Un aperçu de l'humanité

Dans les films, il est plaisant de se demander ce que nous aurions fait à la place de certains protagonistes. Dans le cas de Circle, cela va même plus loin car il nous impose de nous mettre forcément à la place de l’un des personnages. On se surprend alors à se demander qu’elle aurait été notre réaction dans un pareil cas. Imaginez ; vous vous réveillez dans une pièce, entouré d’une cinquantaine de personnes, et vous devez choisir qui sera la prochaine à mourir. Flippant dites-vous ? C’est le métrage proposé par Aaron Hann et Mario Miscone qui sont également responsables du scénario pas piqué des hannetons. Présenté au Festival international du film de Seattle en 2015, ce métrage ne vous laissera sans doute pas indifférent. On prépare ses bulletins de vote et on passe à la critique. ATTENTION : cet article contient des spoilers

Cinquante personnes se réveillent dans une pièce fermée. Elles se trouvent toutes en cercle et toutes les deux minutes, l’une d’elles se fait tuer par un rayon lumineux venant du centre de la pièce. Impossible de sortir du cercle dans lequel elles se trouvent ou de s’enfuir. Rapidement, elles se rendent compte qu’elles peuvent voter pour déterminer qui sera le prochain à mourir. C’est le début des manipulations, des mensonges et des joutes verbales pour rester en vie.

Là, il faut le dire, le film fait fort. A part une séquence finale à l’extérieure, tout le reste se déroule dans une seule et même pièce avec cinquante protagonistes. Le métrage démarre, on se demande ce qu’on fout là et BAM, l’un d’entre eux se fait griller par un laser émanent du centre de l’endroit. Tout en se grattant la tête, on se demande sur quel type de film on vient de tomber et là, plus on avance, plus les choses deviennent claires. Enfin… j’y reviendrai.

Le principe du film est extrêmement simple et il n’a pas fallu creuser trop loin pour avoir le lot de cinquante personnes dans une même pièce. La seule actrice connue que l’on peut repérer rapidement est Julie Benz (Buffy contre les vampires, Dexter) qui va tout de même tenir un certain temps. Pourtant, malgré le fait que nous ne sommes pas en présence d’un casting en or massif, tout le monde se débrouille extrêmement bien, restant irrémédiablement humain, ce qui est principalement l’une des excellentes raisons de voir ce film.

Dans Circle, on le comprend vite, on peut déterminer qui va mourir grâce à un système de vote discret mais implacable. Pendant toute la durée du film, tous vont tenter de sauver leur peau d’une manière ou d’une autre. C’est surtout quand l’on voit qu’il y a une fillette et une femme enceinte dans le lot qu’on se dit que ça va partir en cacahuète à un moment donné.  

Les effets spéciaux ne sont pas légion au vu du scénario mais valent tout de même le coup, ne péjorant pas l’aspect étrange de ce film pour le moins atypique. Le design même de la pièce est hypnotique, sans doute un moyen de nous tenir en haleine durant la totalité du « jeu » afin de conserver nos mirettes rivées sur l’écran.

Je parlais précédemment de la clarté des choses et c’est là un aspect bizarre de Circle. Apparemment, tous les protagonistes auraient été enlevés par des extra-terrestres lors d’une invasion planétaire. Pourquoi se retrouvent-ils tous là ? Est-ce un test ? Un moyen de trier la population ? Un jeu sadique ? L’incursion des envahisseurs dans le scénario n’apporte pas réellement un plus et ne rien savoir du tout aurait conservé une touche de mystère complémentaire non sans en faire des caisses comme dans un certain Cube.

La fin du film laisse baba dans la manipulation des dernières personnes présentes sur le plateau. C’est précisément à cet instant que l’on se demande ce que l’on aurait fait de notre côté ; aurions-nous osés aller jusqu’au bout ? Comment aurions-nous déterminé notre stratégie pour nous en sortir ? Aurions-nous seulement pu faire quelque chose comme ça ? Les dernières images du film laissent cependant songeur quant au but de la personne survivante ; maître du jeu ou individu avide de victoire ?

Le métrage parvient pourtant à nous tenir en haleine d’un bout à l’autre et cela pour une raison très simple ; c’est terriblement humain. Sur toutes les personnes présentes dans la pièce, nous avons absolument de tout ; des jeunes, des vieillards (qui prennent d’ailleurs cher dès le départ), des hommes et femmes de tous horizons, bords ou religions. Les discussions vont donc passer par tous les thèmes de société possibles et imaginables.

Chacun y va de son discours et ce qui est intéressant, c’est que pratiquement tout va y passer. Il s’agit d’abord d’éliminer les personnes âgées car n’ayant plus tant de ces années que ça à vivre. On passe ensuite par quelques discours puritains dans le but d’occire les personnes d’origine différente ou encore les homosexuels. Cela monte à son paroxysme jusqu’à s’en prendre aux personnes sans enfants ou les célibataires, n’ayant personne qui les attend à la maison.

Circle développe bien sa spirale de thèmes quotidiens tout en présentant une foule de visions différentes de l’être humain. Ces gens dans la pièce, nous les croisons tous les jours au travail, dans la rue ou dans nos familles. Toutes ont un avis, un credo, une histoire, ce qui ajoute de l’eau au moulin du film pour justifier certains actes qui paraissent abjectes.

On en arrive au moment où des clans se forment afin de pouvoir supprimer les plus indésirables restants. Mais ce qu’il faut bien se rendre compte, c’est que même si un camp gagne, il faudra bien qu’il se sabre lui-même à un moment donné. C’est là que le mensonge et la manipulation deviennent des armes salvatrices, à l’instar de ce personnage discret qui ne dit rien et qui ne vote pas et que l’on retrouve à être présent dans les derniers individus restants en jeu.  

Vision de la société sur cinquante personnes dans une pièce de quelques mètres carrés, Circle est un film atypique où il ne faut pas se formaliser sur les explications manquantes ou encore le trou béant des véritables raisons de l’existence de cette étrange pièce. Il faut simplement le regarder en conservant le constat d’une société pour laquelle ça se passe ainsi tous les jours, le droit de vote en moins.

Et vous, qu’auriez-vous fait dans une telle situation ? 

Derniers commentaires

13.06 | 05:23

Merci pour le concours

03.04 | 19:28

Merci, bonne soirée à tous. 😊🍀

22.03 | 14:38

super

22.02 | 21:57

En effet cher Critiker 😉 très bonne critique du film, qui me rappelle une discussion... devant la salle du ciné 😅 Mark Wahlberg si j'ose (il manque pas d'air le Beep... Enfin si, mais là c'est Mark)😱

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