Sacré gamin !

Ciarán Foy, c’est Citadel, Sinister 2, bref, un type qui a déjà vogué dans l’horrifique. Ce réalisateur irlandais est aux manettes d’Eli, arrivé sur Netflix le 18 octobre 2019. Une bande-annonce intrigante (je sais, il ne faut pas s’y fier), un pitch ressemblant à un A cure for life version alternative et la présence de Lili Taylor m’ont pourtant convaincu de passer au visionnage. Après un Sinister 2 bien tripant incluant la direction d’enfants sur le tournage, le réalisateur va-t-il réitérer l’exploit ? Les établissements de cure sont-ils fiables ? Peut-on toujours faire confiance aux adultes ? On enfile sa combinaison Hazmat et on se lance dans le visionnage. ATTENTION : cet article contient des spoilers particulièrement susceptibles de révéler un point clé du film. Si vous ne l’avez pas vu et souhaitez conserver la surprise totale, je vous invite à vous arrêter à partir de ce point.

Eli (Charlie Shotwell) est un jeune garçon qui souffre d’un trouble extrêmement rare, étant gravement allergique à pratiquement tout ce qui l’entoure. Dans un but désespéré de sauver leur enfant, Paul (Max Martini) et Rose (Kelly Reilly) dépensent leurs dernières économies pour se rendre dans la clinique du Dr. Isabella Horn (Lili Taylor). Mais les apparences… toutes les apparences… sont parfois trompeuses.

Il faut déjà noter la présence pleine et entière de Charlie Shotwell qui mène le film d’un bout à l’autre dans le rôle du jeune Eli, particulièrement dans sa dernière partie. Même si certains passages peuvent vite tourner à l’envie de mettre quelques claques, n’en reste qu’il sera intéressant de suivre ce jeune acteur dans la suite de ses opérations. Pour ses parents, le constat est le même, le travail étant effectué de bout en bout.

La présence de Lili Taylor aide également grandement à l’affaire. Habituée des ambiances frissonnantes (Conjuring, Leatherface, Hemlock Grove et Chambers entre autres), sa prestation de la doctoresse, qui n’est pas réellement ce qu’elle semble être, est des plus sympathiques. La jeune Sadie Sink (Stranger Things) interprétant Haley, vient compléter le tableau avec une touche de mystère.

Tout ce petit monde déambulant dans une bâtisse à la recherche d’un remède pour Eli, est-ce que ça n’est pas relativement gnangnan ? Même si les interprétations sont louables, fort est de constater que le rythme est quelque peu péjoré. On commence avec une scène dans un motel où l’on constate que le compte en banque des parents d’Eli est passible d’être complètement à sec. Une bonne frayeur pour le gosse et une altercation avec un gang local plus tard, on passe en mode « maison de cure pour problèmes insolubles ».

L’établissement dans lequel se rend la petite famille a tout de la maison hantée ; brouillard menaçant à l’extérieur, porte blindée, cachet ancien non négligeable ; on sait déjà que tout ne va pas se passer comme prévu. La maladie du jeune Eli ne lui permettant aucun contact avec l’air extérieur, ce manoir a été conçu afin qu’il puisse librement se déplacer sans combinaison Hazmat. Une aubaine pour lui comme pour ses parents.

Le traitement qu’il suit est lourd et peut avoir des conséquences telles que des hallucinations. Les terrifiants fantômes aux yeux rouges qu’il voit ne seraient donc que la conséquence des médicaments et des traitements infligés par le personnel soignant. Mouais… à moi on ne me la fait pas ; y’a anguille sous roche.

Les apparitions fantomatiques apportent cependant un peu d’eau au moulin, nous sortant d’un monotone bien huilé. Dans ce vaste manoir, la relation entre Eli, ses parents et le personnel soignant est mise en avant non sans nous attirer quelques fois une langueur incontrôlable. On sent bien que le réalisateur cherche à nous dire quelque chose mais on ne sait pas (encore) vraiment quoi et du coup, certaines longueurs et impressions répétitives sont à prévoir.

Mais comme je le disais, les esprits errants du manoir apportent un peu d’animation. Sans jouer la carte facile des jump scares ou sans user jusqu’à la corde les débarquements impromptus de revenants, Ciarán Foy s’amuse à nous faire des plans rapides sur la présence des non-vivants du secteur tout en maîtrisant bien la tension. Les déambulations nocturnes d’Eli pour s’en aller voir Haley sont donc ponctuées de juste manière en nous proposant un spectacle horrifique certes conventionnel mais assumé et maîtrisé.

