La possession n'était que le commencement

Créée par Robert Kirkman (The Walking Dead), cette série est apparue sur les petits écrans via la chaîne Cinemax en 2016. La première saison nous offrait du lourd en matière d’ambiance, conte macabre posé sur un fond de réalisme tout à fait délectable. En ajoutant à cela de bons acteurs et une intrigue tissée via des histoires de possessions, tout concordait au bien de la série. Avec cette nouvelle saison, les choses changent ; plus d’action, plus de révélations et plus d’intrigues plus ou moins complexes. Ce changement de ton de la série n’apporte pas que du mauvais, il faut le dire. Allons-nous apprendre ce qu’est devenue Allison ? Kyle et sa fille vont-ils se retrouver en mauvaise posture ? Les possédés deviendront-ils légion dans la petite ville de Rome ? Voyons tout cela ! ATTENTION : cet article contient des spoilers

Kyle Barnes et sa fille, Amber, reviennent dans la ville de Rome, conscients qu’ils ne pourront pas échapper aux nombreux possédés les poursuivant sans relâche. Le seul moyen d’en finir ; découvrir clairement ce que veulent ces démons et tous les renvoyer d’où ils viennent. Pour aider Kyle dans sa tâche, le Révérend Anderson (qui n’est plus trop révérend, en fait) et le chef de la police Byron Giles vont mettre la main à la pâte. Ensemble, ils vont découvrir les plans échafaudés par le terrible Sidney, se retrouver confrontés à un médecin possédé peut enclin à la sympathie et faire la connaissance de Dakota, une jeune femme membre d’une étrange communauté appelée « Le Phare ». Quant à Megan, elle se remet gentiment de la mort de son mari tout en se persuadant qu’il ne s’agissait que d’un accident. La ville de Rome va connaître des heures bien sombres.

Dans le casting principal, on prend les même et on recommence. Kyle Barnes (Patrick Fugit) est plus combattif que dans la première saison. Il passera par des épreuves plus rudes les unes que les autres avant de comprendre les réels enjeux de cette possession de masse. Touchant, souhaitant reconstruire quelque chose avec sa famille, cela ne sera pas chose aisée dans un contexte comme celui-ci. Le révérend déchu John Anderson (Philip Glenister) sera plus posé et se rendra alors compte que foncer tête baissée n’est pas la meilleure des options. Il faut dire qu’il a fait fort dans la première saison (pétage de plombs en public, descente régulière de scotch, incendie volontaire), et même s’il monte les tours quelques fois, cela donne une nouvelle dimension au personnage. Sa relation avec Kyle va rester relativement compliquée. A noter qu’il m’a terriblement fait penser à Giles, mentor d’une certaine Buffy, le look étant très proche et la voix française identique (assurée par Nicolas Marié).  

Suite à la perte de son époux et une petite possession au passage, Megan Holter (Wrenn Schmidt) va devoir se reconstruire et également gérer le comportement de sa fille Holly (Callie McClincy), consciente qu’il y a quelque chose de louche. Nous retrouvons également Allison Barnes (Kate Lyn Sheil), l’épouse de Kyle. Internée volontairement dans un asile psychiatrique, son séjour ne sera pas peinard pour autant. Le lieu donnera même droit à quelques montées de tensions sympatoches, alors qu’elle déambulera dans les couloirs et y fera des rencontres pour le moins angoissantes. En seconde partie de saison, elle deviendra plus active, nous présentant une autre facette de son personnage, que l’on saura apprécier.  

Le terrible Sidney (Brent Spiner) revient dans tous ses états. Entre l’éducation de son futur disciple, la gestion des possédés du coin, son petit problème de santé et la longueur de la file d’attente des personnes qui veulent lui en coller une, il aura fort à faire pour garder le cap. Jeu impeccable de la part de l’acteur, cabotinant jusqu’au bout. Une excellente surprise, celle de voir Byron Giles (Reg E. Cathey) beaucoup plus présent à l’écran. Le chef de la police de Rome et son épouse Rose (Charmin Lee) seront complètement intégrés à l’intrigue pour notre plus grand plaisir ! Touchant, permettant même de tirer une petite larme, ce magnifique couple va se retrouver en première ligne, devant faire des choix cornéliens pour parvenir à survivre. Amber (Madeleine McGraw), la fille de Kyle et Allison, passe au statut de personnage principal et nous dégotte une prestation forte appréciable pour son jeune âge.

