Série aux tueurs multiples

La psychologie criminelle vous intéresse ? Vous devez donc connaître le livre de Mark Olshaker et John E. Douglas intitulé Mindhunter : Dans la tête d’un profiler duquel est inspiré la série Mindhunter. Créée par Joe Penhall, toujours avec Charlize Theron et David Fincher à la production (notamment), cette série a débarqué sur Netflix en 2017. Cette saison deux arrive en 2019 sur la plate-forme pour nous offrir une suite des plus croustillantes en nous proposant de nouveaux défis pour ces profilers en devenir du FBI. Leurs rencontres avec de nouveaux tueurs va remettre en question leur manière de procéder, leur méthodologie de classement et leurs convictions personnelles. Du lourd nous attend pour cette seconde saison ! A tous ceux qui ont aimé la première et à qui la psychologie criminelle se révèle comme une seconde nature, préparez-vous ; ça va profiler ! ATTENTION : cet article contient des spoilers

Début des années 1980. L’agent Holden Ford (Jonathan Groff) se remet difficilement de sa rencontre avec Ed Kemper et doit gérer ses crises d’angoisse. L’agent Bill Tench (Holt McCallany) alterne travail et vie de famille tout en accumulant une fatigue malvenue. Wendy Carr (Anna Torv) continue de catégoriser les tueurs tout en essayant de se découvrir une vie sentimentale avec une nouvelle petite amie. Si l’on ajoute à cela un nouveau chef de l’Unité des sciences comportementales, de nouveaux tueurs avec qui s’entretenir et une vague de crimes d’enfants ensanglantant la ville d’Atlanta, les profilers auront forts à faire pour ne pas sombrer dans l’abîme et prouver que leur travail a une valeur.

Durant cette saison, la personnalité de chacun des protagonistes est plus creusée pour nous permettre une meilleure compréhension des implications de ce métier dans leur vie de tous les jours. L’agent Holden Ford doit maintenant gérer ses crises d’angoisse à la suite de sa rencontre mouvementée avec Ed Kemper (un tueur en série ayant décapité six étudiantes qui vous prend dans ses bras, ça doit tout de même un peu vous remuer). En roue libre durant la première saison en usant de méthodes peu conventionnelles, on le retrouve cette fois-ci plus posé bien que persuadé que le seul moyen d’avancer est de briser certaines conventions. L’agent Bill Tench est aussi perturbé par plusieurs événements. Entre l’implication de son fils dans une mort d’enfant suspecte dans son quartier et ses allers et retours incessants pour son travail, il doit maintenir le cap pour conserver sa famille tout en la protégeant de l’horreur de son travail. Toujours aussi bourru et direct, il doit pourtant apprendre la parcimonie pour conserver l’intégrité de l’Unité des sciences comportementales. Le Dr. Wendy Carr est fidèle à elle-même tout en se remettant grandement en question par rapport à sa propre personnalité. Jauger les comportements des tueurs est une chose ; apprendre à se connaître en est une autre. L’introduction dans la série de sa nouvelle petite amie Kay (Lauren Glazier) va la remettre profondément en question. A nouveau, de magnifiques prestations de la part de ces trois figures principales de la série.

De manière récurrente, nous retrouvons Nancy Tench (Stacey Roca) devant assumer les problèmes familiaux lors de l’absence de son époux Bill ; Gregg Smith (Joe Tuttle) maintenant partie intégrante de l’équipe des sciences comportementales et bien plus présent durant cette seconde saison ; Ted Gunn (Michael Cerveris) est le nouveau responsable de l’Unité et observe les moindres faits et gestes de ses agents ; Kay Manz (Lauren Glazier) est le nouvel amour de Wendy qui la remet grandement en question ; et Jim Barney (Albert Jones) est agent du FBI à Atlanta, d’un grand renfort à Tench et son équipe. Globalement, tous les acteurs récurrents font parfaitement leur travail et semblent à l’aise dans leurs rôles. Rien à souligner.  

Les entretiens avec les tueurs en série continuent durant cette nouvelle saison. Un gros effort est fait sur la ressemblance physique avec les véritables tueurs afin de projeter un réalisme plus saisissant. Chaque tueur met clairement mal à l’aise mais certains sortent spécialement du lot. Le retour de Cameron Britton en Ed Kemper est appréciable et son apparition colle toujours autant de frissons. La ressemblance terrifiante d’Oliver Cooper avec David Berkowitz en fait un des tueurs phares de cette seconde saison, même si son apparition ne se fait que lors d’un seul épisode. Christopher Backus est impeccable en Tex Watson, l’un des meurtriers faisant partie de la Famille de Charles Manson. Sonny Valicenti est toujours présent en toile de fond comme étant Dennis Rader alias BTK. Ses apparitions mettent toujours aussi mal à l’aise sachant qu’il s’agit d’un tueur qui ne sera arrêté qu’en 2005 et que ses pratiques sont… très troublantes. Le grand attendu de cette seconde saison est sans conteste Charles Manson, joué par Damon Herriman qui est un sosie absolu de son personnage. L’entretien avec ce dernier se révèle troublant sur bien des aspects mais reste étonnamment anecdotique, Manson n’étant pas un tueur à proprement parler mais un fin manipulateur. Cette séquence reste tout de même comme l’une des plus marquantes de cette seconde saison. 

Et puis, outre Denis Rader, nous avons également un autre tueur en liberté. Une vague d’assassinats d’enfants met la ville d’Atlanta en alerte. Pour parer à cela, l’Unité des sciences comportementales est dépêchée sur place pour aider la police locale. Après plusieurs mois, ils parviennent à arrêter Wayne Williams. Interprété avec conviction par Christopher Livingston, ce tueur froid d’apparence inoffensive ne sera condamné que pour deux meurtres d’adultes et non pour les vingt-huit assassinats d’enfants. Des doutes subsistent encore aujourd’hui quant à sa culpabilité.

