... peut être aussi remplie

Il y a des films qui se contentent de raconter une histoire. D’autres, au scénario plus cossu, mélangent plusieurs histoires entre elles. Et finalement, il y a ceux qui osent le récit de malade, faisant interagir différents personnages, lieux et époques tout en conservant une cohérence finale bienvenue. Seule la vie… est l’un de ceux-là. Ce film nous raconte l’histoire de trois personnages bien distincts et même si on voit rapidement venir la finalité de l’histoire, c’est humanité qui s’en dégage qui fait un bien fou, le tout drapé dans un réalisme parfois abusé mais outrageusement bien foutu. A ne pas relier au livre Seule la vie… de Julien Blanc (qui n’a strictement rien à voir), c’est le réalisateur et scénariste Dan Fogelman qui met tout cela en images. Drame convaincant ? Histoire d’amour hors du temps ? Comédie noire ? Seule la vie… c’est un peu tout cela à la fois… comme la vie, en somme. ATTENTION : cet article contient des spoilers

Trois histoires. Trois familles. Trois destins entremêlés dans une vie faite de rires, de drames et de rencontres. Will (Oscar Issac) ne parvient pas à se remettre de la mort de son épouse et rencontre sa psy. Dylan (Olivia Cooke) est une jeune femme au tempérament de feu qui tente de vivre sa vie malgré le terrible événement arrivé lors de sa jeunesse. Javier (Sergio Peris-Mencheta) travaille en Espagne pour M. Saccione (Antonio Banderas) et souhaite plus que tout emmener sa famille aux Etats-Unis. 

Vu comme ça, le synopsis semble n’avoir aucun sens et vous savez quoi ; c’est ce que l’on ressent quand on démarre le métrage. Dans une scène complètement surréaliste, nous reconnaissons la voix du narrateur qui n’est personne d’autre que Samuel L. Jackson, nous racontant l’histoire d’un jeune homosexuel chez sa psy qui assiste à la mort de celle-ci percutée par une voiture. Samuel L. Jackson apparaît à l’écran et on se demande si on se trouve vraiment dans la bonne salle tant la situation est WTF. Et là, on démarre sur Will.

Ce premier acte (tout le film, d’ailleurs) est porté par des acteurs de génie. Oscar Isaac crève littéralement l’écran dans son rôle de mari détruit suite au drame qu’il a vécu. Ses moments de bonheur avec son épouse Abby (Olivia Wilde) mettent du baume au cœur et on se perd un peu dans la narration quand on cherche à différencier l’imaginaire du réel. Construit magistralement, ce premier chapitre nous balance en pleine tête une histoire d’amour magnifique, un drame malheureusement banal et destructeur, un personnage outrageusement torturé et une fin abrupte qui, j’en suis sûr, surprendra la majorité d’entre vous.

Il faut noter la présence d’Annette Bening comme psy de Will qui joue admirablement son rôle jusqu’au bout, témoin du désespoir complet de son patient. Cette première partie, sans doute la plus intéressante car basant le récit complet sur l’accident qui déclenche tout, nous croche littéralement à l’écran. A partir de là, plus d’échappatoire possible ; on veut connaître la suite.

Celle-ci fait rencontrer de nouveaux acteurs de génie. Mandy Patinkin tente de se la jouer profiler avec sa petite fille Dylan. Campée par une magnifique Olivia Cooke, sa terrible histoire est directement reliée au premier acte et son personnage parvient à convaincre et à nous emmener dans sa détresse. Rôle habilement joué, dépeignant une jeunesse voulant briser les conventions et vivre à fond les bidons coûte que coûte, le jeu d’acteurs entre grand-père et petite fille est également l’occasion de quelques punchlines et surtout d’une leçon de vie. La fin de cette seconde partie nous donne passablement d’indice sur la finalité de l’histoire, mais on est toujours happé par ce réalisme et ce scénario bien ficelé.