Il reste encore ; Aaron (C.J. Hoff), véritable malade qui n’a rien à envier à Double-Face ; Patricia (Melinda McGraw), la mère d’Aaron, à qui la vie ne sourira pas tous les jours ; Blake Morrow (Lee Tergesen), complètement barré dans un rôle taillé pour lui ; Simon Barnes (C. Thomas Howell, l’éventreur de Boston dans Esprit criminels) en papa un peu déglingué ; l’excellent Bob (M.C. Gainey), propriétaire d’une décharge et grand connaisseur de ce qui se trame à Rome ; Dr. Kenneth Park (Hoon Lee), vicelard, adepte de la séquestration et anticonformiste ; et Dakota (Madelyn Deutch), une jeune femme énigmatique et membre d’une bien étrange communauté religieuse.

Toujours aussi sérieux dans leurs rôles, les acteurs nous offrent des prestations excellentes, jouant sur nos cordes sensibles et permettant ainsi des moments d’émotion comme des instants dramatiques. Tout le reste du casting vient apporter sa pierre à l’édifice pour compléter les habitants de la petite ville de Rome et ainsi littéralement donner vie au lieu. Du très beau travail.

Comme mentionné en introduction, la série va prendre une route différente que celle suivie dans la première saison. Dans celle-ci, l’ambiance était lourde, posée, presque stagnante par moment. Le temps nécessaire était pris pour construire la base des personnages et de l’histoire tout en avançant, gentiment, dans l’intrigue. Ici, en saison deux, on passe la seconde vitesse ! Tout en conservant une bonne mise en place du scénario, structurant ce dernier de manière à rester (du moins dans l’univers de la série) cohérent, les choses s’accélèrent, les révélations affluent… et c’est une bonne chose. On sent que la mythologie de la série a été bien travaillée durant la première saison, permettant de poser du plus lourd et cossu en-dessus.

Du coup, en accélérant le rythme, il est indéniable que l’horreur profonde présente dans la première saison va se transformer en autre chose. Je vous rassure ; Outcast reste une série d’horreur par excellence, ne tombant (pratiquement) pas dans le sursaut facile. Cependant, le poids de l’atmosphère que l’on pouvait précédemment ressentir se fera plus léger ici, tout en conservant la trame dans un univers horrifique pur jus, avec son lot d’apparitions étranges, de flashbacks furtifs et de situations sanglantes.  

Du sang et des morts, il va y en avoir dans cette nouvelle saison. Des rebondissements propres en ordre sont à prévoir ! La menace des possédés devient de plus en plus étouffante et on s’amuse toujours autant à se demander qui peut bien se trouver de quel côté de la barrière. Contrairement à la première saison, la menace devient ici plus tangible et la prise des armes n’est plus une option, ce qui peut sembler radicalement lointain pour une série parlant d’exorcismes. Ceux-ci, plus du tout pratiqués par notre révérend en pleine remise en question, seront assurés par les « parias » comme Kyle, usant de leur pouvoir tactile pour renvoyer les démons.  

En apportant cette nouvelle dynamique, on comprend aussi mieux la réaction de certains personnages de la première saison, se rendant compte qu’ils étaient possédés depuis de nombreuses années. Mais, qu’est-ce qui déclenche effectivement ces possessions ? Sans se perdre en convention et via une explication moisie de Sidney (« On ne décide pas où l’on va tomber »), on peut dire que l’orgueil reste la figure de style utilisée pour déclencher cela. D’ailleurs, l’un des personnages principaux aura fort à faire avec une entité obscure venant s’insinuer en lui en plein discours, alors que ce dernier narre tout savoir sur ce qui se passe en ville.

L’orgueil des personnages n’aura pas de limite et déclenchera bien des hostilités et autres situations complexes. Sidney va devoir payer le fait de tenter de former un disciple à son image ; Megan va s’en prendre plein la tronche de ne pas avoir cru aux cas de possessions ; et Rose, dans un sentiment d’auto-justice, va se retrouver dans une situation bien particulière. A nouveau, on retrouve cette notion d’ego et de foi, seul le sacrifice pouvant encore sauver les meubles.

Le sacrifice, notion ultime de la série Outcast, se place à quelques passages symboliques comme l’abandon de la dépanneuse par Kyle ou la scène finale. Cette dernière parviendra à nous tendre les golfs comme jamais et nous mettra dans un dilemme ; aurions-nous accepté la demande de Simon Barnes pour en finir ou notre côté humain l’aurait-il rejeté ? Une question qui prend tout son sens quand l’on comprend qu’Outcast parle bien plus de l’être humain que du démoniaque.  

