On planche sur une suite

Deux ans après un premier métrage gnangnan réalisé par Stiles White, une suite (plutôt préquelle) voit le jour. On se dit alors « Mince, on va encore s’ennuyer ferme ». Mais bon, revenir aux origines de la planche maudite du premier film en nous narrant l’histoire de la famille Zander peut apporter un peu d’eau au moulin. Et là, on apprend que c’est un certain Mike Flanagan à la réalisation. Le Monsieur est déjà au fait d’Oculus, Hush et Before I Wake. On se dit alors qu’il peut y avoir un certain potentiel. C’est donc tremblant que je me suis demandé : Vais-je encore perdre du temps ? La planche à pain peut-elle se transformer en papillon ? Ai-je bien pensé à dire « au revoir » à l’issue du visionnage du premier opus ? Bref, à combattre sans risque, on meurt sans gloire ; je me lance. ATTENTION : cet article contient des spoilers

En 1967, à Los Angeles, la famille Zander excelle dans l’art d’arnaquer les gens avec leurs fausses compétences de médiums. Orchestrant des séances bien rodées en effets spéciaux, Alice (Elizabeth Reaser) apprend à ses filles Lina (Annalise Basso) et Doris (Lulu Wilson) les ficelles du métier. Mais les temps sont durs et il faut trouver de nouveaux moyens d’attirer la clientèle. L’achat d’une planche Ouija peut relancer la tendance… et par la même occasion déclencher la destruction de toute leur famille.

On démarre gentiment le film avec une fausse séance de spiritisme et la présentation de la famille Zander. Alice est une mère attentionnée faisant tout ce qui lui est possible pour que ses filles puissent vivre décemment dans la maison familiale. Actrice s’étant notamment illustrée dans quelques séries et dans la saga Twilight, Elizabeth Reaser gère parfaitement son rôle de mère. Vient ensuite l’aînée, Lina, adolescente type sortant en cachette et cherchant avant tout son indépendance. Rôle bien tenu (surtout dans la seconde partie) par la jeune Annalise Basso. Puis débarque Doris, la cadette, et là… on se dit qu’elle peut aller loin. Gérant habilement son statut de petite fille tout comme celui de jouet à la solde d’entités malveillantes, elle crève littéralement l’écran pour nous offrir une prestation qui colle admirablement les miquettes. Chapeau !

On note l’apparition courte de Sam Anderson comme client passablement remué de la famille Zander ; la présence post-générique de Lin Shaye, déjà de la partie dans le premier opus ; et le passage à l’écran du personnage du Père Tom, interprété par… Henry Thomas ! Ce nom ne vous dit rien ? Si je vous dis Elliott dans E.T. ? Ben voilà…

Avec une sympathique brochette d’acteurs comme celle-là, on part déjà sur quelque chose de relativement cossu… et l’histoire va aider à nous faire passer un agréable moment. En nous racontant les origines de la planche Ouija, on apprend alors comment la gentille et attentionnée Doris est devenue le réceptacle de tous les esprits environnants jusqu’à en devenir une fillette sur-possédée.

Pour nous présenter la chose, Mike Flanagan sait tout d’abord comment gérer les révélations de l’histoire. On commence donc avec cette séance de spiritisme constituée de bout de ficelle pour ensuite découvrir les déboires de la famille Zander et finalement l’achat de la planche Ouija. Cette dernière, nullement maudite au moment de son acquisition (n’est pas Chucky qui veut), ne va être qu’un conducteur pour permettre à Doris, détentrice de véritables dons de médium, d’accumuler les esprits en elle comme une unité de stockage. Une véritable clé USB spirituelle !

Dès lors, Alice et Lina commencent à constater des comportements plus que troublants tout comme le Père Tom qui découvre le pot aux roses non sans quelques gouttes de transpiration. S’ensuit une confrontation finale des plus tendues dans la maison familiale, nous expliquant de ce fait comment la planche s’est retrouvée au grenier et comment l’esprit de Doris est devenu si machiavélique.

Pour arranger encore les choses, le réalisateur sais maîtriser parfaitement ses plans dans le but de conserver une tension constante sans nous bassiner toutes les quinze secondes avec un jump scare. Usant à fond la gomme du premier et du second plan, nous avons toujours le visuel sur ce qui arrive sans pour autant bondir dans notre siège, mais nous laissant une impression de tension extraordinaire (la scène dans la cave avec le petit ami de Lina, Doris qui regarde la télévision, les apparitions via la goutte de la planche).

Bien sûr, quelques jump scares sont à mentionner, mais ils arrivent toujours au bon moment et sont opportuns dans l’histoire, nous permettant aussi de lâcher d’un coup une pression accumulée de minute en minute. Non, sérieusement, Mike Flanagan sait comment faire pour nous tenir en haleine et nous offrir plus d’une heure et demie d’épouvante comme on aimerait en voir plus souvent.

On peut en rajouter une couche avec les effets spéciaux qui sont bien gérés et convaincants dans les diverses situations présentées, notamment le changement radical de faciès de la jeune Doris lorsque ce n’est plus elle qui est sur le devant de la scène mais les divers esprits la possédant. Dans ces derniers, on peut mentionner un certain Marcus, affreux au possible (merci le miroir) et joué par un certain… Doug Jones. C’est d’ailleurs cet esprit qui va particulièrement poser un sérieux problème à la famille Zander.

Avec tout cela, on en arrive à une fin malgré tout connue si nous avons été les tristes témoins du premier opus. Mais là encore, alors que tout semble rentrer dans l’ordre une fois au chaud dans un hôpital psychiatrique, Flanagan n’en a pas fini avec nous. C’est lors d’une ultime scène où le danger vient de l’arrière-plan que nous allons écarquiller nos yeux une dernière fois, l’image finale étant, il faut le dire, terrifiante. Post-générique, c’est l’occasion de revoir Lin Shaye et de faire le lien avec le Ouija de 2014.

Un vrai film d’épouvante, ça fait quand même du bien ! En balayant son tragique prédécesseur, Ouija : Les origines nous offre de l’horreur bien foutue avec un réalisateur qui s’amuse d’un bout à l’autre avec des plans astucieux, qui gère bien des acteurs qui en veulent et qui sait comment foutre la trouille à ceux qui visualisent son métrage. On pense souvent que les suites et préquelles ne savent que creuser le trou plus profondément. Ici, Mike Flanagan renfloue l’abîme du premier film pour nous proposer quelque chose d’intelligent, de bien construit et de tendu. Un seul mot : merci !

Pour ce film, c’est un grand OUI – JA !  

Derniers commentaires

13.06 | 05:23

Merci pour le concours

03.04 | 19:28

Merci, bonne soirée à tous. 😊🍀

22.03 | 14:38

super

22.02 | 21:57

En effet cher Critiker 😉 très bonne critique du film, qui me rappelle une discussion... devant la salle du ciné 😅 Mark Wahlberg si j'ose (il manque pas d'air le Beep... Enfin si, mais là c'est Mark)😱

Partagez cette page