Zoom horrifique

Malgré la crise internationale liée à la pandémie démarrée en 2020, il faut avouer qu’il est possible de trouver de véritables perles dans les productions de cette année-là. Débarquant sur la plateforme de VOD Shudder en juillet 2020, Host est un de ces films qui englobe tout un contexte. Réalisé par Rob Savage en se basant sur une blague faite lors d’une conversation via l’application Zoom avec ses amis (), il créé ensuite un moyen métrage de 57 minutes sobrement appelé Host. Ce film vaut-il le coup ? Appeler les esprits pendant une discussion vidéo en ligne, est-ce dangereux ? Qui a éteint la lumière ? Autant de questions qui méritent une réponse ! On se connecte à la réunion et on se lance dans la critique.

En Angleterre, une bande d’amis se retrouve sur l’application Zoom pour essayer une nouvelle expérience ; procéder à une séance de spiritisme en ligne. Alors que la soirée semble se plonger dans un ennui profond, le non-respect d’une des participantes va avoir des conséquences horriblement tragiques.

Pour commencer, parlons un peu du métrage qui a initié Host. Enfin, quand je dis métrage, il s’agit plutôt d’une vidéo créée par Rob Savage alors qu’il tapait la causette avec ses amis sur la fameuse application Zoom, devenue extrêmement populaire au vu du confinement. Durant cette session, il prétexte un bruit dans son grenier et décide d’aller voir. Quelques effets et un extrait de [REC] plus tard, tous ses potes sont horrifiés. Tiens, ça pourrait faire une bonne idée pour un film, ça !

Et c’est ainsi que la plateforme Shudder accueille, quelques mois plus tard, le film Host. Ce dernier démarre gentiment avec l’utilisation de l’écran d’ordinateur en guise de plan pour le film, tout comme l’avait fait un certain Unfriended, via Skype, en 2015. Ici, pas d’esprit revanchard à proprement parler ; simplement une séance de spiritisme qui dérape.

On découvre donc les différents protagonistes se connectant à cette discussion en ligne ; Haley (Bishop), l’organisatrice de la soirée ; Jemma (Moore), la blagueuse du groupe ; Emma (Louise Webb), la combative ; Radina (Drandova), fraîchement en couple ; Caroline (Ward) appréhendant grandement la séance ; Teddy (Edward Linard), le boute-en-train ; et Seylan (Baxter), la médium invitée pour l’occasion.

Une fois tout ce petit monde en ligne, la séance peut commencer. Alors que l’amusomètre est loin de péter l’échelle, Jemma se permet une petite blagounette déclenchant malheureusement l’ire de l’esprit rôdant dans les parages. Commence alors une terrifiante suite de phénomènes paranormaux pour chacun des participants, les poussant dans les lointains retranchements de l’horreur à l’état brut.

Allant crescendo jusqu’à un final certes conventionnel mais cohérent, le film se termine sur la page principale de la session Zoom, nous présentant intelligemment l’équipe du film directement grâce à l’interface de l’application. Voilà, on vient de passer 57 minutes de pure terreur. Pourquoi ? Explications.

On se retrouve devant un métrage horrifique tout ce qu’il y a de plus « normal » ; une session entre amis sur le web (tout comme dans Unfriended), une séance de spiritisme qui tourne mal (ben oui, sinon y’aurait pas de film), des jump scares prévisibles et parfois longuets (on a l’habitude) et une fin tirant la tension jusqu’au bout de la corde pour terminer le métrage, somme toute, banalement.

MAIS, il ne faut pas se fier aux apparences. Tout d’abord, la conception même du film est un tour de force. Le réalisateur Rob Savage dirigeait ses acteurs à distance et ces derniers ont géré, eux-mêmes, les effets spéciaux se déroulant sur leur session. De plus, une grande liberté a été apportée au script, permettant aux protagonistes d’improviser plusieurs fois à leur guise. Les réactions sont donc réalistes, pertinentes et cohérentes, ce qui fait du bien dans un métrage de genre.

Et il y a surtout le contexte. Le film se déroule pendant le confinement en Angleterre. Puisqu’il n’est pas possible de se retrouver pour faire tourner les tables, pourquoi ne pas le faire en ligne ? Le postulat de base est déjà sympathique mais si l’on prend en considération la situation pandémique qui déclenche ledit postulat, ça devient carrément intéressant.

Sans braver les interdits sanitaires (check du coude !), notre petite équipe se dresse pourtant contre une force démoniaque et invisible souhaitant apparemment leur mort. Un parallèle qui peut paraître capillotracté par rapport à la situation de confinement mais qui prouve une bonne dose d’intelligence dans le produit final. Il y aurait sans doute beaucoup de liens à faire entre le film et la situation réelle, ne serait-ce que par la demi-nationalité de celle par qui tout part en couille. Sérieux, je suis le seul que ça a interpellé ?

Le thème central est bien entendu la peur, viscérale, profonde, celle qui nous hérisse le poil face à une menace inconnue. Qui plus est, malgré les jump scares à rallonge et des situations que l’on pourrait qualifier de connues, le film gère admirablement bien les moments de tension ainsi que de trouille. A l’issue du visionnage, on se surprend à se demander ce qui pourrait se cacher dans l’ombre de notre couloir, la menace étant présente dans l’intimité même des protagonistes.

Les attaques de l’entité sont également à l’honneur car les effets sont bien foutus et nous prennent aux tripes. Qui plus est, il faut mentionner que les éliminations des protagonistes sont brutales et sans concession (une pensée émue pour Caroline). Apparemment, l’esprit appelé ne rigole pas avec la mise en scène morbide qu’il faut apporter aux différentes morts… et ça se voit.

Ce ne sont pas les conventionnalités ni les quelques minuscules incohérences (mais lâche cette tablette ; tu risques ta vie !) qui viennent péjorer l’ensemble frissonnant du film. Utilisant la technologie pour mieux faire ressortir une peur ancestrale de l’inconnu et du mal à l’état pur, le film réussit sa mission ; nous coller la frousse alors que nous sommes tranquillement installés sur notre canapé.

Host est impressionnant sur plusieurs points, assez pour qu’il en devienne un incontournable des amateurs du genre horrifique. Des acteurs libres de leurs mouvements et possédant chacun une casquette de scénariste/responsable des effets spéciaux/éclairagiste, des effets bien sentis, une tension omniprésente, des scènes brutales, ce fut une excellente session Zoom ! Merci à tous les participants !

J’ai rarement autant balisé sur les arrière-plans.

Derniers commentaires

13.06 | 05:23

Merci pour le concours

03.04 | 19:28

Merci, bonne soirée à tous. 😊🍀

22.03 | 14:38

super

22.02 | 21:57

En effet cher Critiker 😉 très bonne critique du film, qui me rappelle une discussion... devant la salle du ciné 😅 Mark Wahlberg si j'ose (il manque pas d'air le Beep... Enfin si, mais là c'est Mark)😱

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