaturel, atmosphère étrange et tout cela avant une image qui surprend autant qu’elle donne froid dans le dos.

Tout le film se déroule de la même manière ; ambiance posée, tranquille, genre on ne va pas trop faire de vague. Quelques exactions sanguinolentes viennent ponctuer le tout, sans exagérer. Ben oui ; entre le titre et le fait que nous nous trouvions dans un film de vampires, même si Christopher ne blaire pas ce mot, il fallait bien en faire un minimum.

Cette atmosphère feutrée permet de bien s’intégrer au métrage, mais également de s’ennuyer fermement si on ne prend pas garde. Là où l’on s’attendait tout de même à un débit sanguin trash pour intensifier le sujet principal, on reste dans des standards tout à fait corrects sans dépasser la ligne rouge.

Le montage est parfois un peu foutraque et on peine à saisir réellement la coexistence de ce que sont en train de faire les protagonistes au même moment dans des scènes différentes. Cela est-il dû au sujet traité ? Car s’il faut bien laisser une chose à ce film, c’est bien son cheval de bataille ; la dépendance.

Dans le groupe de réunion d’Ellie, on ne parle pas précisément de sa dépendance car elles se valent toutes. L’approche du film, mettant en avant l’acharnement dont il faut faire preuve pour s’en sortir et le risque de sombrer dans une autre addiction pour remplacer la première, est bien imagée et utilise le sujet du vampirisme avec intelligence et sérieux.

Malheureusement, cela ne vient pas rattraper le reste ; le métrage reste irrémédiablement peu attirant, ne nous faisant clairement pas sombrer dans un risque d’accroche dont on ne pourrait se défaire. Une ambiance intéressante mais sans développement et des personnages édulcorés semblant être perchés à des kilomètres du plateau de tournage ont raison de notre intérêt.

Cela nous amène à une fin où le bazar semble régner et où le constat ultime se borne à simplement recommencer un nouveau cycle. Laissant de côté certains aspects bancals du vampirisme et nous offrant somme toute une fin « humaine », on reste étonnamment sur notre faim en regardant les dernières images du film, cela dit sans oublier de nous coller un dernier petit frisson.  

Family Blood aurait pu être une véritable bombe. En parlant du sujet de la dépendance en y insérant la problématique du vampirisme, cela aurait pu donner un film d’horreur cossu et bourré de possibilités. En lieu et place de cela, il s’agit d’une tranche de vie qui ne parvient pas à décoller ni à nous faire réellement réfléchir sur cette problématique ô combien présente dans notre société.

Oui, oui, vous pouvez rouvrir un autre paquet de chips.  

Derniers commentaires

13.06 | 05:23

Merci pour le concours

03.04 | 19:28

Merci, bonne soirée à tous. 😊🍀

22.03 | 14:38

super

22.02 | 21:57

En effet cher Critiker 😉 très bonne critique du film, qui me rappelle une discussion... devant la salle du ciné 😅 Mark Wahlberg si j'ose (il manque pas d'air le Beep... Enfin si, mais là c'est Mark)😱

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