Ça va trancher, chérie !

S’il y a bien une saga horrifique qui a fait parler d’elle depuis ces dix-sept dernières années, c’est bien Saw. Avec un premier film coup de poing sorti en 2004, les opus ce sont suivis avec plus ou moins de succès au cours des années suivantes. Après le petit dernier, Jigsaw, sorti en 2017, des rumeurs ont commencé de gronder ; un nouveau film allait débarquer sur grand écran. C’est ainsi qu’arrive Spirale : L’Héritage de Saw en 2021. Réalisé par Darren Lynn Bousman (déjà aux commandes de Saw 2, Saw 3 et Saw 4), l’écriture du scénario revient à Josh Stolberg, Pete Goldfinger… et Chris Rock. Va-t-on assister à un mélange d’horreur et de comédie ? John Kramer a-t-il vraiment laissé une empreinte indélébile ? Relancer la franchise, est-ce vraiment une solution ? Outre tout cela, c’est toujours la même histoire ; vivre ou mourir, à vous de choisir. Allez, on se lance dans la critique !

Le lieutenant Ezekiel « Zeke » Banks (Chris Rock) se voit affubler un nouveau partenaire en la personne de William Schenk (Max Minghella). Tous deux se retrouvent sur une sombre affaire ; un policier a été assassiné par un procédé qui ressemble terriblement à celui du légendaire John Kramer, le tueur au puzzle, Jigsaw pour les intimes (interprété par Tobin Bell). Et c’est parti pour une enquête remplie de pièges et de stratagèmes tordus de laquelle personne ne ressortira indemne.

Première chose surprenante ; c’est sur une idée de Chris Rock que les productions Lionsgate se sont basées pour l’écriture de ce nouvel opus, plaçant l’artiste en acteur principal, scénariste et producteur exécutif. Le Lee Butters de L’Arme Fatale 4 et également le zèbre Marty de Madagascar est donc à l’écriture d’un film d’horreur faisant partie d’une franchise à succès, interprétant également le rôle principal.

Sur le fond, je me suis dit que ça allait partir en cacahuète car quand on a une filmographie blindée en comédies et que l’on est un humoriste hyper coté aux Etats-Unis, un virage à 180° peut s’avérer dangereux. Mais bon ; Chris Rock a du talent et il se peut que tout se passe bien.

Et puis, ce nouveau film de la saga Saw démarre bien avec un piège extrêmement vicieux tout en restant d’une simplicité absolue et où la victime s’y retrouve parce qu’elle ne sait pas tenir sa langue. La tension est présente, l’ambiance aussi ; il se pourrait bien que l’on se retrouve dans un VRAI film de la franchise.

Puis on fait la connaissance des acteurs. Chris Rock est bien dans son rôle mais quand on a l’habitude d’avoir le sourire facile, on ressent ici un air un peu pincé, donnant l’impression d’un sérieux absolument forcé. A ses côtés, Max Minghella est un peu plus détendu et l’alchimie entre les deux partenaires fonctionne plutôt bien à l’écran.

Il y a aussi Samuel L. Jackson dans le rôle de Marcus Banks, le papounet de Zeke. Autoritaire, ancien capitaine de police et avec relativement peu de présence à l’écran, son destin reste tout de même l’un des plus mémorables de la franchise. Angie Garcia (Marisol Nichols), capitaine de police ayant remplacé Marcus Banks, semble gentillette pour un poste comme celui-là. Le lieutenant Fitch (Richard Zeppieri) est quant à lui un magnifique bœuf-carottes. Dans les grandes lignes, c’est sympa mais peu convaincant.

Il ne faut pas oublier que la carte de visite de la saga Saw est principalement basée sur la structure scénaristique ; il faut des rebondissements, des twists finaux de dingue et que le spectateur se prenne une bonne baffe dans la gueule à la mode « Tu l’avais pas vu v’nir ! ». Les différents films de la franchise (bien qu’inégaux) ont toujours surfé sur cette tendance. Qu’en est-il de celui-ci ?

