Mode "super-dark" activé

Les super-héros ont la cote, c’est une évidence. Depuis le déferlement « Avengers » initié en 2008, on en voit absolument partout. Les films d’horreur aussi s’assurent une bonne place au box-office ces dernières années. Pourquoi ne pas combiner les deux ? Ce sont donc Brian et Mark Gunn (frangins de James Gunn, réalisateur du film Les Gardiens de la Galaxie et accessoirement producteur de Brightburn) qui se lancent dans l’écriture du scénario du présent métrage. Pour la réalisation, on demande David Yarovesky, qui se voit alors attribuer la lourde tâche de faire passer les super-héros en mode « horrifique ». Est-ce une bonne idée de mélanger les genres ? Le résultat est-il terrifiant… et dans quel sens du terme ? Quel est le but de tout ça ? On enfile sa cape et sa cagoule flippante pour se lancer dans la critique. ATTENTION : cet article contient des spoilers

Kyle (David Denman) et Tori (Elizabeth Banks) peinent à avoir un enfant. Une nuit, une capsule spatiale s’écrase non loin de leur ferme du Kansas. A l’intérieur se trouve un bébé ; ils y voient la possibilité d’enfin devenir parents. Des années plus tard, le jeune Brandon (Jackson A. Dunn), âgé de douze ans, se met à avoir un comportement étrange et développe des pouvoirs insoupçonnés. Devenant de plus en plus violent, le couple Breyer doit se rendre à l’évidence ; Brandon n’est pas venu en paix.

Pour les connaisseurs, vous aurez sans doute remarqué que le début du pitch est identique à celui d’un certain… Superman. Il est donc intéressant de prendre l’histoire de Brightburn comme si le super-héros susmentionné avait mal tourné. C’est d’ailleurs le postulat de départ du film qui va alors scruter, de manière sombre, l’avènement d’un super-méchant sur notre planète.

On démarre avec la traditionnelle rencontre avec les protagonistes. Le couple Breyer s’impose comme étant convaincant dans le rôle des parents aimants et attentionnés. Leurs doutes vont grandissants au fur et à mesure que le film avance et surtout au vu des exactions particulièrement violentes de leur fils de douze ans. Leur détermination à en finir avec tout ça passe un point de non-retour durant la deuxième partie, faisant définitivement basculer l’issue de leur histoire.

La présence de Jackson A. Dunn dans le rôle de Brandon alias Brightburn, est simplement stressante. Gardant un calme olympien lors des annonces les plus sordides, il se transforme petit à petit en un individu représentant le Mal à l’état pur, colérique et se laissant emporter dans des sautes d’humeur meurtrières tout en conservant un goût certain pour la mise en scène. La prestation de ce jeune acteur ne fait aucun doute ; il envoie du lourd.

Le scénario, lui, met un peu de temps à se mettre en place. Disons que les aficionados de l’univers des super-héros connaissent déjà l’histoire ; la capsule qui s’écrase, le couple qui retrouve le bébé, etc. S’ensuit une vision furtive des dix saisons de Smallville dans notre tête pour en arriver à un Superman adulte, aux lunettes saillantes et à l’accoutrement légendaire.

Mais ici, rien de ça. Le film se focalise sur la préadolescence de Brandon qui s’émancipe pour devenir une crevure de niveau universel. La première partie du film est donc posée, calme et met en place les différents protagonistes. Il est ensuite temps de passer au cœur du sujet en nous présentant non pas le jeune Brandon mais Brightburn, son alter-ego maléfique.

C’est ainsi que démarre d’incroyables séquences malaisantes et trashs à souhait. Morceau de verre dans l’œil, main brisée, carnage au poulailler, décrochage de mâchoire et vision laser brûlante ne sont que quelques-unes des joyeusetés proposées dans ce métrage. Cela est sans compter un manque total de remords de la part du jeune homme, renforçant d’autant plus son aura maléfique, ainsi que sa passion pour l’anatomie humaine via quelques magazines douteux sous son matelas et la présence malsaine d’un corps planqué dans le sous-sol de la grange. Rien que ça !

