Le choc des univers

« Marvel »… c’est un mot que nous connaissons cinématographiquement depuis 2008, an de grâce où Iron Man débarqua dans les salles. Depuis, le géant des comics a prouvé que ses productions étaient capables de beaucoup. Presque à chaque fois (j’ai bien dit « presque »), les métrages font mouche et nous font passer un moment de cinéma inoubliable, parvenant habilement à nous embarquer dans des aventures plus folles, complexes et tordues les unes que les autres.

Après la session des Pierres d’Infinité développée dans les trois premières phases de l’univers cinématographique de Marvel, je dois vous avouer que j’avais des doutes pour la suite. Cette « Phase IV » a débuté poussivement avec Black Widow, nous a proposé du renouveau avec Shang-Chi et la Légende des Dix Anneaux, a intrigué avec Les Eternels et nous a foutu un coup de pied au cul avec Spider-Man : No Way Home. Cependant, la nouvelle trame de fond se faisait sentir ; le multivers, développement appuyé par la série d’animation What If… ?

C’est dans ce contexte qu’arrive, en 2022, Doctor Strange in the Multiverse of Madness, donnant l’indice ultime dans le titre. A la tête de ce métrage, on retrouve Sam Raimi, grand réalisateur ayant débuté sa carrière en 1981 avec Evil Dead et ayant, par la suite, notamment réalisé la trilogie Spider-Man de 2002 à 2007. Connaisseur en la matière, il s’attèle à nous proposer cette nouvelle pierre à l’édifice. Le multivers va-t-il enfin nous être présenté ? Notre bon Docteur va-t-il en baver ? Marvel peut-il continuer ainsi ? On enfile sa plus belle cape et on se lance dans la critique ! ATTENTION : des spoilers sont présents dans cet article, mentionnés par une balise

Strange doit aider la jeune America Chavez à échapper à un mystérieux ennemi cherchant à lui voler son précieux pouvoir ; celui de voyager dans les différents secteurs du multivers. Cet ennemi n’est autre que Wanda Maximoff, alias la Sorcière Rouge, prête à tout pour retrouver les enfants qu’elle avait créé dans WandaVision. Pour Strange, le Sorcier Suprême Wong et leur protégée America, c’est le début des emmerdes multiverselles.

Dès les premières minutes, on découvre America Chavez, interprétée avec brio par Xochitl Gomez. Cette jeune femme a le pouvoir de traverser le multivers à sa guise et cette capacité intéresse beaucoup des démons inter-dimensionnels prêts à en découdre avec elle. Elle tombe alors dans notre univers (Terre-616) et y rencontre le Docteur Strange, toujours interprété avec classe par Benedict Cumberbatch. Ce dernier, voyant la détresse de la jeune fille, va demander de l’aide à Wanda Maximoff, Elizabeth Olsen nous livrant ici un rôle anthologique.

Mais elle ne tarde pas à montrer son vrai visage et se présente comme étant la Sorcière Rouge, magicienne d’un niveau encore inconnu, gavée au Darkhold, un ouvrage permettant de créer une magie noire particulièrement puissante. Son but ultime est de retrouver ses enfants, Billy et Tommy, dans un des différents univers. Ces mêmes enfants qu’elle avait créé lors de son passage à Westview dans la série WandaVision (qu’il est préférable de regarder avant de se lancer dans ce nouveau Doctor Strange).

La suite, j’en parlerai un peu plus loin, mais il faut bien se rendre compte que les deux heures de film passent à une vitesse hallucinante et que l’on ne s’ennuie pas un instant. Wong (Benedict Wong) est fidèle à lui-même ; un Karl Mordo (Chiwetel Ejiofor) alternatif vient mettre un peu de piquant dans l’affaire ; et Bruce Campbell himself vient se faire un petit caméo des familles pour notre plus grand plaisir, film réalisé par Sam Raimi oblige. D’ailleurs, ce qui arrive à notre infortuné vendeur de pizza ressemble étrangement à son problème de main dans un certain Evil Dead 2

L’aventure se suit donc sans temps mort, nous faisant voyager à travers différents univers tout cela sans oublier d’en ajouter une couche en matière d’émotion. La perte des mamans d’America, la difficulté de Strange d’accepter que l’amour de sa vie, Christine Palmer (Rachel McAdams), lui échappe, la complexité d’affronter une redoutable ennemie qui était précédemment une alliée ; l’éventail des différents sentiments est de mise dans ce nouveau métrage.

Le tout est agrémenté d’effets spéciaux extrêmement convaincants, permettant une meilleure incursion dans ce multivers qui nous est présenté. Car oui, si l’on suit la trame des derniers-nés de Marvel, cette nouvelle phase va nous en mettre plein la gueule en matière d’aventures multiverselles, osant se lancer dans une narration plus complexe, plus détaillée et surtout mélangeant les univers déjà présents, mais j’y reviendrai.

Ce qui est également osé dans ce nouveau métrage, c’est la transmutation de Wanda qui devient alors une antagoniste hors normes, prête à tout pour retrouver ses « enfants », n’hésitant pas à faire du mal autour d’elle en s’en prenant violemment à ses anciens alliés, comme le Docteur Strange. A préciser que ce nouveau film Marvel ose aller dans une violence que d’autres n’ont fait qu’effleurer. Le passage de l’arrivée de Wanda dans les locaux où est retenu Strange sur la Terre-838 est un parfait exemple ; jamais des morts aussi graphiques n’ont été montrées dans les différents films de Marvel. A ce titre, certains passages lorgnent même vers l’horrifique tout en conservant la juste dose pour éviter tout basculement Bravo Monsieur Raimi !