Eh bien… mouais… j’sais pas trop. Il est indéniable que l’élaboration des pièges et la raison pour laquelle les victimes s’y retrouvent nous plongent effectivement dans un film de la saga. Cependant, le suivi de l’enquête ressemble à un banal thriller policier tarabiscoté. Avec des relents de Seven (1995), dont Chris Rock se serait inspiré pour l’idée de ce film, on a plus l’impression de se retrouver devant un métrage qui prend comme modèle la franchise plutôt qu’un nouvel opus à cette dernière. En fait, un peu à l’instar du moyen Intraçable (2008).

A part la mention de Jigsaw, une photo vite-faite de John Kramer et l’ambiance globale, rien ne laisse à penser que nous nous trouvons dans le 9ème film de la saga Saw. Qui plus est, même si l’ombre du tueur au puzzle plane sur l’affaire, n’en reste que ce dernier n’est plus physiquement présent pour nous gratifier de son charisme. C’est donc juste une enquête sordide, transposant une vague impression d’une affaire qui, il y a dix-sept ans, démarrait une carrière criminelle sans précédent en la personne de Jigsaw.

Et que dire de la fin ? Bon, OK, j’ai un baromètre relativement aiguisé, mais je l’ai vu venir assez rapidement, découvrant qui tirait littéralement les ficelles de toute cette affaire. Et vous, ça vous a aussi fait le coup ? Même si le (les) piège(s) final(aux) est (sont) un hommage indéniable à l’esprit même de la franchise, n’en reste que les raisons de l’intrigue de fond sont louables mais moindres que celles présentées, en son temps, par John Kramer. 

Pourtant, les pièges (autre atout indiscutable de la saga) sont bien présents et passablement bien foutus (arrachage de doigts, coulage de cire, propulsion de bris de verre). Il y a également l’utilisation de la narration rétrospective, nous présentant ce qu’a subi la victime qu’après qu’on l’ait retrouvée, tout comme cela était majoritairement fait dans Saw de 2004. Et puis, le background des personnages est bien présent, permettant une meilleure immersion.

Mais cela n’enlève en rien que l’impression de ne pas se retrouver devant un film Saw persiste. Et pour cause ; ce n’est pas un film Saw. En prenant le titre de Spirale, la franchise veut s’émanciper, prendre un nouveau départ et s’extirper de la masse de base pour devenir quelque chose de nouveau. Malheureusement, on ne peut pas passer la main aussi facilement à un autre tueur que Kramer. C’est comme si on reboutait Halloween en plaçant Jean-Michel-Arthur comme tueur à la place de Michael Myers ; ça n’a pas vraiment d’intérêt. Et puis, est-ce que le nouveau tueur présenté a vraiment la carrure ?

Comme beaucoup d’autres franchises horrifiques, Saw essaie de se réinventer et de proposer quelque chose de nouveau aux spectateurs. Dans le cas présent, il n’y aura qu’une vague impression de déjà-vu même si, on le voit bien, le film reste cohérent dans son traitement mais sans réellement nous tétaniser comme l’ont fait certains autres opus de la franchise. Et qu’est-il arrivé aux disciples de Kramer toujours en vie, tels que Lawrence Gordon, Mark Hoffman ou Logan Nelson ? Les faire revenir pourrait, potentiellement, faire un lien direct avec les autres films et ainsi conserver un certain héritage de John Kramer.

Bien mais pas top, Spirale : L’Héritage de Saw tourne un peu en rond. Avec des prestations parfois peu convaincantes, une trame bien trop conventionnelle et pépère et un final visuellement bien fichu mais prévisible, ça part mal pour prendre une nouvelle direction. Cependant, on retrouve tout de même l’ambiance globale des autres films, les pièges sont bien présents et standing ovation pour Chris Rock qui a osé sortir de sa zone de confort pour se lancer dans l’horrifique. La prochaine sera peut-être la bonne.

John Kramer was not here.

Derniers commentaires

13.06 | 05:23

Merci pour le concours

03.04 | 19:28

Merci, bonne soirée à tous. 😊🍀

22.03 | 14:38

super

22.02 | 21:57

En effet cher Critiker 😉 très bonne critique du film, qui me rappelle une discussion... devant la salle du ciné 😅 Mark Wahlberg si j'ose (il manque pas d'air le Beep... Enfin si, mais là c'est Mark)😱

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