La troisième partie reste, à mon avis, la plus posée et conventionnelle. Javier, marié à la belle Isabel (Laia Costa), travaille pour M. Saccione dans une culture d’olives. Le fils du couple, Rodrigo (Adrian Marrero enfant et Alex Monner adulte) est heureux avec ses parents et se rapproche grandement du patron de Javier. Ce dernier, jaloux de la situation de son boss et de sa relation avec son fils (et accessoirement avec sa femme) décide d’emmener sa famille aux Etats-Unis pour visiter New York. C’est lors d’un voyage en bus que le drame se produit et qui va, lentement mais sûrement, déchirer cette famille unie.

On reste pris dans l’histoire mais on sent comme un goût de déjà-vu et de répétition. De plus, le personnage joué par Antonio Banderas est intéressant, mais semble plat par rapport au reste du casting dans les deux premiers chapitres, possédant des personnages hauts en couleur avec une personnalité déterminée et précise. Ici, on oscille un peu plus et on est déçu de ce patron fort sympathique mais quelque peu mollasson, surtout joué par un acteur comme celui-là. Qu’importe, c’est dans cette troisième partie que le scénario prend le dessus.

Car dans Seule la vie…, il faut retenir qu’une histoire s’imbrique dans l’autre et c’est là que tout le métrage prend corps, devenant une narration incroyable sur plusieurs générations et remettant toutes les pièces dans l’ordre avant le début du générique. Le film se termine, on se rend compte de la complexité du scénario et comme il a été facile de le suivre. On applaudit les scénaristes ainsi que le réalisateur pour la performance et on ressort de la séance ravi. Film vu qui plus est avec ma chère et tendre, c’était une expérience émotionnellement grandiose.

Le métrage ne fait pourtant que dépeindre des éléments précis dans ses trois sections. Dans la première histoire, c’est la détresse humaine qui prend le dessus en nous imageant ce qui se passe dans la tête d’une personne aux prises avec un terrible événement et cherchant à s’en dissocier par tous les moyens, de l’altération de la réalité à la suppression du problème de manière drastique. Dans une vie de couple idyllique, un drame survient et c’est plusieurs vies et générations qui en seront touchées.

Le second chapitre reprend la continuité de la vie après un tel drame et développe le positif qui est ressorti de la relation de couple de Will. Une ode à la vie en quelque sorte, même si le personnage de Dylan a encore beaucoup de choses à régler par rapport à son passé. C’est la représentation directe des conséquences réelles de l’accident du premier chapitre.

Dans la troisième partie, c’est un peu plus complexe ; cela montre comment une autre vie peut s’attacher aux autres par ce même événement dramatique. Dans les horreurs qui sont parfois vécues, il peut parfois y avoir des coïncidences troublantes menant irrémédiablement à une fin heureuse. C’est tout ce que l’on souhaite en tant qu’humain, au final ; une fin heureuse. A ce titre, le film fait fort en nous présentant une toute dernière section avant le générique, nous prouvant par A + B que la vie continue, quoiqu’il arrive. Une fin totalement adéquate pour un métrage qui a osé aller jusqu’au bout.

Des acteurs au top, un scénario complexe mais organisé et facile à suivre, des histoires touchantes et réalistes, il n’en faut pas plus pour ravir un public. Seule la vie… reprend la vie en générale, les moments de doute que nous avons, les drames que nous subissons, mais aussi les instants de bonheur et les relations amoureuses qui permettent de continuer de vivre malgré tout. Une magnifique histoire en trois actes qui nous donne du baume au cœur et qui nous fait dire qu’au fond, nous sommes tous irrémédiablement humains.

Seule la vie pour nous offrir des moments comme ça. 

Derniers commentaires

13.06 | 05:23

Merci pour le concours

03.04 | 19:28

Merci, bonne soirée à tous. 😊🍀

22.03 | 14:38

super

22.02 | 21:57

En effet cher Critiker 😉 très bonne critique du film, qui me rappelle une discussion... devant la salle du ciné 😅 Mark Wahlberg si j'ose (il manque pas d'air le Beep... Enfin si, mais là c'est Mark)😱

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