Zombies en fan-service

Resident Evil, c’est tout d’abord une franchise de jeux vidéo débutée en 1996 avec le titre éponyme. Offrant des heures de gameplay dans un contexte horrifique bien rodé, c’est une lignée qui s’étend actuellement à plus d’une vingtaine de jeux dont le petit dernier, Resident Evil : Village est sorti en 2021. Côté cinéma, la saga est transposée sur grand écran dès 2002 pour s’étirer jusqu’en 2016, avec plus ou moins de succès. En gros, on aime ou on n’aime pas, mais les critiques restent passablement mitigées.

Seulement un an après la sortie du dernier chapitre cinématographique de la saga, un reboot est annoncé. La production joue aux chaises musicales concernant le scénariste avant de s’arrêter sur Johannes Roberts, qui se verra également attribuer la casquette de réalisateur. On nous promet un reboot digne de ce nom, implantant une origin story à la fin des années 90 afin de revenir sur l’ambiance des premiers jeux. Alors, est-ce réussi ? Ce nouveau Resident Evil va-t-il nous faire tressaillir ? Les zombies billent-ils quelque chose en matière de fan-service ? On s’empare de notre dernière dose de Virus-T et on se lance dans la critique ! ATTENTION : des spoilers sont présents dans cet article (mais est-ce vraiment grave ?)

En 1998, la ville de Raccoon City vit des heures sombres. La multinationale pharmaceutique Umbrella Corporation a quitté les lieux, laissant une pauvreté s’abattre sur la cité. Dans ce contexte déjà passablement délétère, il s’avère qu’une fuite de produits chimiques transforme gentiment les habitants en zombies. Claire Redfield revient dans sa ville natale pour retrouver son frère Chris et le convaincre de mettre fin à cette folie en dénonçant Umbrella, qui les a pourtant recueillis l’un et l’autre après la mort de leurs parents.

Quand Johannes Roberts promettait un retour aux jeux d’origine, on peut dire qu’il n’avait pas menti. En visionnant le film, on se retrouve plongé dans les deux premiers opus, respectivement sortis en 1996 et 1998. Mais est-ce que cela n’est pas un peu TROP proche des jeux ? (ah, là, là, je suis jamais content, moi).

Commençons avec le casting qui reprend, drastiquement, les personnages des jeux. Ici, pas d’Alice ; uniquement des persos bien connus des gamers de l’époque. Claire Redfield (Kaya Scodelario) revient à Raccoon City pour retrouver son frère Chris (Robbie Amell). Ce dernier, membre des forces de police de la ville, travaille avec Albert Wesker (Tom Hopper), Jill Valentine (Hannah John-Kamen) et le petit nouveau Leon S. Kennedy (Avan Jogia), entre autres.

Alors que Claire vient de retrouver son frère, des alarmes se mettent en branle dans toute la ville, intimant les habitants de rester chez eux. L’équipe Alpha de la police de Raccoon City doit alors se rendre au Manoir Spencer, ancien fief d’Umbrella, pour découvrir pourquoi les alarmes d’urgence retentissent. Pendant ce temps, Claire protège le commissariat avec l’aide de Leon et Brian Irons (Donal Logue), le chef de la police. 

Très vite, les survivants apprennent qu’une fuite de produits chimiques transforment les habitants en zombies et autres monstres potentiellement dangereux. L’un des responsables d’Umbrella resté en ville, William Birkin (Neal McDonough) se voit obligé de fuir avec sa famille avant que la multinationale ne balance une bombe sur la cité, histoire d’effacer toute trace de cet incident.

Vous, les gamers qui lisez cela, vous l’avez ? Oui, il s’agit pile-poil du scénario des deux premiers jeux. Autant dire que si vous avez déjà eu le plaisir de jouer à ceux-ci, aucune surprise ne vous attend, le scénariste-réalisateur s’étant sans doute attelé à simplement recopier la trame pour la transposer à l’écran. Là où, dans le premier jeu, l’introduction était filmée en images réelles, on sent qu’ici, c’est une transposition totale qui a été faite à l’écran.

Dès lors, pour ceux qui connaissent la saga, il n’y aura aucune surprise. Certes, le cadre a été placé pour effectuer un mélange entre deux opus vidéoludiques, mais cela s’arrête-là. Personnellement, vu que je connaissais l’histoire, je me suis plutôt amusé à découvrir tous les clins d’œil présents dans le film par rapport aux jeux… et c’en est rempli.

