Mais tu peux visionner

En 2020, Ángel Gómez Hernández fait ses débuts de réalisateur pour nous mettre en boîte Voces, connu dans nos contrées sous le titre N’écoute pas. Un film d’horreur qui vient d’Espagne ? Evidemment que je vais procéder au visionnage, tiens ! Bien que le titre ainsi que le pitch ne semblent pas envoyer du fondamentalement lourd, je m’attends à être surpris en bien. Ai-je raison ? Quelle est la probabilité que je me plante ? Entendre des voix, est-ce mauvais signe ? On met ses écouteurs et on se lance dans la critique. ATTENTION : cet article contient des spoilers, mentionnés par une balise

Daniel (Rodolfo Sancho), son épouse Sara (Belén Fabra) et leur fils Eric (Lucas de Blas) s’installent dans leur nouvelle maison, le but étant de la rénover pour la revendre ensuite. Eric voit une psychologue à cause de voix qu’il entendrait au sein même de la bâtisse. Après la mort de celle-ci, les voix semblent devenir plus insistantes, faisant de la vie de cette petite famille un véritable cauchemar. Pour parer à la situation, Daniel va faire appel à un expert en paranormal, Germán (Ramón Barea), spécialisé dans les voix de l’au-delà.

Peu à redire sur le casting. Rodolfo Sancho n’en est pas à son coup d’essai et nous brosse le portrait d’un père attentionné et présent. Belén Fabra, aidée de sa filmographie fournie, campe une mère de famille soucieuse mais juste. Pour sa première apparition dans un long métrage, le jeune Lucas de Blas est pile dans le ton de l’enfant poursuivi par des forces qui le dépassent.

Et que dire de Ramón Barea, véritable dinosaure du cinéma et de la télévision ? Touchant et probant dans le rôle du spécialiste en paranormal ayant tragiquement perdu son épouse, il est une force de frappe non négligeable dans le récit, tout comme sa fille à l’écran, Ruth (Ana Fernández), tous deux tiraillés entre leur devoir envers la famille de Daniel et leurs propres démons.

Côté récit… on reste dans un certain conventionnalisme horrifique de ces dernières années. On découvre tout d’abord la famille, cette dernière vit des éléments dramatiques, histoire de nous rendre plus empathique et également d’intensifier la tension, tout cela avant que nous découvrions le pourquoi de ces voix… tout en restant assez stoïque devant cette révélation.

Mais on voit clairement que le réalisateur aime les films d’horreur et ce dernier prend grand soin de jouer avec les ficelles du genre sans se prendre les pieds dedans. Jump scares sortant de nulle part mais arrivant au moment opportun ; utilisation de l’arrière-plan pour faire battre notre palpitant ; drames imprévus ; jeu avec la flippe ressentie par le spectateur ; non, vraiment, Ángel Gómez Hernández connaît son sujet.

On peut le voir dans sa façon de jouer avec nos nerfs. La scène du lit (on voit quelque chose en bas… mais pas en haut… tiens, tiens), l’esprit qui fait joujou avec Germán en arrière-plan, les dires extrêmement perturbants des voix, et j’en passe. En outre, N’écoute pas a la palme de la cassure de fenêtre qui m’a fait le plus sursauter de tous mes visionnages, annonçant, qui plus est, un drame sinistre.  

Certains éléments vont même carrément nous surprendre car n’entrant pas dans un conventionnel horrifique absolu. Pour en savoir plus, passez la balise des spoilers ci-dessous. La fin de ces derniers sera également mentionnée. Mais si vous n’avez pas vu le film, c’est à vos risques et périls.

A PARTIR DE CETTE LIGNE, SPOILERS EN ACTION !

Le réalisateur gère donc admirablement la forme de son histoire, à tel point que la mort de la psychologue nous met directement dans l’ambiance, via les dessins d’Eric accrochés au mur. Puis, plus tard, c’est au tour du bambin de mourir dans des circonstances dramatiques, nous plongeant dans un univers moins connu des récits horrifiques de ce genre. Tiens, la famille ne sera au complet pour la fin.

Autant vous dire que la mort de Sara, la mère endeuillée, nous met carrément une claque. Le film supprime les protagonistes principaux les uns après les autres et ça, ce n’est pas chose habituelle. On s’attendait à une histoire de familles devant se dressant contre une force maléfique mais là, c’est une autre paire de manches.

Tout cela pour en arriver à un final dévastateur où vraiment PERSONNE n’est à l’abri. Les dessins d’Eric présentaient de funestes présages qui se sont réalisés et qui ont eu raison de toute la famille de Daniel. Sur ce point, on peut dire qu’Hernández maîtrise son sujet jusqu’au bout.

Avec la scène finale entre Germán et sa fille Ruth, on comprend alors que les personnages principaux étaient nos experts en surnaturel et qu’ils semblent vouloir rempiler pour une nouvelle affaire. Aura-t-on droit à une saga de type Conjuring en version espagnole ? Si c’est le cas, j’en reprends volontiers une part !

C’est sur le fond de son récit, écrit par Santiago Díaz, sur une idée de Victor Grado et du réalisateur, que ça va pécher. On se retrouve dans une traditionnelle histoire de hantise, où une maison ayant connu des drames innommables avec des procès pour sorcellerie va être infestée par la présence diabolique de l’une d’elles. Retrouver le corps et le détruire peut alors régler le problème. Conventionnel à outrance… mais tellement bien mené.  

FIN DES SPOILERS ; VOUS POUVEZ LIRE TRANQUILLE

Les thèmes abordés sont les mêmes que ceux vus dans les films d’horreur de manière générale ; le deuil, les problèmes familiaux, la dureté de la vie, l’incompréhension d’un acte mortel, on s’y retrouve et c’est rondement bien mené par le réalisateur. Qui plus est, choisir les « voix blanches » comme thème central, respectivement les causettes qui viendraient de l’au-delà, est une bonne idée car peu exploitée dans le cinéma horrifique de manière concrète. Même si la raison finale reste conventionnelle, l’idée est bonne.

Vous pouvez donc procédez au visionnage de N’écoute pas… et z’allez bien être obligé d’ouvrir vos oreilles pour comprendre quelque chose. Cependant, on se trouve ici en présence d’un film réalisé par un type qui aime beaucoup le cinéma d’horreur et qui saura satisfaire les amateurs du genre. Une forme maîtrisée, des acteurs convaincants, des séquences frissons honnêtes, ce n’est pas une histoire hyper-connue qui viendra perturber plus que de raison le plaisir de visionner ce film… et de l’écouter.  

Et si votre téléphone se met à grésiller… changez de marque.

Derniers commentaires

13.06 | 05:23

Merci pour le concours

03.04 | 19:28

Merci, bonne soirée à tous. 😊🍀

22.03 | 14:38

super

22.02 | 21:57

En effet cher Critiker 😉 très bonne critique du film, qui me rappelle une discussion... devant la salle du ciné 😅 Mark Wahlberg si j'ose (il manque pas d'air le Beep... Enfin si, mais là c'est Mark)😱

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