En ce qui concerne donc le passage en mode « horrifique », c’est chose faite ! Le film joue la carte de la violence graphique, nous en mettant plein les yeux (comme ceux de la pauvre Erica, interprétée par Becky Wahlstom) et nous instaurant une marque de dégoût sur notre bouille de spectateur. Aucune concession, pas de pitié, on vous en met plein la tronche !

Cela pour en arriver à une fin dans la logique du film ; si l’on nous présente l’avènement d’un super-méchant, il est clair que le happy end n’est pas de rigueur. Brandon devient alors pleinement Brightburn et s’impose pour devenir une des menaces les plus dangereuses pour notre monde, allant même jusqu’à faire crasher un avion blindé de passager pour masquer ses crimes.

Dans une scène post-métrage, on apprend de la part de Big T (interprété par l’habitué de James Gunn, le grand Michael Rooker) que Brightburn sème la terreur à travers le monde sans savoir qui il est réellement… et que d’autres super-méchants semblent apparaître, sonnant le début d’une ère nouvelle dans laquelle les humains se retrouvent aux prises avec des vilains sans moyen de se défendre.

Au-delà du fait de simplement détourner le genre « super-héros » pour en faire un film d’horreur, Brightburn respecte les convenances jusqu’au bout des ongles. Par exemple, le nom du personnage, Brandon Breyer, possédant les mêmes initiales, à l’instar de certains super-héros comme Matt Murdock (Daredevil) ou Peter Parker (Spider-Man).

Le costume de Brightburn envoie également un message fort en matière de malaisance. Sa cape semble être formée, tout comme celle de Superman dans certains canons, de sa couverture d’enfant. Quant à sa cagoule, elle reflète à la fois l’apparence d’une entité extra-terrestre pourvue d’une sorte de protubérance au niveau de la bouche… et peut également nous faire penser à certains croquis de l’anatomie humaine. On ajoute les yeux rouges et BOUM, on obtient une image déviante d’un super-héros.

Outre cela, le film parle bien évidemment du passage à l’adolescence et de la rivalité existant parfois entre parents et enfants. Un petit détour par la légalisation des armes aux Etats-Unis est fait via une fête d’anniversaire qui tourne court. En même temps, offrir une arme à feu à un enfant de douze ans qui peut voler et qui a des yeux lasers, ce n’est pas si dramatique. 

Le plus intéressant dans Brightburn, c’est ce qui se trouve autour du film. L’idée de base est de créer un nouvel univers cinématographique qui tient ses fondations sur l’apparition de super-méchants à travers le monde, via des films tirant plus sur l’aspect horrifique que fantastique. Tout à fait honnêtement, si l’on parvient à nous faire un « Marvel/DC Dark Universes » parallèle dans la même teneure que le présent métrage, je suis preneur !

Pourtant, même si le film vaut le coup par sa capacité à étonner dans les prises de position et dans la violence graphique qui nous est proposée, il n’a pas réellement fait l’unanimité en matière de box-office. Est-ce pourtant la fin pour cette idée d’univers malsain et sombre de super-méchants ? Sans doute trop tôt pour le dire mais ce n’est pas encore gagné.

Divertissement horrifique tout à fait correct bien qu’un peu mollasson dans la manière de poser les personnages dans sa première partie, Brightburn nous invite à découvrir quelque chose de nouveau. Corrompant le système des films de super-héros, ce jeune et terrifiant méchant prouve que le monde n’en a pas fini avec les problèmes. L’humanité va-t-elle en découdre méchamment ? Pour cela, laissons Brightburn prendre son envol… et attendons de voir les retombées.

Le symbole de Brightburn, ça ne vous a pas fait penser à Blair Witch ?

Derniers commentaires

13.06 | 05:23

Merci pour le concours

03.04 | 19:28

Merci, bonne soirée à tous. 😊🍀

22.03 | 14:38

super

22.02 | 21:57

En effet cher Critiker 😉 très bonne critique du film, qui me rappelle une discussion... devant la salle du ciné 😅 Mark Wahlberg si j'ose (il manque pas d'air le Beep... Enfin si, mais là c'est Mark)😱

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