Je me suis alors surpris à me dire « Ah, on aura un doberman ! » lors d’une scène du début ; « Trop bien ! Reprise de la scène où l’on voit un zombie pour la première fois dans le jeu ! » lors de l’arrivée au Manoir Spencer ; « Oh, un Licker ! » lors de la scène dans l’orphelinat ; « Eh, la transformation de Birkin ! » lorsque cela se produit ; « Mais… il a foutu quoi, le décorateur ? » en découvrant que ce dernier avait inscrit le numéro d’urgence 116 au lieu de 911 sur une voiture de police.

Tout cela pour arriver à une confrontation finale pratiquement risible où je me suis demandé si l’ultime mutation de William Birkin ne pouvait pas envoyer sa candidature pour devenir un antagoniste dans la série de jeux Medievil tant ça n’envoyait aucune vibe de trouille. Puis, rapport d’Umbrella, écran noir, scène inter-générique (« Yeah ! Wesker avec ses lunettes et la venue d’Ada Wong, c’est bien vu ») et… fin.

Pour du fan-service, c’est du fan-service. Bien que l’histoire puisse facilement se suivre (ce n’est pas bien compliqué, me direz-vous), j’ai plus eu l’impression d’avoir une suite de scènes pour faire plaisir aux gamers assidus de l’époque plutôt que de tenter d’obtenir les faveurs des nouveaux arrivants. Car, en soit, il s’agit d’un film traitant de zombies et de monstres et restant parfaitement dans les rails de ce que l’on peut attendre de ce type de métrage.

Pourtant, Johannes Roberts ne nous avait pas menti ; cela ressemble bien plus aux jeux que le film de 2002 dirigé par Paul W. S. Anderson… mais est-ce plus légitime ? Si ce film était sorti en premier, il y a 20 ans, est-ce que cela aurait changé la donne ? Il faudrait trouver un amateur de films d’horreur ne connaissant que dalle à la saga Resident Evil pour avoir un avis plus qu’objectif, mais autant demander à un pingouin s’il n’a pas vu passer un dromadaire.

Je dois vous l’avouer, fans de ciné, ce qui a sauvé ce film d’une mention « Daube totale » lors de cette critique, c’est bien cette nostalgie des premiers jeux Resident Evil. En cherchant les détails parsemés en cours de métrage, je me suis retrouvé propulsé dans mon enfance alors que je découvrais le Manoir Spencer, manette à la main, tremblant à l’idée de ne pas avoir assez de balles pour dégommer de possibles morts-vivants qui se jetteraient sur moi. Cette trouille de jeunesse s’est transformée en nostalgie bienvenue lors du visionnage, bien qu’aucun sursaut ne soit à mentionner en cours de lecture.

Personnellement, au vu du contexte horrifique actuel, n’y aurait-il pas mieux valu de s’inspirer des derniers jeux (principalement Resident Evil 7, Village étant tout de même trop récent) ? Dans ceux-ci – ATTENTION SPOILER CONCERNANT LES JEUX – on découvre « l’avant Umbrella » et cela permet une immersion horrifique bien plus poussée. C’était d’ailleurs le scénariste Greg Russo qui voulait s’inspirer de l’ambiance de Resident Evil 7 pour travailler sur ce reboot.

A la place, nous avons donc un fabuleux film-fan-service qui va ravir tous les amateurs des premiers jeux, nous transportant dans ce monde fabuleux de nos premières trouilles vidéoludiques ! Mais pour ce qui est de la crédibilité même du film, qu’il s’agisse des personnages (Leon à la masse, Claire déterminée comme Rocky avant un match, Chris qui semble à des kilomètres d’en avoir quelque chose à foutre, Wesker assez gentillet, les zombies peu affairés à leur travail), de l’histoire (suite de scènes pour faire plaisir aux fans) ou de l’effet de trouille (inexistant, nous sommes d’accord), il faudra malheureusement repasser.

Reste à espérer que ce film fasse quand même son travail et permette la mise en chantier d’une suite qui, elle, prendra un essor différent, en nous présentant par exemple un Nemesis en pleine maison perdue dans les Everglades, nous narrant les mésaventures du reste de l’équipe Alpha de Raccoon City devant aller sauver un certain Ethan Winters. Enfin, là, je fabule, mais tout ce qui pourrait sauver cette possible franchise, c’est une suite osant sortir des sentiers battus, faisant de la transposition et non du copier-coller.

Enfin bref, bienvenue à Raccoon City !

Derniers commentaires

13.06 | 05:23

Merci pour le concours

03.04 | 19:28

Merci, bonne soirée à tous. 😊🍀

22.03 | 14:38

super

22.02 | 21:57

En effet cher Critiker 😉 très bonne critique du film, qui me rappelle une discussion... devant la salle du ciné 😅 Mark Wahlberg si j'ose (il manque pas d'air le Beep... Enfin si, mais là c'est Mark)😱

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