Le boulet de Noël

Ah, les années 2000 ! Le recyclage amenant aux remakes, on nous pond une reprise du film de Bob Clark de 1974, Black Christmas, une petite œuvre horrifique bien sympathique. Le remake est dirigé par Glen Morgan, le réalisateur du très bon Willard en 2003. Le scénario est celui de Roy Moore… du film de 1974, adapté à la sauce de Glen Morgan. Ce n’est pas évident de mettre en image le remake d’un film considéré comme l’un des premiers à pouvoir porter, avec honneur, le titre de « slasher ». Du coup, est-ce ce film est un cadeau ? La période des fêtes est-elle réellement terminée ? Que penser des sororités américaines au vu de nombre de décès dus à des malades mentaux ? Posons-nous tranquillement sur notre canapé en nous goinfrant de biscuits de Noël en tentant de trouver des réponses. ATTENTION : cet article contient des spoilers (mais ce n’est pas un drame)

Les fêtes de Noël battent leur plein ! Une équipe de jeunes filles restent dans leur sororité pendant cette période et décident de passer du temps ensemble. La maison dans laquelle elles vivent appartenait à une famille puissamment désaxée qui eut un fils ; Billy. Ce dernier, actuellement enfermé en asile de déglingos pour le meurtre de ses parents et l’arrachage d’œil de sa sœur, décide de rentrer à la maison pour y passer les fêtes. Les étudiantes n’ont qu’à bien se tenir ; Billy rentre chez lui.

Niveau casting, on retrouve pas mal de monde que l’on connaît déjà. Katie Cassidy est Kelli, héroïne du jour. A cette époque, déjà croisée dans le home-invasion Terreur sur la ligne, elle reprend un rôle d’étudiante poursuivie par un maniaque. Kristen Cloke joue Leigh, la sœur d’une étudiante de la sororité. Parvenant à intriguer au départ, on va vite tomber dans le convenu, même si la prestation de l’actrice de Destination Finale est correcte. Michelle Trachtenberg (ah, Dawn dans Buffy contre les vampires) est Melissa. Relativement effacée durant le métrage, on aurait souhaité un peu plus de présence et surtout un peu plus de profondeur. Reste vraiment de son personnage que sa mort absolument terrible. Mary Elizabeth Winstead est Heather, jeune femme fortement sympathique, venant faire un détour dans ce film après un rôle principal dans Destination Finale 3.

A noter Robert Mann dans le rôle de Billy adulte, parvenant à mettre mal à l’aise (mais de moindre manière que son prédécesseur pratiquement invisible dans le film de 1974), profitant des fêtes pour commettre un petit massacre des familles. Dean Friss est la sœur adulte de Billy. Principalement 1er assistant caméra sur de nombreux films et séries, il joue l’acteur le temps de nous proposer un personnage réellement glauque. Et le rôle de la Mme Mac du 21ème siècle et tenu par Andrea Martin, celle-là même qui jouait le rôle de Phyllis dans le premier Black Christmas. Le métrage nous permettra de retrouver également Lacey Chabert, Crystal Lowe et Olivier Hudson.

Le casting est sympathique et les actrices (en majorité) ont toutes d’excellents rôles… dans d’autres réalisations. Ici, ça sent un peu le terne, comme si on avait une bande de clones sous un même toit, poursuivie par un tueur psychopathe. On ne ressent pas vraiment une personnalité propre à chaque personnage et cela péjore énormément toute empathie qui pourrait être ressentie. Problèmes d’écriture ? De jeu ? Quoiqu’il en soit, nous ne sommes pas en présence de quelque chose d’impérissable.

Et que dire du scénario ? En 1974, une histoire comme celle-là faisait mouche car n’était pas vue et revue. En 2006, ben ce n’est pas la même limonade. On se retrouve dans une sororité étudiante, avec des jeunes filles, un tueur maniaque qui débarque et un twist n’apportant pas vraiment de surprises. En gros, on s’ennuie. Et ce n’est pas l’idée de développer le personnage de Billy qui va aider à la chose.

Certains films captent notre attention grâce à un tueur mystérieux, insaisissable et pratiquement invisible (Black Christmas de Bob Clark, Halloween de Carpenter). D’autres nous délectent de personnages complexes, des monstres du cinéma avec un vécu, une consistance, une personnalité. Et puis, il y a Billy. Bien que son histoire soit absolument atroce (malade à sa naissance, inceste, papa ET frère de sa petite sœur), on dirait qu’on cherche à excuser un certain comportement déviant, ce qui est une mode absolue dans les remakes horrifiques de ces dernières années. Le mal n’a plus de substance intangible ni de complexité ; il faut l’expliquer, et simplement si possible.  

Et de la déviance, il y en aura ! Notre Billy est complètement siphonné de la caboche, bien que faisant preuve d’une certaine intelligence. Son mutisme dit tout à son propos. Et que penser de sa petite sœur, Agnes ? La pauvre a aussi quelques cases en moins (si ce n’est tout l’échiquier) et fait son effet à l’écran grâce à sa stature imposante et son goût prononcé pour casser la graine de manière dégueu. Autant elle que son frère sont littéralement tarés.

Mais est-ce que cela implique une quelconque horreur ? Restant dans les lignes scénaristiques du slasher classique, on ne sursaute pas et, honnêtement, la peur n’est pas au rendez-vous. Seules quelques scènes crades viendront titiller nos rétines (arrachage puis gobage d’un œil, l’enfance de Billy, des morts violentes). Pour les amateurs horrifiques avertis, c’est une promenade de santé monotone.

On arpente donc le chemin de ce métrage comme si on cherchait un rouleau de PQ dans un rayon de supermarché. Nonchalamment mais sûrement, on avance dans les minutes pour parvenir à un final pseudo-twisté mais qui n’apporte pas vraiment le « Oh ! Purée ! » que l’on attend. Conventionnel, standardisé, la dernière confrontation de Kelli à l’hôpital ne nous fait même pas tressaillir la moindre. Le générique commence après une dernière image braquée sur une pancarte de Noël « Paix sur la Terre ». Mouais.

Avec son approche basique, des personnages lisses et une trouille encore emballée dans son paquet, Black Christmas n’offrira rien d’intéressant sous le sapin. Slasher convenu des années 2000, peinant à décoller, c’est un conte sordide sur les fêtes de fin d’année qui ne parvient pas à rassasier, du moins pas comme l’avait fait son prédécesseur 32 ans plus tôt. 

C’est pas tout ça, mais faut que je termine mes biscuits de Noël.  

Derniers commentaires

13.06 | 05:23

Merci pour le concours

03.04 | 19:28

Merci, bonne soirée à tous. 😊🍀

22.03 | 14:38

super

22.02 | 21:57

En effet cher Critiker 😉 très bonne critique du film, qui me rappelle une discussion... devant la salle du ciné 😅 Mark Wahlberg si j'ose (il manque pas d'air le Beep... Enfin si, mais là c'est Mark)😱

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