C'est pas moi ; c'est lui

Il n’est plus nécessaire de présenter l’univers cinématographique Conjuring qui nous gratifie ici de son huitième métrage, respectivement le troisième de la série mettant en scène le couple Ed et Lorraine Warren après Conjuring : Les Dossiers Warren et Conjuring 2 : Le Cas Enfield. Pour cette troisième histoire, titrée Conjuring : Sous l’emprise du Diable, sortie en 2021, on nous avait fait miroiter une histoire de loup-garou. Puis, avec le temps, cela s’est transformé pour se baser sur l’une des plus célèbres affaires de possession aux Etats-Unis : le procès d’Arne Cheyenne Johnson. ATTENTION : cet article contient des spoilers

Pour rapidement se remettre dans le contexte, après un exorcisme auquel a participé Johnson, ce dernier aurait été lui-même possédé. Le 16 février 1981, il assène plusieurs coups de couteau à son propriétaire qui décède quelques heures plus tard. Lors de son procès, la défense plaide non coupable (et incapacité de discernement) pour cause « de possession démoniaque ». Coup de théâtre, médiatisation à fond les bidons, quinze heures de délibération du jury et pour finir, condamnation pour « homicide involontaire » de Johnson avec une peine de prison de 10 à 20 ans. Johnson en sortira pour bonne conduite après 5 ans.

Le couple Warren ayant été présent lors de l’exorcisme déclencheur, c’est en farfouillant leurs dossiers que l’idée est venue ; on oublie les maisons hantées et on passe à du plus lourd en mettant en images les dessous d’une des affaires les plus médiatisés du 20ème siècle. A la réalisation, ce n’est plus James Wan qui tient la barre mais Michael Chaves (La Malédiction de la dame blanche). Changer de structure, est-ce une bonne idée ? Et qu’en est-il de changer de réalisateur ? L’univers Conjuring peut-il être mis à mal ? Avant de délibérer, on se lance dans la critique !

Après l’exorcisme particulièrement éprouvant d’un enfant de huit ans, Arne Cheyenne Johnson (Ruairi O’Connor) assassine son propriétaire. En l’interrogeant, Ed et Lorraine Warren (Patrick Wilson & Vera Farmiga) découvrent qu’il pourrait également être possédé. Pour son procès, la défense décide de mettre cela en avant, créant un tôlé médiatique. En parallèle, le couple enquête pour découvrir le fin mot de cette affaire.

Pour commencer, on ne peut pas nier que l’on se trouve dans un film de l’univers Conjuring. Patrick Wilson et Vera Farmiga sont toujours impeccables dans les rôles des démonologues Ed et Lorraine Warren. Prestation nickelle tout comme celle de Ruairi O’Connor, parvenant sincèrement à transmettre la confusion dont est investi Johnson, condamné pour un crime commis sous l’influence d’un démon.

A noter que l’on retrouve également Shannon Kook en tant que Drew, l’assistant des Warren ; Sterling Jerins alias Judy Warren, la fille des chasseurs de démons ; Sarah Catherine Hook est Debbie, la petite amie de Johnson ; ainsi que John Noble himself interprétant le Père Kastner, un prêtre déchu. Globalement, le casting tient ses promesses et nous offre de bons moments d’un bout à l’autre du métrage.

Côté ambiance, on est effectivement dans l’univers Conjuring également ; utilisation des arrière-plans, sursauts impromptus, visuels effrayants et atmosphère globalement anxiogène. On sait qu’une force maléfique est à l’œuvre et celle-ci, intangible, traîne son aura démoniaque durant tout le métrage. Pour cela, rien à redire.

Par contre, il y a un changement de rythme notable par rapport aux autres films mettant en scène le couple Warren. Dans Les Dossiers Warren et Le Cas Enfield, on prenait tout d’abord le temps de faire connaissance avec les familles victimes d’événements surnaturels. On les voyait dans leur quotidien et on découvrait, en même tant qu’elles, les terrifiants événements qui devaient amener le couple Warren à venir leur donner un coup de pouce.

Ici, on démarre en fanfare avec l’exorcisme du jeune David (scène extrêmement percutante, il faut le noter) et on ne lâche plus les Warren pendant le reste du métrage. L’empathie envers les personnages, principalement les victimes d’évènements surnaturels, est donc moindre que dans les métrages précédents.

