Comment est-ce possible ?

Soi-disant remake du film Unhinged réalisé par Don Gronquist en 1982, l’original est de loin, mais de très loin, plus crédible que ce métrage-ci. Avec Dan Allen à la réalisation, la base absolue reste la même que celui de 1982 (des amies sur la route finissent dans un manoir où vit une femme étrange) mais pour la comparaison, on s’arrêtera là. Car dans cette étrangeté de 2017, on va retrouver une pétée de choses complètement unhinged, justement. Qu’est-ce qu’il s’est passé ? Remaker un film présent sur la liste des « video nasties », est-ce une bonne idée ? Comment est-ce possible ? La vie est faite de nombreuses surprises ; des bonnes… et parfois des mauvaises. ATTENTION : cet article contient des spoilers (mais honnêtement, on s’en fout)

Quatre amies américaines traversent l’Angleterre pour se rendre au mariage de l’une d’elles. En route, elles tombent sur un os ; un jeune homme les agresse et la sœur de la mariée le tue en légitime défense. Que faire ? Appeler la police ? Planquer le corps ? Tout ça pour louper le mariage ? Qu’importe ! Elles le balancent dans le coffre et continuent leur chemin. L’essence venant à manquer, elles demandent l’hospitalité à Miss Perkins, une femme étrange, vivant seule dans une grande maison. Mais tout ça, ça sent le début des ennuis.

Melissa (Kate Lister) va prochainement se marier et ça, ça représente tout pour elle. Follement amoureuse de son futur mari, elle taille la route avec ses copines à travers la Grande-Bretagne pour se rendre à l’autel. Sa petite sœur Lisa (Lucy-Jane Quinlan) lui en veut encore pour son départ après la mort de leurs parents. Mais, pas rancunière, elle va tuer un voyou qui s’en prenait à sa grande sœur, mettant tout le monde dans de beaux draps. Et que penser de Gina (Becca Hirani) et Thalia (Lorena Andrea), démarrant une relation ensemble mais ne sachant pas si cela est bien ou mal ? Toutes prises dans la tourmente, elles vont se retrouver chez Miss Perkins (Michelle Archer) afin de faire le point et de trouver des solutions. Mais ce n’était clairement pas le bon endroit.

Que l’on s’entende ; le problème, ce n’est pas les acteurs présents dans le métrage. Le problème, c’est l’écriture des personnages… et leurs choix douteux. Alors oui, on ne se retrouve pas tous les jours entre potes, face à un corps fraîchement tué par notre frangine, en se rendant à un mariage. Mais de là à se dire que la meilleure des solutions, c’est d’embarquer le cadavre dans la bagnole pour le planquer quelque part (alors qu’elles se trouvent déjà au milieu de nulle part), c’est franchement bizarre.

Et ça ne s’arrête malheureusement pas là. Surfant sur les choix les plus spaces de toute l’histoire, Dan Allen (réal’, mais aussi au scénario avec Scott Jeffrey) continue le massacre avec des incohérences en veux-tu en voilà. Ne suivant aucune des mises en garde, les personnages font l’inverse de ce qu’il faut faire. Planquer le corps en creusant une tombe avec vue directe depuis une fenêtre de la maison ? Check. Se rendre en forêt alors que l’étrange Miss Perkins, fusil au poing, a dit qu’il ne fallait pas ? Check. Planquer sa sœur dans l’endroit préféré d’Harry Potter en attendant de trouver une solution ? Check. Se faire poursuivre par un malade déguisé en mariée et ne pas s’armer avant les dernières minutes du film ? Check. J’en passe, ne vous inquiétez pas.

Mais nous avons un atout ; Miss Perkins ! Michelle Archer joue un personnage possédant un passé, un présent… et un avenir relatif. Quoiqu’il en soit, ses mimiques, son étrangeté et son sourire faussaire nous indiquent clairement que nous nous retrouvons face à quelqu’un de peu stable… et qu’il vaut mieux l’écouter avant qu’il ne soit trop tard. La scène dans le grenier est particulièrement sympathique, nous faisant profiter un peu de ce que l’actrice et le personnage ont à nous offrir.