Tout comme dans la première saison, Mindhunter nous présente les choses de manière simple sans en faire des caisses, ce qui serait sans doute malvenu dans une série où l’on veut nous raconter de manière concrète les débuts du profilage tel que nous le connaissons aujourd’hui. Dès lors, il est important de faire un travail cohérent et précis sur les différents aspects que cela implique.

Les entretiens avec les tueurs sont donc empreints de réalisme et de justesse. Se basant sur le livre Mindhunter et fictionnalisant tout de même quelque peu certains passages, nous nous retrouvons face à des individus souvent tourmentés, la plupart du temps imbus d’eux-mêmes, n’étant clairement pas des super méchants comme l’on peut en voir dans maints films. Ainsi, le visage changeant de Berkowitz lorsqu’il annonce qu’il mène tout le monde en bateau vaut toutes les apparitions de Michael Myers du monde. Ici, c’est réel, concret et… ça s’est vraiment produit.

En nous proposant ce réalisme avec les tueurs, il en fallait de même avec l’enquête d’Atlanta. C’est bien joli d’aller interviewer des lascars confinés au centre d’une prison fédérale pour connaître leur mode de pensée ; c’en est une autre de se retrouver sur le terrain avec un tueur dans la nature… et des procédures à suivre. Ainsi, l’enquête d’Atlanta reflète parfaitement les soucis logistiques auxquels les autorités sont confrontées. Différends politiques, création d’associations pour tenter de faire avancer les choses, manque d’échanges et de communication entre les différents services, problèmes de délais pour la mise en place de pièges destinés à attraper le tueur, tout cela relève des problèmes de terrain. C’est très bien représenté dans cette seconde saison et montre à l’Unité que les choses sont loin, très loin, d’être faciles.

Ajouté à cela les personnalités et problèmes des protagonistes du FBI. La phrase « Si tu plonges longtemps ton regard dans l’abîme, l’abîme te regarde aussi » de Nietzsche prend tout son sens dans cette seconde saison. Holden se rend viscéralement compte que pour comprendre les tueurs, il faut raisonner comme eux… mais à quel prix ? Tench se retrouve dans une situation familiale compliquée, son fils étant présent lors de la mort d’un autre enfant et semble atteint d’au moins un signe de la Triade Macdonald (non, ce n’est pas une histoire de fast-food). Wendy se rend compte qu’elle cimente ses émotions dans le but de ne pas se laisser atteindre par ce qu’elle rencontre au quotidien. De plus, le fait de commencer des interrogatoires avec l’aide de Gregg ne va pas l’aider à émanciper ses émotions. Chaque caractère est dès lors analysé et catalogué dans le scénario, comme le serait le comportement des tueurs rencontrés en prison.

Cette seconde saison suit la continuité de la première en plaçant son action au début des années 80. Le retour dans cette époque donne une immersion complète et permet de pleinement profiter de ce qui se passe également au niveau culturel, sociétal et politique. Le monde évolue tout comme les personnages et leurs convictions par rapport à leur travail. De plus, là où leur profilage a aidé sur une affaire de meurtre dans la première saison, ce sont les meurtres en série d’Atlanta qui leur permettent de se lancer dans la pratique de terrain dans cette nouvelle saison.

En conservant son réalisme et son calme olympien, Mindhunter rend hommage aux techniques mise en place par le FBI durant ces dernières décennies pour permettre une meilleure compréhension des tueurs et ainsi pouvoir les détecter et les appréhender plus rapidement. Ici, pas de scénario tiré par les cheveux où les problèmes apparaissent tout d’un coup pour donner un regain d’intérêt à la série. Les difficultés rencontrées par les protagonistes sont humaines et ils se doivent de se dresser contre elles pour parvenir à continuer leur tâche aussi dure soit-elle.

Seulement neuf épisodes oscillants entre cinquante minutes et une heure dans cette nouvelle saison. Ni trop, ni trop peu, juste ce qu’il faut. Le rythme est rodé et on ne se lasse pas un instant dans le développement du scénario. De plus, l’implication de Dennis Rader en début et fin de quelques épisodes nous permet, en tant que spectateur, de prendre conscience que certains de ces tueurs courent toujours et que tout ce qui a été fait par l’Unité à cette époque-là à permis l’arrestation de plusieurs d’entre eux.

Des personnages qui évoluent, de nouveaux entretiens avec des tueurs, une mise en place sur le terrain des méthodes d’investigation, des réalisations bien fichues avec un visuel impeccable, la saison deux de Mindhunter tient clairement ses promesses. Fans d’Histoire et de psychologie criminelle, lancez-vous dans cette aventure pour découvrir la continuité du profilage et son implication dans la vie réelle en lieu et place du bureau du sous-sol. La saison trois n’est pour l’heure pas confirmée, mais il y a fort à parier que si elle voit le jour, de nouveaux défis seront de rigueur pour cette équipe de profilers. Car il y a encore beaucoup à raconter pour en arriver à des séries comme Esprits criminels.

C’est pas tout ça mais moi, je vais me relire une nouvelle fois le bouquin.  

Derniers commentaires

13.06 | 05:23

Merci pour le concours

03.04 | 19:28

Merci, bonne soirée à tous. 😊🍀

22.03 | 14:38

super

22.02 | 21:57

En effet cher Critiker 😉 très bonne critique du film, qui me rappelle une discussion... devant la salle du ciné 😅 Mark Wahlberg si j'ose (il manque pas d'air le Beep... Enfin si, mais là c'est Mark)😱

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