Dans la série, les démons sont donc une conséquence liée à l’orgueil des personnages. L’être humain arrive très bien à se mettre dans la mouise tout seul, sans aide, et Kyle et son équipe sont là pour nous le rappeler. Thème cher à Robert Kirkman, la capacité des individus à se détruire malgré un but commun, également relatée dans The Walking Dead. Outcast reprend la même idée dans un contexte différent. Face aux démons (zombies), les habitants (survivants) devront faire des choix pour survivre et parfois, cela leur sera fatal.  

La communauté du Phare regroupe les possédés qui s’en sont sortis, faisant d’eux des élus (survivants ultimes) pour un nouveau monde. Même au sein de cette assemblée, des divergences viennent créer des failles entre les différents membres, fragilisant la structure et menant irrémédiablement à de mauvais choix. Tout comme dans la saison 1, Outcast est une allégorie de la vie, comme quoi ce n’est pas facile tous les jours. Et puis, il y a cette scène dans laquelle le Révérend fait un come-back tout à fait impressionnant, nous livrant ses réelles pensées au sujet du bien et du mal. Moment choc !

Le thème de la foi est bien entendu repris lors de cette seconde saison. Entre un homme de Dieu désabusé, un non croyant possédant un pouvoir d’exorcisme par le toucher et une communauté religieuse relativement extrémiste, on ne peut pas dire que la part soit belle pour le domaine de la foi ! Cependant, même si les représentations de cette dernière restent abruptes voire extrêmes, il ne faut pas oublier que tout tourne autour de cela, via le combat entre le bien et le mal, la notion de pardon (Megan et sa situation particulière), celle de sacrifice (la scène finale) ou encore l’entraide et le partage. Notions humaines, notions de foi, l’un dans l’autre, tous les habitants de Rome sont concernés par ce déferlement de possédés et doivent donc se tourner vers leurs convictions.  

Conservant un aspect épuré et sobre, le style visuel reste dans les cordes. La musique (dans le générique comme dans le reste de la série) nous baigne dans cette ambiance particulière, osant même quelques morceaux sortis du contexte lors de l’arrivage des crédits de fin d’épisode. En parlant de générique, ce dernier envoûte tout comme celui de The Walking Dead, nous présentant certaines parties de la ville à l’envers, sur un fond de musique à la fois mélancolique et angoissante. Un très beau travail.  

Il n’y a pas vraiment de remarque spécifique pour cette deuxième saison. Les effets spéciaux à l’ancienne sont bien fichus, même si l’aspect brut des démons sent parfois un peu la synthèse. Le rythme est soutenu comme dans la première saison (10 épisodes d’environ 45 minutes) et laisse peu de place aux temps morts, même s’il est possible que quelques longueurs puissent se faire sentir. Le côté plus « mouvementé » apporte une dynamique intéressante, mais change quelque peu les règles. Cela pourrait éventuellement rebuter ceux qui étaient à la recherche d’une tranquillité similaire à celle présente dans la première saison.

Le dernier épisode clôt impeccablement cette saison 2, même s’il apporte son lot de questions avec lui. Violent, sanglant, sans concession, on se retrouve devant un spectacle terrifiant, nous obligeant à valider, ou non, le choix fait par Simon Barnes. Et puis, alors que l’on croit que c’est terminé et que les choses ne peuvent pas devenir plus bizarres, une personne se réveille. Plein visage sur l’écran, BOUM, générique. De quoi donner quelques palpitations en attendant une possible suite.

Au final, Outcat saison 2 est une très bonne continuation de la série. Des acteurs qui valent l’os, des situations stressantes et des rebondissements à gogo, il n’en faut pas réellement plus pour prendre plaisir devant ce récit qui marque autant par sa représentation de l’être humain que par le débarquage des démons. Les amateurs d’horreur et de séries à suspense seront ravis de continuer cette histoire qui, malheureusement, pourrait se terminer ici, du moins à la télévision. Pour l’heure, aucune date n’a été retenue pour la troisième saison qui pourrait arriver, selon certaines rumeurs, sous la forme de comics. Tout comme l’avait fait, en son temps, une certaine Buffy.  

Comme quoi, entre l’écran et les pages de comics, il n’y a qu’un pas. 

Derniers commentaires

13.06 | 05:23

Merci pour le concours

03.04 | 19:28

Merci, bonne soirée à tous. 😊🍀

22.03 | 14:38

super

22.02 | 21:57

En effet cher Critiker 😉 très bonne critique du film, qui me rappelle une discussion... devant la salle du ciné 😅 Mark Wahlberg si j'ose (il manque pas d'air le Beep... Enfin si, mais là c'est Mark)😱

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