Merci, Natasha

Bon, inutile de tourner autour du pot ; Marvel possède sans doute l’univers le plus complexe et le mieux organisé de toute l’histoire du cinéma et de la télévision. Pour preuve, alors que la phase III se terminait sur Spider-Man : Far From Home, la section suivante devait démarrer avec Black Widow, réalisé par Cate Shortland, un métrage centré sur le fameux personnage campé par Scarlett Johansson. Cependant, au vu de la situation internationale, le film s’est vu repoussé et c’est finalement la série WandaVision qui a débuté cette nouvelle phase.

Mais putain, qu’est-ce qu’on l’attendait ce film ! Enfin, on reprend les longs métrages du Marveliverse et ce n’est pas rien. En débarquant simultanément sur grand écran et sur la plateforme Disney+ en 2021, ce film va-t-il faire l’effet d’une bombe ? Est-ce que Marvel va continuer de nous bluffer ? N’y a-t-il pas eu un laps de temps trop long depuis notre dernier frisson cinématographique de la franchise ? On révise ses connaissances en russe et on se lance dans la critique. ATTENTION : cet article contient des spoilers

Après les événements de Captain America : Civil War, Natasha Romanoff (Scarlett Johansson) fuit les autorités et décide d’aller se planquer quelques temps. C’était sans compter sur l’envoi d’un étrange colis venant de sa sœur Yelena (Florence Pugh), également formée dans le bastion des Black Widow. Retrouvant sa frangine, Natasha va devoir renouer avec un passé lointain pour stopper une terrible conspiration et libérer les autres Black Widow du joug d’un terrible général.

Remettons les choses dans leur contexte ; vu ce qui arrive au personnage dans Avengers : Endgame, comment peut-on réaliser un film sur ce dernier ? Eh bien, facile ; on remonte dans le passé et on nous présente des événements se déroulant entre deux autres scénar’. Très habile, ce procédé permet de creuser un peu plus la personnalité de Natasha Romanoff, tout de même présente dans l’univers Marvel depuis Iron Man 2 en 2010. C’est bien sympa tout ça, vu que cette super-héroïne méritait clairement un arc narratif fixé sur elle.

C’est donc avec une délectation suprême que le film démarre sur un contexte politique tendu en 1995. Dans l’Ohio, Natasha, sa petite sœur Yelena ainsi que leurs parents, Alexei (David Harbour) et Melina (Rachel Weisz), sont des agents sous couverture qui doivent rapidement se carapater après avoir été repérés. Ils fuient donc les Etats-Unis pour rejoindre leur mère patrie, la Russie.

Puis, on bondit juste après les événements de Civil War, pour découvrir une Natasha perdue au milieu de nulle part. Alors que tout se passe bien, elle reçoit un étrange colis contenant des fioles d’un produit inconnu. Cet envoi lui vient de sa sœur, Yelena. Elle décide alors de prendre contact avec elle pour savoir de quoi il en retourne.

A partir de là, on traverse le globe à la recherche de la vérité tout en reformant l’équipe présente dans l’Ohio il y a 21 ans (donc en 1995). L’occasion de nous bluffer avec des séquences d’action bien fichues, notamment une évasion audacieuse, des courses-poursuites en plein Budapest et un final aérien dans une station au-dessus des nuages, rien que ça.

Puis, arrive le final, bien conventionnel comme il faut ainsi que la petite pointe de sel avec les scènes inter- et post-générique, de quoi nous donner l’eau à la bouche pour la suite… et nous révéler les véritables raisons d’écriture de ce film. L’on peut penser que ce métrage sert à mieux cerner le personnage de Natasha… mais à quoi bon vu qu’elle est passée de vie à trépas ? Non, ce film a bien un autre objectif.

Et ce dernier n’est pas des moindres ; nous présenter la nouvelle Veuve Noire, celle qui viendra après Natasha et qui pourra reprendre le flambeau avec tout autant de panache, j’ai nommé ; Yelena. Possédant un humour bien présent, une certaine distance avec les événements et, à la fin, souhaitant plus que tout venger la mort de sa sœur, cette nouvelle Black Widow promet pour les futures productions, notamment la série Hawkeye qui sortira fin 2021 sur Disney+.