Plus le film avance, plus on ressent ce petit quelque chose qui nous dit qu’on a dû louper le coche quelque part. En nous faisant trotter sur différentes théories, on ne comprend pas bien le ton que le film cherche à se donner ; métrage de fantômes retors ? A cure for life-bambino ? Méchantes expériences scientifiques ? Monde parallèle ? On passe par pas mal de choses avant que le pot aux roses ne soit révélé. De plus, les fantômes passent des messages à Eli et semblent vouloir le protéger… mais de quoi ?

Et là, je dois dire que je me suis fait avoir ! Pourtant, tous les indices étaient là ; la présence du panneau avec le verset Proverbes 19 : 9 en début de métrage – check ; les blouses des infirmières ressemblant étrangement à un habit de bonne sœur – check ; le nom de famille antagoniste de la doctoresse – check ; cela jusque dans le titre du film ! Et pourtant… je n’ai rien vu venir. Je deviens moins vigilant ou quoi ?

Car Eli est bien dans cette demeure pour se faire soigner… mais d’un mal bien plus profond que des allergies. Il n’est ni plus ni moins qu’un des enfants du diable. Arrive alors la scène finale, horrifique à souhait (la notion de « tourniquet » ne m’a jamais autant parue malsaine), déclenchant la colère du jeune garçon, dupé par son entourage.

Du coup, il est clair que le ton tranche radicalement entre le rythme pépère de la mise en place des traitements et cette scène finale tonitruante. Même les apparitions des précédents enfants de l’établissement font pâlottes comparées à l’explosion de violence finale. Pourtant, sur le fond, on en prend plein les yeux, le gentil devient le méchant, les parents indignent deviennent des victimes et Haley est en phase de devenir une super pote. On comprend dès lors pourquoi le scénario de David Chirchirillo se trouvait dans la Black List 2015 à Hollywood.

Après ces grosses émotions, le métrage se termine sobrement. On respire un bon coup comme Rose, on souffle les bougies et on fait un vœu ; celui de ne pas nous blaster une suite sans intérêt pour un film qui, pour ma part, se suffit entièrement à lui-même. Car même si Eli a pu s’échapper de cet enfer (aucun jeu de mots) sa destinée lui appartient, à l’instar d’un certain Damien d’une autre époque.

Les relations parents-enfants semblent être au cœur du récit. Au départ, on voit bien que Rose est extrêmement protectrice envers Eli et que Paul semble en avoir un peu moins quelque chose à faire. Pensant de prime abord que sa maladie était au centre de cela (via la blague douteuse d’un père à son fils dans la voiture), on ne peut que comprendre la complexité de la situation lors de la révélation finale.

Car au fond, tous les enfants possèdent leurs qualités… et leurs défauts. Sans aller jusqu’à un comparatif lors duquel votre progéniture serait assimilée à un Antéchrist pure souche, il est de bon aloi de constater que les relations ne sont pas faciles, qu’elle que soit la situation. Et malgré le mal absolu régnant sur Eli, l’amour d’une mère croira toujours qu’il y a possibilité de le sauver.

Changeant souvent son fusil d’épaule et possédant un rythme parfois mollasson, Eli a tout de même des qualités indéniables à commencer par des effets spéciaux bien troussés et un twist final qu’il est possible d’entrevoir sans jamais pouvoir l’attraper. Sans pousser à outrance dans une horreur qui pourrait en faire des caisses, c’est pour son habileté à promener le spectateur et sa révélation ultime que ce film vaut le visionnage. Finalement une bonne surprise !

« Le faux témoin ne restera pas impuni, Et celui qui dit des mensonges périra » … on l’avait sous les yeux depuis le début… 

Derniers commentaires

13.06 | 05:23

Merci pour le concours

03.04 | 19:28

Merci, bonne soirée à tous. 😊🍀

22.03 | 14:38

super

22.02 | 21:57

En effet cher Critiker 😉 très bonne critique du film, qui me rappelle une discussion... devant la salle du ciné 😅 Mark Wahlberg si j'ose (il manque pas d'air le Beep... Enfin si, mais là c'est Mark)😱

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