Et côté horreur, ça se passe comment ? Pour être franc, les scènes impliquant des effusions d’hémoglobine sont bien vues… dommage que je n’apprécie que moyennement la confiture de fraise. Cependant, la tension est présente et nos nerfs peuvent potentiellement (je dis bien POTENTIELLEMENT) être mis à l’épreuve durant quelques parties de cache-cache entre les jeunes femmes et un individu complètement barré déguisé en mariée. Les morts sont pourtant graphiques et font même parfois un peu mal, mais cela reste doucereux. Pour le reste, on repassera, car l’horreur n’est pas au rendez-vous. Et dire que le film original était présent sur la liste des « video nasties »…

Le scénario avance péniblement, multipliant les longueurs et les sous-intrigues qui n’apportent rien à l’histoire. Les deux sœurs pseudo-déchirées après la mort de leurs parents ? Mais bon sang, il faut utiliser une intrigue comme celle-là, et pas simplement en faire mention pour justifier quelques actes de la grande sœur en fin de métrage. La difficulté pour les deux autres filles de démarrer une relation ? Simple prétexte pour une scène de bécotages et l’incursion dans la forêt de l’une d’elles. L’histoire de Miss Perkins, tragique et dérangeante ? Aucune explication, même si l’introduction du film voulait nous faire croire le contraire.

Tout ça pour en arriver à une fin où la révélation ne fait pas vraiment mouche car mal amenée durant tout le métrage. On baille un peu, on attend que ça se passe et on se demande comment tout cela va bien pouvoir se terminer. Tiens, à peu près comme on le pensait. Dommage. Et que dire de la voix de l’antagoniste principal ? Tout à fait honnêtement, valait mieux partir sur une histoire de possession démoniaque ; ça aurait été plus crédible.

Et la toute fin du métrage nous offre une chose incroyable ; un vrai sursaut d’humour anglais, bienvenu et salvateur. Seulement, la scène en question ne dure que cinq petites secondes. Pourquoi ne pas avoir fait tout le film sur le même ton que celui utilisé dans le pressing ? Pourquoi ne pas être parti sur quelque chose de plus couillu et de moins prévisible ? Pourquoi ? POURQUOI ?

Parce que, simplement, nous sommes ici en présence d’un remake, ne faisant qu’effleurer les idées de l’original sans forcément les mettre en pratique ou les améliorer. C’est de cette manière qu’on se retrouve en 2017 avec un film d’horreur à l’affichage attrayant et au synopsis nous titillant les neurones, avant de se rendre compte lamentablement que c’est une daube.

Unhinged nouvelle version ne convainc pas du tout. Qu’il s’agisse de la trame principale, des choix des personnages, des situations, des sous-intrigues, des explications liées à l’histoire, il n’y a pratiquement rien à sauver. On a réussi à sortir Miss Perkins avant le sinistre, les meurtres restent dans le tir de ce que l’on peut attendre d’un slasher, et les cinq dernières secondes nous font sourire pour de vrai. Le reste, malheureusement, c’est un peu à ranger dans la cabane au fond du jardin pour ne plus en entendre parler.

Ou alors de l’enterrer dans une tombe de fortune juste sous l’angle d’une fenêtre, c’est au choix.  

Derniers commentaires

13.06 | 05:23

Merci pour le concours

03.04 | 19:28

Merci, bonne soirée à tous. 😊🍀

22.03 | 14:38

super

22.02 | 21:57

En effet cher Critiker 😉 très bonne critique du film, qui me rappelle une discussion... devant la salle du ciné 😅 Mark Wahlberg si j'ose (il manque pas d'air le Beep... Enfin si, mais là c'est Mark)😱

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