Car Florence Pugh se débrouille admirablement bien dans le rôle de cette jeune femme tenace, aguerrie à toutes les techniques de combat et pour laquelle on ressent une certaine empathie. Est-ce que ça fonctionne aussi pour les autres personnages ? Eh bien, même si Scarlett Johansson reste la figure centrale du récit, on s’en détache un peu, sans doute par rapport à son destin dans Endgame. Cependant, l’actrice est (et restera) la Natasha Romanoff de l’univers Marvel, même si elle paraît ici un peu moins à l’aise en présence de sa « famille » :

David Harbour interprète Alexei, aussi connu sous le nom de Red Guardian, le Captain America de la Russie. Doté d’un humour parfois douteux et d’un ego aussi grand que la surface du pays susmentionné, il peut autant nous surprendre en bien que nous horripiler. Idem pour Rachel Weisz dans le rôle de Melina, que l’on peut connaître dans les comics sous le pseudo d’Iron Maiden. Alors que l’on pense le personnage complexe et profond, on est passablement déçu du résultat.

Et du côté des méchants, ça envoie du lourd au moins ? Nous avons Ray Winstone, interprétant le terrible général Dreykov. Ancienne cible de Natasha, il s’en est apparemment bien sorti et manie à la baguette le programme des Black Widow, non sans retirer toute forme de libre-arbitre aux jeunes femmes y participant. On pourrait le résumer en le présentant comme « un grand méchant de James Bond ». A ce titre, Natasha se mate un petit Moonraker des familles en début de film.  

On retrouve aussi Taskmaster, véritable machine à tuer capable de reproduire tous les mouvements de ses adversaires. Méchant pesant lourd dans le game de l’univers Marvel, le personnage semble ici passablement effacé bien que justement interprété par Olga Kurylenko.  

On peut également citer le passage de William Hurt dans le rôle du secrétaire d’état Ross, coursant activement Natasha à travers le monde, ainsi que O.T. Fagbenle interprétant Rick Mason, celui à qui l’on peut tout demander pourvu que l’on en ait les moyens.

Globalement, le casting est franchement sympa… mais les personnages sont passablement fades. Même Natasha, possédant tout de même, à la base, un charisme permettant de faire fondre une tonne d’acier en quinze secondes, ne semble pas vraiment à la hauteur. Pour le chant du cygne du personnage dans l’univers Marvel, c’est bien dommage.

Et que dire du scénario ? Eh bien… nous sommes dans une histoire faisant le lien entre deux films majeurs du Marveliverse. Du coup, ce que vit Natasha et sa famille dans ce laps de temps, c’est bien sympa… mais ça n’apporte pas vraiment d’eau au moulin dans cet univers. Il ne s’agit pas d’une origin story (quoique…), ni de la présentation d’une altération de la réalité de cet univers (comme dans la série Loki) et encore moins de la mise en chantier d’un événements majeur (comme ce que subit la Sokovie dans Avengers : L’ère d’Ultron). C’est un film… comme un autre.

Enfin, pas vraiment comme un autre vu qu’il permet de nous présenter celle qui va succéder à Natasha, c’est-à-dire Yelena. On pourrait donc considérer ce métrage comme une présentation de deux heures sur la relève du personnage de Black Widow au sein de l’univers Marvel. Alors, même si les scènes d’action sont sympas, qu’il s’agit irrémédiablement d’un film pop-corn et que l’on passe un très bon moment en le regardant, il ne fait pas l’effet des dernières productions Marvel.

Y a-t-il eu trop de temps entre Spider-Man : Far From Home et Black Widow ? Aurions-nous perdu l’envie de voir du Marvel ? Vu les prochains métrages en devenir, je ne pense pas ; il y a du très lourd qui nous attend pour la suite. Simplement, vu le contexte du film (dans son histoire et dans notre réalité), on dirait que les choses reprennent en douceur et c’est exactement le ressenti présent à la fin du visionnage.

Marvel s’est-il tiré une balle dans le pied ? Que nenni ! Même si ce métrage se trouve dans les moins bons que j’ai pu voir émanant de l’univers présent ici, n’en reste que c’est bel et bien un digne 25ème film de Marvel. Moins de punch, un humour moins drôle, des personnages moins attachants et un contexte plus compliqué, mais ça reste tout de même un Marvel.

Décevant sans être à renier, Black Widow porte bien son titre ; il s’agit non seulement de dire « Adieu » à Natasha Romanoff, mais également d’accueillir la petite nouvelle au sein de l’univers Marvel ; Yelena. Un métrage quelque peu bancal qui ne se hisse pas dans le haut du panier, mais qui nous présente deux Black Widow ; une qui sera toujours dans nos cœurs et l’autre que nous sommes impatients de découvrir.  

Démarrage pépère de cette phase IV. 

Derniers commentaires

13.06 | 05:23

Merci pour le concours

03.04 | 19:28

Merci, bonne soirée à tous. 😊🍀

22.03 | 14:38

super

22.02 | 21:57

En effet cher Critiker 😉 très bonne critique du film, qui me rappelle une discussion... devant la salle du ciné 😅 Mark Wahlberg si j'ose (il manque pas d'air le Beep... Enfin si, mais là c'est Mark)😱

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