Pas comme un vrai petit garçon...

Remarqué en 2016, le film The Boy parvenait à s’affranchir d’une convenance scénaristique en nous proposant une fin totalement renversante et bien pensée. Le réalisateur, William Brent Bell, remet le couvert pour un nouvel opus en 2020, nous proposant une nouvelle histoire autour de la poupée de porcelaine à l’effigie de Brahms. Cette suite va-t-elle nous terrifier ? Peut-on aller plus loin que la conclusion du premier film ? Pourquoi les poupées semblent-elle poser un tel problème ? Tout en gardant en tête que les suites ça passe… ou ça casse, on se lance dans la critique. ATTENTION : cet article contient des spoilers mentionnés par une balise

Liza (Katie Holmes), son mari Sean (Owain Yeoman) et leur fils Jude (Christopher Convery) déménagent dans une maison isolée après avoir été victimes d’un violent cambriolage. Déstabilisé par ce drame et s’enfermant dans un mutisme total, le jeune garçon découvre une poupée de porcelaine enterrée dans la forêt et décide de la ramener à la maison. L’objet, qui dit se nommer Brahms, va lentement mais sûrement étendre son influence sur toute la famille.

Géographiquement, nous sommes au même endroit que le film précédent à ceci près que la petite famille vit dans la dépendance du manoir principal de la famille Hellshire, les parents de Brahms. Lors d’une bucolique balade en forêt, tout le monde trouve normal de ramener à la maison une poupée enterrée au cœur des bois. Ils n’ont jamais vu de film d’horreur ?

On va dire que je cherche la petite bête et que, majoritairement, les raisons évoquées dans les films d’horreur pour déclencher l’histoire sont peu crédibles. Outre ce point de détail, nous faisons la connaissance des personnages qui restent intéressants dans leur approche.

Liza, mère de famille choquée par son agression lors du cambriolage, peine à se remettre de cette terrible rencontre au même titre que son fils Jude. Ce dernier, utilisant un calepin pour communiquer avec ses parents, a tout de l’enfant qui va avoir un contact direct avec une entité peu sympathique. Sean, le père, tente de protéger sa famille et d’instaurer le dialogue avec chacun par tous les moyens. Rien à redire du côté du travail des acteurs.

En suivant cette histoire, nous retrouvons la fameuse poupée du premier opus ; Brahms. Figure puissante dans le premier film et avec une fin carrément bien fichue (j’y reviendrai), on la retrouve ici avec un potentiel toujours aussi grand ; sa face figée nous inquiète et son inactivité n’a d’égale que l’impression floue d’angoisse lorsqu’elle se trouve dans une pièce.

Malheureusement, sans nous bluffer avec un style qui déchire et usant et abusant des jump scares, le film s’enlise lentement dans une morosité scénaristique abyssale. Le premier métrage ne nous transcendait pas par sa capacité à sortir des sentiers battus en matière d’ambiance et d’utilisation des différentes manières de faire peur au spectateur, mais il avait au moins l’audace d’une fin percutante. Ici, y’a que dalle. 

ATTENTION : à partir de ce point, des éléments essentiels de l’intrigue sont révélés ; si vous souhaitez une surprise complète, merci de revenir après visionnage

Car dans The Boy 2 : La Malédiction de Brahms, le titre prend tout son sens et le point de vue malin utilisé dans le premier film se fait totalement exploser dans ce second opus. William Brent Bell prend une route différente et fracasse l’optique selon laquelle rien de surnaturel ne se passait avec la poupée ; tout était du fait de Brahms, vivant dans les murs de la maison.

Dans le film présenté ici, la malédiction est bien avérée et intervient au moyen de l’effigie de l’enfant en porcelaine, basant l’intégralité du scénario sur un principe purement horrifique, sans surprise. On peut dès lors comprendre que la saveur du prédécesseur de The Boy 2 ne soit pas présente ici. En se contredisant, le réalisateur nous offre un film d’horreur tout ce qu’il y a de plus conventionnel, voir même rasoir.

On peut cependant louer la prise de risque, car pour oser revenir sur la fin du premier film, il fallait une certaine paire de balloches. Sur la base, l’idée est bonne et la mythologie est conservée mais aucun point d’ancrage ne vient confirmer cela pendant le film si ce n’est par la prestation de Ralph Ineson, jouant le gardien de la maison de la famille Hellshire, intrigant et surprenant dans son axe personnel.

Pire, la fin du film nous apporter un wagon de questions sans l’ombre d’une réponse. Quand tout cela a-t-il démarré ? Pourquoi est-ce que ça se passe ainsi ? Brahms a-t-il un lien de parenté avec Chucky, Annabelle et Dolly ? Les effets de la confrontation finale sont certes dérangeants mais n’apportent qu’un peu de CGI dans un monde qui n’en avait radicalement pas besoin. 

Bon, on pourrait dire que dans le premier film, Brahms était sous l’influence de la poupée et que, finalement, il y avait bien une entité maléfique là-dessous. Cela n’explique pourtant pas pourquoi l’effigie de porcelaine bénéficie d’une autonomie dans ce second opus et pas dans le premier. A mon avis, le premier métrage devait se suffire à lui-même, sans incursion de surnaturel à l’issue de son visionnage. Une suite ayant été demandée, il fallait choisir entre reprendre les standards du premier en changeant de décor ou partir sur autre chose quitte à casser les codes instaurés. Parfois, dans les choix que nous avons à faire, il n’y a pas un bon et un mauvais ; il s’agit de choisir le moindre mal.

Pour résumer, The Boy se suffisait à lui-même et une suite, même avec une telle tentative de risque, sentait carrément la prise de pied dans le tapis. Malgré des acteurs pas si mal et une mythologie conservée, on se contrefout de l’histoire et on se demande vraiment pourquoi un tel revirement. Pour épater ? Pour essayer quelque chose de nouveau ? Pour voir si c’était possible ? Espérons simplement qu’un troisième opus ne reviennent pas pour nous mettre en scène des extra-terrestres et une bonne dose de S-F.

La porcelaine, ça doit rester des théières, des tasses, des assiettes et c’est tout !

Derniers commentaires

13.06 | 05:23

Merci pour le concours

03.04 | 19:28

Merci, bonne soirée à tous. 😊🍀

22.03 | 14:38

super

22.02 | 21:57

En effet cher Critiker 😉 très bonne critique du film, qui me rappelle une discussion... devant la salle du ciné 😅 Mark Wahlberg si j'ose (il manque pas d'air le Beep... Enfin si, mais là c'est Mark)😱

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