Tant Valak-ruche à la l’eau qu’à la fin elle se brise

Démon flippant sous les habits d’une nonne introduit dans Conjuring 2 : Le Cas Enfield ayant fait bondir pas mal de monde devant son écran en 2016, il n’en fallait pas plus à l’industrie cinématographique pour en faire un film à part entière. Ni une ni deux, on nous pond un scénario et on lance la production du métrage connu sous le nom de La Nonne. Extrêmement attendu car faisant partie intégrante de la saga Conjuring, ce métrage horrifique sorti en 2018 tient-il ses promesses ? La peur sera-t-elle au rendez-vous ? La piété peut-elle sauver le monde ? Pour répondre à ses questions, on demande à Corin Hardy de se lancer dans la réalisation de ce nouvel opus se déroulant cette fois-ci en 1952, faisant de lui chronologiquement le premier film de la franchise. Alors, Valak vaut-il l’os ? ATTENTION : cet article contient des spoilers

En 1952, un couvent en Roumanie connaît une nuit des plus agitées. Deux sœurs se rendent près d’une porte avec l’inscription « Finit hic Deo » (Dieu s’arrête ici) et l’ouvrent. L’une d’elle disparaît à l’intérieur et l’autre se suicide par pendaison depuis sa fenêtre. Le Vatican dépêche le Père Burke (Demián Bichir) sur place, épaulé par une jeune nonne, Sœur Irène (Taissa Farmiga). Arrivés en Roumanie, ils font la rencontre de Frenchie (Jonas Bloquet), un canadien expatrié qui va les conduire au couvent en question. Leur enquête va les mener à une confrontation avec le terrible démon Valak.

Un petit film d’horreur se combinant à l’univers de Conjuring, dépeignant (sans jeu de mots) une nonne démoniaque dans un couvent perdu en Roumanie ? Que demander de mieux ! Le début du visionnage est rempli de bonne volonté, d’attentes horrifiques et d’espoir. Et puis, plus les minutes avancent, plus je me rends compte qu’en fait, je suis en train de regarder ce qui se fait de plus standard dans le cinéma de genre, qui plus est pour un métrage de 2018.

Le problème ne vient pas nécessairement des acteurs. Demián Bichir déchire dans son rôle de prêtre chasseur de miracles. Ayant connaissance des supercheries innombrables existantes comparées aux réels miracles, il ne semble plus s’attendre à grand-chose et sa confrontation avec Valak va lui remettre les pendules à l’heure. Taissa Farmiga, mignonne et déterminée, développe un fort potentiel. Jonas Bloquet joue son rôle de Frenchie comme il se doit et Bonnie Aarons reprend l’habit de Valak qu’elle portait déjà dans Conjuring 2 : Le Cas Enfield.

Les protagonistes jouent donc leurs personnages mais l’histoire de ces derniers reste cruellement au point mort. Sœur Irène semble être une personne loin de la conventionalité des nonnes ordinaires et se transforme en parfaite sœur dès son arrivée en Roumanie. Le passif du Père Burke est effleuré et utilisé, mais on ressent peu de profondeur. Le canadien du secteur possède un fond d’Indiana Jones à ses heures perdues. Et pourquoi Valak est-il aussi méchant ? Parce que. Même le passif de Sœur Irène avec ses visions est d’un conventionnel absolu, ne jouant jamais sur la notion de la remise en question par rapport à son pouvoir, mais utilisant ce dernier uniquement à des fins scénaristiques.

Parlons un peu du démon car il faut laisse une chose au métrage ; son méchant envoie du lourd visuellement. Sa première apparition dans Conjuring 2 : Le Cas Enfield a déjà filé pas mal les chocottes à moult monde. Ici, le design du démon est respecté et chacune de ses apparitions dresse notre épine dorsale de par un visuel simple mais accrocheur du monstre tapi dans les profondeurs de l’obscurité. Un retour à nos peurs d’enfants où l’innocence (l’habit de nonne) et l’horreur (le visage démoniaque) se confronte pour donner un méchant visuellement guindé à l’instar d’un certain Ça, usant d’un même mélange.

