Alerte Ravissement

Un sujet peu utilisé dans le cinéma est celui de l’Enlèvement ou Ravissement. Pour faire court, il s’agit du passage biblique du retrait des chrétiens dans le monde entier en un claquement de doigt avant l’avènement de sept ans de tribulations. Une série d’excellents livres s’inspirant de cet épisode biblique a été écrite par Jerry B. Jenkins et Tim LaHaye, connue dans nos contrées sous l’appellation Les Survivants de l’Apocalypse. Treize tomes et quelques adaptations à l’écran foireuses plus tard (notamment le film Le Chaos avec Nicolas Cage), l’on se dit que le thème de l’Enlèvement est complexe à mettre en image. Il n’en faut pas plus pour que Casey La Scala, aussi au scénario avec Chris Dowling, décide de faire un métrage sur le sujet. Alors, va-t-on être propulsé au septième ciel ou se faire ravir un temps précieux ? ATTENTION : cet article contient des spoilers

Dan (Bryan Dechart) et Skylar (Alexa Vega) sont aux anges ; c’est le jour de leur mariage. Manque de bol, c’est également à ce moment-là que l’Enlèvement a lieu, ôtant de la Terre des millions de personnes et laissant un chaos sans nom. Pour ne pas arranger les choses, d’étranges créatures commencent à chasser ceux restés à la surface terrestre. C’est l’occasion idéale pour Dan, Skylar et leurs amis de se remettre en question.

Après plusieurs adaptations des Survivants de l’Apocalypse qui n’ont clairement pas fait mouche et quelques films inutiles sur le thème de l’Enlèvement, The Remaining sonnait comme une possibilité d’avoir quelque chose de bien. On commence le métrage en douceur sous forme de found footage, un mariage étant une excellente occasion d’avoir une caméra dans la main. On déchante vite car le film alterne maladroitement passages en found footage et en action normale, sabrant le rythme et la cohérence comme l’avait fait un certain Pyramide.

Bref, on se dit que ce n’est pas si grave et que le sujet abordé va pouvoir donner lieu à des rebondissements inattendus et des révélations bien senties. Le mariage tourne au drame quand plusieurs invités s’effondrent, les yeux grands ouverts et vitreux. Pour les mariés et leurs amis proches, il n’y a pas de doute ; il s’agit de l’Enlèvement biblique et le fait qu’ils se trouvent encore sur Terre n’est pas foncièrement bon.

Et c’est parti pour un traçage en règle dans les rues de la ville, recherchant Allison (Italia Ricci) qui s’est éclipsée du mariage. Le rythme est mollasson mais les incursions de vilaines bestioles viennent donner un peu de cœur à l’ouvrage. Ces étranges démons semblent être attirés par un type de personne en particulier, mais nous n’en saurons pas plus dans la première partie du métrage.

Après être passée par moult mésaventures et avoir rencontré une jeune fille un peu étrange prénommée Sam (Liz E. Morgan), la petite équipe arrive finalement dans une église où ils sont accueillis par le pasteur Shay qui a une foi en perte de vitesse, justifiant sa présence dans ce lieu. Ils retrouvent Allison et c’est maintenant l’occasion pour eux de régler leurs comptes et de faire une petite introspection des familles sur leur foi.

Bien entendu, ils vont ensuite repartir de plus belle pour tenter de trouver un lieu sécurisé et c’est lors de la phase finale que nous apprenons ce que chassent les démons présents sur Terre et que nous entendons, en guise de fin, le son de la cinquième trompette de l’Apocalypse. Tout cela après que nos protagonistes aient pu découvrir dans quel camp ils souhaitaient jouer, leur remise en question ayant été effectuée.

Car si on reprend le film qui vient de se dérouler sous nos yeux, il s’agit grandement d’un regard sur la foi, sur ce qu’elle représente et ce qu’elle implique. Dans les grandes lignes, rien de nouveau dans les questionnements de nos jeunes gens, le scénario restant terre à terre à ce niveau-là, ce qui permet cependant à tout le monde de s’y retrouver.

Mais il y a des ombres au tableau et notamment les histoires de cœur entre les différents personnages. Se la jouant sur un fond de Top Models à plusieurs reprises, on bâille méchamment devant les séquences de sentiments tourneboulés qui n’apportent à l’histoire que le cheminement personnel de chacun des personnages. Trahisons, amours silencieuses, prise de becs, la fin des temps est effectivement le moment de mettre les choses à plat mais était-ce bien nécessaire d’en faire un cheval de bataille ?

Côté tressaillements, nous avons quelques sursauts prévus mais rien qui puisse radicalement nous coller au fond du canapé. Les créatures vicieuses qui arpentent la planète sont floues et sans grand intérêt. La séquence finale, par contre, apporte un peu de vie dans ce métrage pantouflard mais malheureusement… c’est la fin. A noter que dans le film, le personnage de Sam reste sans doute le plus intéressant, avec ses nombreuses facettes et surtout sa décision finale. Mystérieuse mais cruellement sous exploitée, la jeune femme arrive à nous faire crocher ne serait-ce que pour en savoir plus à son sujet.

La foi est quelque chose de global et en même temps de très personnel. The Remaining essaie donc de montrer ce qu’il se passerait pour la plupart du commun des mortels en cas de débarquement de l’Enlèvement. On ne s’attarde pas sur l’aspect post-Ravissement comme l’a fait la série des Survivants de l’Apocalypse. Ici, juste une histoire de quelques jeunes gens souhaitant combattre leurs propres démons afin d’accéder à leur foi et de choisir, définitivement, dans quel camp ils se placent ; convaincus ou sceptiques.

The Remaining peut vous ravir 88 minutes de votre vie, sauf si vous êtes un maniaque absolu de l’Enlèvement et que vous souhaitez voir tous les films sur le sujet. Acteurs moribonds, séquences de soap-opéra, tension inexistante malgré des choix cruciaux, on s’ennuie quand même un peu devant ce film qui pouvait pourtant prétendre à nous offrir quelque chose de plus couillu surtout au vu du thème choisi. Pour la peine, je vais me refaire la série des Survivants de l’Apocalypse en format papier.

Alors, ravi ?