On se contracte et on se décontracte

Lors de la réalisation de ce film, l’homme aux commandes, Eric England, a déjà quelques métrages à son actif, dont le fameux Madison County. Contracted est ce que l’on appelle un « body horror », c'est-à-dire qui met en scène principalement la dégradation ou la destruction d’un (ou plusieurs) corps. A souligner que Contracted a été présenté, en première mondiale, au NIFFF (Neuchâtel International Fantastic Film Festival) le 7 juillet 2013 (je dis ça parce que je suis du coin). Souvent comparé à l’ovniesque Thanatomorphose, ce métrage va-t-il nous pousser dans nos retranchements ?

Samantha vient de rompre avec sa petite amie. Droguée à son insu, elle va être agressée sexuellement par un dénommé BJ, travaillant dans une morgue. Dès le lendemain, Samantha observe des changements physiques, qui vont devenir de plus en plus inquiétants. Tout en tentant de renouer avec son ex-petite amie et d’éviter Riley, un type fou amoureux d’elle et relativement collant, elle va être témoin de la destruction lente et programmée de son corps.

On assiste ici à une contagion des plus sordides, influant directement sur le corps et jouant à fond la carte de l’image rugueuse et crade. Les changements physiques opérés vont effectivement être très visuels ; apparence livide, yeux rougeoyants, ongles tombants, on aura droit à plusieurs effets bien sentis et donnant irrémédiablement une ambiance particulière à Contracted.

La pauvre jeune femme subissant les assauts de cette étrange maladie est Samantha, jouée par Najarra Townsend. Démarrant le film gentiment, elle arrivera au point de non-retour, nous permettant de découvrir une facette enragée et surprenante de son personnage. Sa mère est interprétée par Caroline Williams. La dame a déjà une certaine filmographie, apparaissant notamment dans Massacre à la Tronçonneuse 2 (1986) et Halloween 2 (2009). Correcte en mère ne parvenant pas à comprendre sa fille, elle aura un rôle à la fois important mais relativement effacé. Matt Mercer est l’amoureux transi de Samantha, maladroit et collant, un rôle masculin se résumant à se faire cruellement avoir de la manière la plus dégueu qui soit. A noter que le personnage de BJ est Simon Barrett et que sa présence à l’écran est uniquement présentée avec des effets de flous afin de ne pas être en mesure de déterminer clairement la menace qui pèse sur Samantha.

Car dans ce film, il faut l’avouer, la toile de fond se tisse autour du lesbianisme. Dès le départ, on comprend que cela aura une importance toute particulière dans l’histoire. Samantha, rejetée par sa petite amie, incomprise par sa mère, va non seulement vivre moult relations problématiques, mais également une dégradation de son état physique. Seulement, ici, comparé à d’autres métrages du genre, la destruction agonisante du corps n’est pas uniquement un moyen de faire figurer la déchéance psychologique du protagoniste ; c’est aussi une possibilité de surfer sur les films actuels de zombies et autres créatures prématurément décédées.

Eh oui, mesdames et messieurs ! Il y a sans doute un peu de métaphore dans ce fanage corporel, mais cela sera surtout prétexte à quelque chose de bien plus vaste qu’une simple personne se voyant dépérir. Pour preuve, en fin de métrage, notre Samantha perd complètement les pédales, nous donnant droit à plusieurs scènes peu ragoûtantes (elle et Riley chez Alice, notamment) et devient une véritable enragée. Alors, « body horror » ou préquelle d’une saga de films de morts-vivants ?

Dans l’idée, il est intéressant de constater que les personnages possèdent une profondeur relativement travaillée, contrairement à d’autres métrages nous présentant uniquement des décérébrés du système. Là, les choses sont plus posées, entrecoupées de scènes montrant le corps de Samantha dépérir. Le traitement se fait sur la longueur et ne nous épargne ni les personnalités granuleuses des personnages, ni l’aspect crade de la dégradation corporelle.

Dès lors, difficile de comparer ce film à un métrage d’auteur comme Thanatomorphose, vu que le fond s’en va radicalement dans quelque chose de différent. Ici, on va nous présenter une histoire plus vaste et plus complexe qu’une relation sexuelle non souhaitée qui finit mal. Cela va prendre plus d’ampleur… à tort ou à raison. Le film en lui-même se vaut, mais sans être vraiment sûr d’où il veut se rendre. On oscille donc entre « body horror », film de zombie et drame. On sera d’ailleurs surpris de quelques incohérences totales durant le film. Je pense notamment à ce médecin qui laisse aller les choses en attendant tranquillement les résultats des analyses, alors que sa patiente a quand même une tête à faire peur. Il doit faire ça pour une bonne raison, non ?

Contracted nous propose tout de même des personnages intéressants, une toile de fond plus profonde qu’elle n’y paraît et des effets de maquillage qui parviendront certainement à vous dégoûter la moindre. Les amateurs d’horreur y trouveront sans doute leur compte, surtout que la suite viendra nous apporter beaucoup d’éclaircissement sur les incohérences de cette histoire. Devant Contracted, on pourra donc être tendu… et se détendre également.  

Bon, moi, je vais aller m’occuper de mes orchidées. 

Derniers commentaires

13.06 | 05:23

Merci pour le concours

03.04 | 19:28

Merci, bonne soirée à tous. 😊🍀

22.03 | 14:38

super

22.02 | 21:57

En effet cher Critiker 😉 très bonne critique du film, qui me rappelle une discussion... devant la salle du ciné 😅 Mark Wahlberg si j'ose (il manque pas d'air le Beep... Enfin si, mais là c'est Mark)😱

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