Les acteurs ont beau faire leur travail et le méchant à beau avoir un design particulièrement terrifiant, n’en reste qu’on s’ennuie ferme. Et voilà, c’est dit ! Le scénario est convenu, linéaire et ne comporte pas de surprises particulières. Les enquêteurs se baladent dans un couvent radicalement vide, prennent leurs aises le temps d’une soirée et se confrontant à la bête le lendemain, le tout saupoudré de quelques sursauts (un seul pour ma part) et d’apparitions standards déjà vues et revues dans les films de genre.

Certains plans permettent une augmentation de la tension, notamment le jeu subtil avec le spectateur lorsque le mal est dans le cadre mais que le protagoniste ne le voit pas. Cependant, ça reste discret et la tension ne monte pas d’un cran, sauf dans un sprint final trop court où on va méchamment ressentir les relents des films d’aventure de ces quarante dernières années. Comment va-t-on en finir avec le méchant démon ? En trouvant une relique sacrée permettant de le renvoyer en Enfer, tiens ! Notons que la relique en question est nettement plus facilement trouvable qu’un certain Charlie dans les livres du même nom.

Les minutes avancent, on commence à s’ennuyer et ce ne sont pas les quelques jump-scares mal placés qui vont réussir à remonter la tension. L’ambiance reste particulière dans ce grand couvent perdu au milieu de nulle part, mais son histoire est également extrêmement commune et le démon Valak s’en prend un méchant coup. Comment une créature aussi flippante visuellement peut avoir une histoire aussi plate et dénuée d’intérêt ? On en vient presque à être heureux du dénouement du métrage, sachant que notre démon du tableau va s’en sortir au vu de ce qui arrive aux époux Warren des années plus tard. D’ailleurs, ces derniers feront un caméo bienvenu en fin de métrage, faisant ainsi le lien avec l’univers de Conjuring.

Les interrogations qui auraient pu apparaître dans le film ne sont même pas mentionnées. Le manque de foi (on blaste ça avec l’histoire de la relique), la recherche de sa vocation (on fait changer le comportement du personnage à son arrivée en Roumanie et ça le fera), les intentions de Valak (il est méchant pis c’est tout) ou encore la notion de sacrifice (très juste, pour cela, la nonne du début fait son taf’ et de toute façon, tout le monde survit à la fin). Rien qu’un scénario facilement décelable et un lot impressionnant de scènes d’épouvante déjà connues. A ce titre, le passage avec les nonnes au visage recouvert ne vous a-t-il pas fait penser immédiatement à un autre film ? Mais oui voyons ! Silent Hill et le coup des infirmières pardi ! Même structure de plan mais avec moins de panache.

« Le chapitre le plus terrifiant de l’univers Conjuring » d’après ce qui est noté sur l’affiche. J’ai effectivement été terrifié de voir qu’en 2018, on arrivait encore à faire des films avec une conventionalité affligeante. La Nonne ne s’impose pas comme étant un gros morceau de l’univers Conjuring. On y apprend les origines de Valak et… c’est à peu près tout. L’histoire en elle-même n’apporte pas de réelles réponses aux questions que l’on pourrait avoir sur le monstre et reste terriblement à plat.

Déambulations dans un couvent vide et pseudo confrontations avec un démon qui ne semble pas utiliser son plein potentiel ne font pas nécessairement un bon film d’horreur. Une suite serait en discussion et concernerait le lien entre Valak et Mme Warren, ce qui pourrait apporter de l’eau au moulin (sans cruche cette fois-ci) et permettre de rehausser un peu le ton. Quoiqu’il en soit, amateurs d’horreur, ne regardez ce film que pour avoir vu l’intégralité de l’univers Conjuring. Votre connaissance en la matière en restera intacte, sans nouveaux tressaillements particuliers. Pour que cela s’intègre pleinement à une saga horrifique bien rodée, on s’attendait quand même à mieux. Ma foi, la cruche s’est brisée.

Et le Duc adepte d’occultisme dont on parle dans le film, on creuse la question ou pas ? Valak ! Euh… balec !

Derniers commentaires

13.06 | 05:23

Merci pour le concours

03.04 | 19:28

Merci, bonne soirée à tous. 😊🍀

22.03 | 14:38

super

22.02 | 21:57

En effet cher Critiker 😉 très bonne critique du film, qui me rappelle une discussion... devant la salle du ciné 😅 Mark Wahlberg si j'ose (il manque pas d'air le Beep... Enfin si, mais là c'est Mark)😱

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