Un film MOrTEL

Les thrillers bien sentis se déroulant dans un motel paumé au milieu de nulle part, il y en a un certain nombre. On peut citer Motel de Nimród Antal (2007) ou encore les mésaventures de Norman Bates, en films ou en série. Et puis, il y a les métrages avec Nicolas Cage, l’homme à la coupe de cheveux irrégulière. Bien qu’il ait eu un certain nombre de rôles marquants, n’en reste que ces dernières années, il n’est pas au mieux de sa forme dans les choix de ses contrats. Tignasse improbable plus mauvais choix et vous obtenez The Watcher, narrant la reprise d’un hôtel par un couple découvrant que des choses pas très nettes se déroulent dans les environs, le tout sous la direction de Tim Hunter, qui s’y connaît quand même en réalisation. Sur le papier, ça paraît correct… et le visionnage commence. ATTENTION : cet article contient des spoilers

Après la terrible perte de leur fille, Ray (Nicolas Cage) et Maggie (Robin Tunney) décident ce prendre un nouveau départ. Ils achètent un motel isolé et s’improvisent gérants, faisant connaissance avec les gens du coin. Puis, lors de l’exploration du bâtiment pour procéder à quelques rénovations, Ray découvre un passage menant à un miroir sans tain donnant dans une chambre. Tandis qu’il prend goût au voyeurisme, il apprend également qu’une jeune fille a été assassinée dans le motel et une autre a récemment disparu. Bref, la dèche quoi.

Armé de sa coupe de cheveux ultime et de sa barbe fournie, Nicolas Cage prend le rôle de Ray. Un homme quelque peu colérique et avec une méchante tendance à aller voir à gauche, bien qu’il essaie de se calmer. Son épouse Maggie est interprétée par Robin Tunney (Dangereuse Alliance, The Zodiac, Prison Break), essayant de tourner la page après la mort tragique de leur fille. Nous avons aussi le shérif du coin, Howard, joué par Marc Blucas, possédant un humour pour le moins curieux et kiffant le café bouillant au petit matin. Dans l’ensemble, les acteurs ne sont pas des billes ; ce qui pose problème, c’est autre chose.

L’écriture des personnages en prend déjà un coup. Oui, le couple débarque fraîchement dans leur nouveau motel en espérant pouvoir se détacher plus facilement du drame qui vient de se jouer au sein de leur famille. Et même si les caractères des protagonistes sont bien mis en avant et permettent de les identifier, la trame de la profondeur de chacun d’entre eux se perd en incohérences. Que ce soit dans leurs choix, leurs comportements, leurs attitudes, on se demande comment ça peut rester crédible.

Et puis, il y a le scénario. On commence fort avec une histoire surfant sur la vague du Bates Motel et de Motel, deux exemples cités en introduction. Les circonstances de la mort de la fille du couple m’ont cruellement fait penser à Antichrist, de Lars Von Trier ; un couple faisant tagada laisse son enfant sans surveillance qui tombe par la fenêtre. Ici, c’est Monsieur qui procédait à une séance de zigzig pendant que Madame se trouvait dans un coltard total suite à l’absorption de substances pouvant mener à une dépendance. Bien, bien.

On reste dans un standard absolu, ennuyant. On commence le film avec la présentation des personnages… qui déambulent un certain temps dans les environs avant que les choses ne commencent de se corser. Les plans et l’image restent corrects et permettent de ne pas totalement sombrer dans un état de stase encore humainement méconnu. Et puis, les choses commencent à s’accélérer. Est-ce que cela va faire décoller le métrage ?

La découverte du miroir sans tain dans la chambre 10 ? Même pas mal ! Bien que le voyeurisme dont se rend coupable Ray soit malsain sur le fond, rien ne transparaît à l’image. Les clashs du couple sont bien tournés mais ne présentent pas fondamentalement une incidence scénaristique caractéristique. Le coup du cochon dans la piscine ? Oui, oui. C’est marrant de voir Ray essayer de choper la bête avec l’épuisette. Nous aussi, on commence à être épuisé.

Puis, dans la seconde moitié du métrage, quand Nicolas Cage commence d’enquêter et d’être franc avec sa femme, on sent qu’il y a clairement une volonté de s’émanciper de cette torpeur infâme. Malheureusement, rien ne semble pouvoir sauver la mise. Même les dernières scènes où l’on apprend l’identité du meurtrier (que l’on découvre assez vite si on est un habitué des thrillers), ne sortent pas de l’embourbement d’ennui dans lequel on s’est fourré… et c’est fort dommage.

Que s’est-il passé avec le réalisateur Tim Hunter ? Il faut croire que le thriller, ce n’est pas son domaine de prédilection. Pourtant, même si le film est ennuyeux (et vous me connaissez ; je chercher toujours quelque chose qui pourrait bien aller), il faut mentionner la présence d’acteurs qui envoient et qui, envers et contre tout, restent tout de même de bons acteurs, à commencer par Nicolas Cage. Ben oui, ce n’est pas parce que ses rôles sont souvent nazes ces dernières années qu’il ne joue pas correctement. L’écriture des persos, ça fait beaucoup.

L’ambiance du film, (trop) calme et (pas assez) grave reste tout de même dans ce que l’on peut attendre d’un thriller. On dira que c’est doucereux pour un sujet aussi glauque que le voyeurisme, sujet qui n’est d’ailleurs pas immensément mis en avant dans le métrage. A un moment, j’ai cru que j’allais me retrouver dans une sorte d’ersatz de 8 mm de Joel Schumacher (avec un Nicolas Cage impeccable), et puis non. Le soufflé est retombé… mais… il n’est jamais monté, en fait.

Il est clair qu’au vu du sujet, il y avait moyen de faire un thriller plus cossu et surtout avec des rebondissements plus explicites. Durant le film, on tente de nous mettre sur de fausses pistes concernant le meurtrier de la jeune fille. Mais nous, spectateurs aux aguets, ne sommes pas dupes. Après le concept grandement remis au goût du jour avec Scream de Wes Craven, si l’on veut faire croire au public que quelqu’un est suspect, il ne suffit pas de le montrer à l’écran ; il faut des raisons de nous soumettre ce choix. Et ça, The Watcher ne le fait aucunement.  

Ce métrage ne possède pas vraiment de qualités. C’est le film idéal si vous ne connaissez pas du tout le genre « thriller » et que vous souhaitez vous lancer en douceur. Malgré une ambiance pesante mais pas maîtrisée et des acteurs qui ont fait leurs preuves dans d’autres films mais pas celui-ci, on ne se retrouvera pas en mode de tension une seule seconde devant The Watcher. Dommage ; on s’attendait à plus prenant.

Et si la chambre 10 est libre, je passe mon tour. 

Derniers commentaires

13.06 | 05:23

Merci pour le concours

03.04 | 19:28

Merci, bonne soirée à tous. 😊🍀

22.03 | 14:38

super

22.02 | 21:57

En effet cher Critiker 😉 très bonne critique du film, qui me rappelle une discussion... devant la salle du ciné 😅 Mark Wahlberg si j'ose (il manque pas d'air le Beep... Enfin si, mais là c'est Mark)😱

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