Ne vous endormez pas

Ces dernières années, l’industrie cinématographique a tendance à nous en balancer des caisses avec des histoires de sommeil. Qu’il s’agisse de Before I Wake (2016) ou de Slumber (2017), le dodo agité a la part belle dans le cinéma d’horreur. Et c’est ainsi qu’en 2018 on nous présente Mara, réalisé par un certain Clive Tonge. Pour son premier long métrage, il se repose donc sur le sujet du sommeil qui est, on peut le dire, encore tinté scientifiquement de beaucoup de zones d’ombre. Va-t-on rester éveillé ? Mara casse-t-il des briques ? S’endormir, au final, n’est-ce pas un peu dangereux ? Prenons notre couette et notre oreiller ; c’est parti pour la critique. ATTENTION : cet article contient des spoilers

Kate Fuller (Olga Kurylenko) est une psychologue spécialisée en criminologie. Elle arrive un jour sur les lieux d’un drame ; une femme aurait étranglé son mari pendant son sommeil. En écoutant les dires de la veuve, ainsi que de la fille du couple, elle se rend compte que quelque chose ne tourne pas rond. En réunissant les indices, elle découvre qu’un démon rôde dans les parages et qu’il assassine ses victimes pendant une crise de paralysie du sommeil. Son nom : Mara.

En tapant « Mara » sur un moteur de recherche, on se rend compte que ce nom est utilisé dans bien des domaines. Ici, celui qui nous intéresse prioritairement est son origine scandinave. Il s’agit en fait d’un mauvais esprit provoquant des terreurs nocturnes (eh oui, il n’en faut pas plus pour élaborer un scénario). Les origines du monstre trouvées, ne reste plus qu’à broder autour pour que cela donne quelque chose de consistant.

Et c’est le cas, du moins pendant la première partie du film. Les acteurs sont bien dans leurs rôles et on souligne la prestation d’Olga Kurylenko dans son interprétation de la psy paumée entre rationnel et surnaturel. Le personnage de Dougie joué par Craig Conway parvient également à convaincre dans sa lente mais déterminante descente aux enfers. Lance E. Nichols est l’inspecteur McCarthy. On le soupçonne tout d’abord d’être un personnage de seconde zone mais il s’avère convaincant et attachant. Et puis, le casting d’un film comme celui-ci ne serait pas complet sans la présence de Javier Botet dans le rôle du terrifiant démon Mara. Habitué à ce genre de rôle (Conjuring, [REC], Mama), il reste inébranlable.

On croche donc au scénario qui prend une tournure sérieuse tout en jouant la carte du surnaturel discret mais efficace. Des images fugaces, une présence maléfique impossible à identifier, des sursauts à cause d’un téléphone portable, on a envie de jouer avec le bouton du volume car on sait qu’on va se faire surprendre. La présentation des personnages est aussi faite de manière intéressante car on ne va pas simplement les survoler mais en apprendre un peu plus sur chacun d’eux.

Le film s’embraie bien et plus il avance, plus il semble s’enfoncer dans un sommeil paradoxal. Les différentes informations que l’on a sur Mara sont intéressantes mais ne parviennent pas à faire réellement frémir nos carcasses si délicates. C’est un démon serial killer avec un modus operandi bien précis (en quatre phases, s’il vous plaît) et sa présence dans cette petite ville est un peu tirée par les cheveux.

Si l’on parle concrètement de la trouille ressentie pendant le métrage, elle ne fait pas décoller votre séant de plusieurs centimètres de votre canapé ; ça reste dans le convenable. Certains passages exagèrent même le plan fixe, donnant largement le temps au spectateur de voir où va se dérouler le jump scare tant attendu. Remarque, on ne s’endort pas, et c’est déjà un bon point.

Car Mara parvient habilement à nous faire ressentir le stress que peut provoquer une paralysie du sommeil, moment où le démon attaque dans le film. Pour ceux qui ont déjà vécu cette expérience, c’est quelque chose d’extrêmement particulier, d’angoissant et de réellement flippant. Même ceux qui n’ont pas connu cela parviennent à comprendre à quel point ça peut être terrible de se réveiller tétanisé… et que notre cerveau n’est pas encore revenu à la réalité.

Une maîtrise correcte de l’ambiance donc, et du monstre aussi. Mara apparaît comme une créature sans âge, habilement jouée par un Javier Botet qui reste dans ses standards mais parvient à convaincre. Simplement, en arrivant en fin de course, on se rend compte que les choses ont été bouclées un peu vite ; le scénario part dans le convenu, la scène finale ressort plus du poétique que du véritablement flippant et les explications sur la créature sont vues et revues depuis la nuit des temps.

Dans l’ensemble, qu’importe ; on a passé un bon moment horrifique qui reste dans les clous tout en traitant son sujet avec plus de sérieux que certains de ses prédécesseurs. On regrette juste une morale un peu pompeuse pour expliquer les méfaits du démon et surtout une détermination de Kate qui a de lourdes conséquences pour elle. En osant autre chose, on aurait sans doute tenu quelque chose qui passe de bon à très bon.

Comme à l’accoutumé, le film va aussi nous parler de drame familial. La femme qui étrangle son mari et se retrouve internée alors que sa fille est placée chez son grand-père ; un passif lourd entre Kate et sa mère ; les drames surviennent dans des familles souvent tout ce qu’il y a de plus normal et c’est là que lorsque les secrets reviennent à la surface, tout bascule. Une manière détournée de prévenir les gens que la culpabilité mène irrémédiablement à la mort, que l’on s’endorme ou pas.

Mara casse pas mal de choses, mais pas ce que l’on pourrait croire. Quand il s’agit de montrer qu’un film d’horreur peut aller plus loin qu’une simple intrigue bateau avec des jump scares, on peut mises dessus. Des acteurs sympas, une intrigue qui se suit avec plaisir et des moments de tensions ensommeillés, c’est aussi ce qui peut faire que l’on apprécie de suivre ce genre de métrage. Clive Tonge est donc un réalisateur à suivre.

‘C’est pas tout ça, mais je dois aller me faire 20 minutes de micro-sieste.

Derniers commentaires

13.06 | 05:23

Merci pour le concours

03.04 | 19:28

Merci, bonne soirée à tous. 😊🍀

22.03 | 14:38

super

22.02 | 21:57

En effet cher Critiker 😉 très bonne critique du film, qui me rappelle une discussion... devant la salle du ciné 😅 Mark Wahlberg si j'ose (il manque pas d'air le Beep... Enfin si, mais là c'est Mark)😱

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