Et puis, il y a cette dérangeante sensation d’enquête policière teintée de surnaturel, surtout lorsque l’on connaît les tenants et aboutissants de cette affaire. Pendant le visionnage, j’ai eu maintes fois l’impression (peut-être fausse) de me retrouver devant l’épisode La Main de l’enfer de la série X-Files ; événements surnaturels, recherche des éléments concordants, découverte de la vérité qui n’est on ne peut plus humaine ; ça donnait vraiment un rendu particulier.

Le rythme de ce troisième opus des Warren est d’ailleurs passablement différent des autres. Même si on est clairement dans un contexte horrifique, le ton semble plus posé et moins hargneux que dans les précédents métrages. La menace, bien que flottante autour des protagonistes, semble moins dangereuse. Car ici, l’intérêt n’est pas foncièrement de mettre en avant l’entité démoniaque à l’origine de tout cela mais de relater, de manière fictionnelle, l’à-côté du procès de Johnson.

Cette affaire a été célèbre aux Etats-Unis mais l’est moins dans nos contrées. A l’époque, les gens assistaient à quelque chose d’inédit et de totalement dingue ; l’utilisation du diable dans une affaire pour meurtre ? L’idée n’avait effleuré personne précédemment et ça a été un véritable coup de tonnerre dans la justice américaine. Chez nous… ben on s’en battait un peu les steaks.

Normal donc que cela puisse plus parler aux habitants d’outre-Atlantique qu’à nous. C’est aussi la raison pour laquelle le ton semble plus posé et moins viscéral. On parle tout de même d’un procès en justice qui a effectivement eu lieu, d’une affaire qui fait encore aujourd’hui énormément débat et dont le protagoniste principal, Arne Cheyenne Johnson (selon toute vraisemblance) est encore en vie.

On peut donc comprendre de ne pas ruer dans les brancards avec ce métrage afin d’éviter des polémiques complémentaires entourant ce meurtre terrible et ce procès sulfureux qui en a suivi. Cinématographiquement, on aurait eu plus de déchaînement scénaristique avec une bonne vieille histoire de loup-garou, comme cela était pensé au départ.

Néanmoins, ce film nous montre les dépassements que les événements surnaturels peuvent opérer. Ceux-ci, présents dans la réalité et utilisés à fond dans la fiction, débordent parfois dans des sections où on ne les attendait pas, typiquement lors d’un procès pour meurtre dans les années 80. On note tout de même que l’histoire échafaudée par le film, entre le moment de l’arrestation de Johnson et le verdict de son procès, est fortement capillotractée et sent puissamment le cinéma hollywoodien, prenant des libertés assez grandes pour ne pas tendre le bâton pour se faire battre.

En mettant de côté l’aspect de l’inspiration d’une affaire existante, le film reste extrêmement correct, notamment grâce à des scènes d’une intensité assez dingue ; l’exorcisme du début, celui de fin, la confrontation entre Lorraine et une némésis que l’on n’attendait pas, l’incompréhension des Warren devant les événements subis par Johnson ; on en a tout de même pour nos mirettes et notre palpitant.

En-deçà des deux premiers opus, Conjuring : Sous l’emprise du Diable reste intéressant à voir pour deux raisons ; la première ; c’est qu’il s’agit effectivement d’un pan supplémentaire de l’univers Conjuring, avec ses points forts au niveau casting et séquences horrifiques. La seconde ; il s’agit de l’adaptation d’une affaire existante et s’intéresser également à celle-ci peut nous amener à avoir une extension de nos connaissances générales. Cela fait deux bonnes raisons, non ?

Outre cela, on sent une légère fatigue concernant le couple Warren. Est-ce qu’un nouvel opus va sortir ? Quelle histoire serait-il possible de raconter ensuite ? Va-t-on vers un fléchissement de l’univers qui se concentrera uniquement sur des opus indépendants ? L’avenir nous le dira. En attendant, cela fait plaisir de constater qu’une franchise horrifique est capable de se baser sur des événements consignés sans partir dans le n’importe quoi. L’univers Conjuring a certainement encore beaucoup à partager… et je serai là pour voir la suite !

Je regrette quand même cette histoire de loup-garou… 

Derniers commentaires

13.06 | 05:23

Merci pour le concours

03.04 | 19:28

Merci, bonne soirée à tous. 😊🍀

22.03 | 14:38

super

22.02 | 21:57

En effet cher Critiker 😉 très bonne critique du film, qui me rappelle une discussion... devant la salle du ciné 😅 Mark Wahlberg si j'ose (il manque pas d'air le Beep... Enfin si, mais là c'est Mark)😱

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