Je vais maintenant me laisser aller à quelques explications complémentaires. Pour ceux qui n’auraient pas encore vu le film, rendez-vous à la fin des spoilers, mentionnée par une balise.

ATTENTION : SPOILERS A PARTIR DE CE POINT !

La force de Doctor Strange in the Multiverse of Madness s’avère être assez similaire à celle de Spider-Man : No Way Home. Dans le second film, ça a été une réelle surprise de retrouver d’autres acteurs ayant interprété l’homme-araignée et cela a apporté une dimension supplémentaire au Marveliverse. Dans le film présenté ici, c’est également le cas avec l’arrivée de nouveau personnages… comme des anciens bien connus.

Lors de la scène de l’arrivée de Strange vers les Illuminatis, on constate rapidement l’étendue des possibilités : Kark Mordo (Chiwetel Ejiofor), déjà vu dans Doctor Strange ; Peggy Carter alias Captain Carter (Hayley Atwell), vue dans Captain America ainsi que sa version finale dans What If… ? ; Maria Rambeau (Lashana Lynch), déjà vue dans Captain Marvel, est… Captain Marvel dans cette dimension ; Black Bolt (Anson Mount) reprend son rôle après avoir été présent dans la série Inhumans ; et Professeur X (Patrick Stewart), le Charles Xavier des premiers films X-Men (et aussi un peu des suivants), vient présider la séance. Et il ne s’agit là que de ceux que nous connaissons.

Car un nouveau s’invite à la fête ; Reed Richards alias Mr. Fantastique, interprété ici par l’acteur et réalisateur John Krasinski. Eh bien, s’il fallait avoir un leader de l’équipe des 4 Fantastiques, c’est un grand OUI pour cet acteur qui possède la carrure, la tête et le charisme nécessaires ! On constate donc, rien qu’à travers cette scène, que les possibilités sont illimitées… du moins jusqu’à ce que les droits des différentes franchises fassent office de barrage. Mais cela semble aller dans le sens de retrouver une masse de super héros venant de tous les univers.

Imaginez un film où les Spider-Men côtoient Wolverine à côté d’un Mr. Fantastique tapant la causette avec Ant-Man pendant que Thor tente d’empêcher Howard the Duck de fricoter avec Jessica Jones sous peine de se faire exploser la tronche. Ce ne serait pas énorme, ça ?! Eh bien, ce nouveau métrage semble prendre une route plus vaste que celle précédemment empruntée pour l’arc narratif des Pierres d’Infinité.

Surtout qu’en fin de métrage, outre une apparition d’un Docteur Strange zombie, la mort de Wanda (enfin, qui sait…) et la capacité d’America qui va gentiment mais sûrement vers la maîtrise, on se targue d’une petite scène inter-générique nous présentant Cléa, interprété de toute beauté par Charlize Theron. Ce personnage, extrêmement important dans les comics, semble emmener notre Doc dans la Dimension Noire. Comme quoi, il reste encore beaucoup d’endroits à découvrir !

FIN DE LA SECTION SPOILERS ! SOYEZ LES BIENVENUS DANS LA DERNIERE LIGNE DROITE !

Et c’est peut-être là que Marvel peut se faire avoir. Au début, les films nous présentaient des super héros et on découvrait leurs pouvoirs, leurs histoires, leurs doutes et leurs personnalités. Au fur et à mesure, nous en sommes arrivés à des films comme Endgame, regroupant majoritairement tout ce qui a été vu jusque-là. Dans cette nouvelle phase, il faudra notamment avoir connaissance des anciennes… mais également assimiler les nouvelles informations.

Etant fan, cela ne me pose aucun problème, et je pense qu’à travers le monde, il y en a bien d’autres qui s’arrachent volontiers chaque nouveau film Marvel. Mais comment faire arriver de nouveaux adhérents si, pour avoir une chance de comprendre les futurs films, il faut se revoir l’intégralité de ceux déjà sortis… plus les séries liées ? On veut regarder le Retour du Roi, bon, ben ‘faut se mater La Communauté de l’Anneau et Les Deux Tours. Mais pour voir le Xème film Marvel, revoir plus de vingt métrages et une dizaine de séries, ça va possiblement être compliqué.

Quoiqu’il en soit, je crois en cet univers. Ce nouveau métrage, alliant parfaitement tension, action, humour, émotion et surprise, en est la preuve. Sam Raimi a fait un magnifique travail, dirigeant des acteurs au top dans des univers sombres et mystérieux, tout en nous présentant une infime partie de ce que pourra être le Marveliverse d’ici quelques années. Un nouveau tour de force de la part du géant des comics, développant notre intérêt en même temps que son multivers.

Imaginez que dans un autre univers, les héros de Marvel regardent nos vies en téléréalité parce qu’ils trouvent ça trop cool… ça fait froid dans le dos.

Derniers commentaires

13.06 | 05:23

Merci pour le concours

03.04 | 19:28

Merci, bonne soirée à tous. 😊🍀

22.03 | 14:38

super

22.02 | 21:57

En effet cher Critiker 😉 très bonne critique du film, qui me rappelle une discussion... devant la salle du ciné 😅 Mark Wahlberg si j'ose (il manque pas d'air le Beep... Enfin si, mais là c'est Mark)😱

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