Est-ce que c'est plus fort que toi ?

Ah, Sonic ! Dès 1991, je bouffais de la vitesse pure dès le petit-déjeuner avec les jeux sur Sega Mega Drive. Mentionné dans ma liste de films pour 2020, cette adaptation m’a immédiatement inspiré la question suivante ; mon enfance va-t-elle être brisée ? On peut dire qu’avant sa sortie, il y eut déjà quelques remous. Le design de notre hérisson bleu dans la première bande-annonce a soulevé un tollé (à raison) de la part des fans. La production est en arrivé à la conclusion d’entièrement refaire le design pour mieux coller à l’univers des jeux vidéo. Mais cela a-t-il suffi ? Le réalisateur Jeff Fowler, qui signe son premier long métrage, se prend-il les pieds dans le tapis à pleine vitesse ? Le retour de Jim Carrey, une bénédiction ? On lace ses chaussures et on se lance dans la critique (mais pas trop vite quand même, hein ?).

Sonic (Ben Schwartz) est obligé de fuir sa planète natale pour sauver sa vie. Il débarque sur Terre où il demeure caché pour éviter que quelqu’un n’exploite son pouvoir de super vitesse. Par un concours de circonstances, il se fait poursuivre par le Dr. Robotnik (Jim Carrey) et fait la rencontre de Tom (James Marsden), le shérif de la petite ville de Green Hills. Ensemble, ils vont se dresser contre le génie de la robotique et vivre une flopée d’aventures.

Première incursion live du hérisson bleu à la vitesse supersonique, l’histoire ne casse pas trois épines à un échidné. On se retrouve dans le traditionnel « road trip pas prévu où finalement nous ne sommes pas si différents » que l’on trouve dans moults métrages. Cependant, le film vise clairement un jeune public. On peut donc considérer qu’une structure scénaristique hyper alambiquée n’était pas de bon aloi pour faire découvrir ce personnage aux plus petits.

On suit donc le voyage rempli de péripétie de nos deux compères. James Marsden a juste assez de recul pour que son personnage soit crédible tout en étant conventionnel. Son pote bleu, doublé par Ben Schwartz en VO et par Malik Bentalha en VF, a tout de l’ado qui doit prendre ses responsabilités et qui doit cesser de fuir à un moment donné de sa vie. Tika Sumpter interprète Maddie, la femme de Tom, de manière juste et sympathique. Neal McDonough fait même un passage pour s’en prendre plein les oreilles par notre antagoniste principal.

D’ailleurs, ce dernier, ça donne quoi ? Jim Carrey, après avoir été relativement discret ces dernières années, revient dans une grosse production. On retrouve un personnage hallucinant et un acteur en grande forme. Cela lui fait apparemment énormément plaisir de retrouver le chemin des studios cinés et ça se sent. Son interprétation du Dr. Robotnik, très « Carreyesque » fait plaisir à voir. Et que dire de son design en toute dernière partie de métrage ? Impec’ !

Malgré des prestations d’acteurs tout à fait acceptables, on peine réellement à décoller et prendre la route avec Sonic et son nouveau compatriote. C’est un peu comme si, n’ayant pas d’idées totalement originales, le scénario se contentait de suivre les codes de différents genres pour se construire.

La scène dans le bar renvoie nettement à X-Men : Days of Future Past avec le personnage de Vif-Argent, la poursuite entre la voiture de Tom et le tank du Dr. Robotnik fait penser à maints métrages de poursuite (clin d’œil au Bat-Pod de The Dark Knight ?) ou l’affrontement final à un clin d’œil des duels en plein Far-West. Hommage ou manque crucial d’imagination ? Difficile à dire.

Mais nous, spectateur, on suit ce spectacle avec une simplicité exemplaire, sans prise de tête. Voir Sonic déambuler en live fait quand même plaisir, même si les références aux jeux vidéo sont présentent par nécessité plus que par amour-love-total-complet du matériau d’origine. Les fameux anneaux sont incrustés à l’histoire et apparaissent même dès le logo de Paramount. Leur utilité est de passer dans d’autres mondes, à l’instar de la fin des niveaux de certains des jeux. La petite ville où se passe une partie de l’action, Green Hills, est le nom du premier niveau du premier jeu. Le monde « Champignons » est également présent dans le jeu Sonic & Knuckles.

Le principal problème est que l’on risque d’oublier le film aussi vite que Sonic peut sprinter le 100 mètres. Ce n’est pas l’apparition de la scène mi-générique qui nous fera tressaillir, si ce n’est que cela peut apporter de l’eau au moulin pour la suite. Car si le film présenté ici est bien une chose, c’est une introduction pour quelque chose de potentiellement plus grand. La bande-annonce le disait ; « Tout héros à une genèse ». Serait-ce donc simplement ça, Sonic ; le point de départ pour mieux construire ensuite ?

Car au vu des références présentes dans le film, on peut bien penser que tout ne va pas s’arrêter-là et qu’il reste encore beaucoup de choses à développer. Qu’il s’agisse des autres personnages des jeux (notamment Tails le renard et Knuckles l’échidné), sans parler des fameux Emeraudes du Chaos, il y a sans doute lieu d’en faire plus, d’aller plus loin, plus haut, plus fort et plus vite.

Les thèmes abordés sont simples et conviennent justement à un jeune public. L’amitié, nos racines à l’endroit où nous sommes nés, la découverte de la famille et le fait de se dresser contre les problèmes au lieu de fuir systématiquement ; il s’agit ici de choses qui sont maniées et remaniées dans nombre de films et qui pour nous, adultes, parlent moins car déjà connues. Rien n’empêche de tout de même y trouver quelques morales sympathiques.

Fondamentalement, Sonic n’est pas un mauvais film ; c’est juste que c’est nettement plus plat qu’une bonne partie du premier jeu sur Mega Drive. L’incursion du personnage dans le monde réel offrait de belles perspectives mais c’est comme si la flemme s’était emparée du film pour nous présenter un résultat final bonnard, sympa à regarder lors d’une soirée pop-corn, mais qui ne restera pas impérissable dans nos mémoires.

Idéal pour toute la famille, destiné clairement à un jeune public, Sonic remplit son cahier des charges et c’est tout, ni plus ni moins. Scénario simple que l’on suit volontiers, personnages dans les clous sans débordement, effets spéciaux géniaux mais pas novateurs, références présentes mais peu comprises, reste à espérer que si suite il y a, cette dernière parviendra à rendre un hommage plus vibrant au matériau d’origine. Revoir Jim Carrey fait carrément plaisir et s’il fallait passer par ce film pour que ça se fasse, tout n’est pas perdu. Mon enfance n’est donc pas brisée mais le film, envers et contre tout, n’est pas plus fort que le jeu.

Bon, je vais rebrancher ma Mega Drive, du coup.  

Derniers commentaires

13.06 | 05:23

Merci pour le concours

03.04 | 19:28

Merci, bonne soirée à tous. 😊🍀

22.03 | 14:38

super

22.02 | 21:57

En effet cher Critiker 😉 très bonne critique du film, qui me rappelle une discussion... devant la salle du ciné 😅 Mark Wahlberg si j'ose (il manque pas d'air le Beep... Enfin si, mais là c'est Mark)😱

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