Alors, on a été méchant ?

En 1984, c’est la sortie du film d’horreur culte Les Griffes de la nuit mettant pour la première fois en scène Freddy Krueger. C’est le même jour que débarque sur les écrans Douce nuit, sanglante nuit, réalisé par Charles E. Sellier Jr., un homme a plusieurs casquettes. Scénariste, écrivain, producteur, il enfile son costume de réalisateur pour être aux commandes de ce métrage atypique, histoire de casser un peu du sucre sur le dos du Père Noël. Sujet à controverses, le film ne reçoit pas un accueil mémorable, mais deviendra relativement connu lors de sa sortie en cassette vidéo, sans compter qu’il en existe quatre suites et un remake. Alors, le Père Noël mérite-t-il vraiment la camisole de force ? Le temps des fêtes est-il révolu ? L’éducation dans les orphelinats prévoit-elle des cours de self-défense contre le bonhomme en rouge ? On prend notre hotte sur le dos et c’est parti pour la critique de ce film, ma foi, peu commun.

Le tout jeune Billy s’en va rendre visite à son grand-père avec ses parents et son petit frère Ricky. Le vieux bougre, terré dans un asile pour personnes mentalement à la ramasse, terrifie le petit Billy en lui expliquant que le Père Noël punit sévèrement les enfants qui ont été méchants. Sur la route du retour, un criminel déguisé en Père Noël assassine froidement les parents de Billy. Ce dernier, finit à l’orphelinat avec son petit frère et subit les punitions sévères de la mère supérieure. Des années plus tard, il trouve un boulot dans un magasin de jouet. Le soir de Noël, on lui demande de remplacer l’employé devant jouer le Père Noël pour les enfants. Enfiler le costume du gros barbu était une erreur cruciale.  

Billy (Brian Robert Wilson) n’est pas des masses équilibré… et on peut comprendre pourquoi ! Après avoir assisté au meurtre sauvage de ses parents, sa trouille du Père Noël n’est absolument pas prise au sérieux par la mère supérieure qui pense que les punitions sont le seul moyen de faire de lui un enfant sage. Devenu adulte et, comble de tout, beau gosse, il va se mettre à dérailler lorsqu’il enfilera le costume rouge du monsieur aux jouets. Mélangeant les dires de son cinglé de grand-père avec ceux de la mère supérieure (le châtiment est juste), il va alors se mettre en quête des méchants pour les punir. Pas banal, le film nous met donc une tête d’affiche comme antagoniste principal, et dérangé de surcroit. L’acteur ne se débrouille pas trop mal, mais il peine des fois à convaincre complètement même si le mal-être reste présent.

La mère supérieure (Lilyan Chauvin) est sadique, procédurière et souffre clairement de l’effet Lucifer. Flippante et que l’on a intensément envie de baffer, donc prestation réussie. Sœur Margaret (Gilmer McCormick) veut s’occuper du jeune Billy et pense pouvoir l’aider avec de l’attention et de la patience. S’opposant aux concepts d’éducation de sa patronne, elle sera pourtant au cœur de la tourmente après la pétée de case de son orphelin préféré. M. Sims (Britt Leach) est impeccable en patron du magasin de jouet, noceur comme jamais et donneur de leçons. A noter le tueur du début incarné par Charles Dierkop, violent et dérangeant.

Dans l’ensemble, le casting est ce qu’il est ; mitigé. On sera surpris de certaines prestations vraiment impeccables (la mère supérieure, Sœur Margaret, Billy à certains moments) mais dans l’ensemble, ce n’est pas super convaincant, surtout en ce qui concerne certaines victimes de Billy, n’ayant pas des réactions que l’on pourrait qualifier de logique. Cependant, les personnages possèdent bel et bien une certaine profondeur, ce qu’il faut souligner. Et puis, un peu de too much dans un film d’horreur de Noël dans les années 80, il faut ce qu’il faut.

Le scénario, lui, est limpide tout en parlant d’un sujet sérieux ; le stress post-traumatique. Un jeune enfant, témoin du meurtre de ses parents par le Père Noël va développer une peur viscérale de ce dernier. Puis, les actions de la mère supérieure le rendent attentif sur le fait que le châtiment est toujours mérité. Du coup, quand il enfile le costume, il prend alors conscience qu’il devient celui qui doit déterminer qui est sage et qui ne l’est pas… et occire ceux qui ont été méchants. Trois périodes de la vie de Billy, trois déclencheurs qui amènent à ses actions meurtrières. Scénario donc intelligent, sur le papier.

Dans la mise en image, ce n’est pas la même histoire. Le périple de Billy une fois adulte commence, bien entendu, par le magasin de jouet. L’occasion de voir qu’une guirlande lumineuse reste un objet tout aussi dangereux qu’un cutter. Puis, il va se produire une série de crimes, sans vraiment de cohérence, le but étant d’avoir des victimes pour notre cher Père Noël traumatisé.

Tout ça pour un final se déroulant à l’orphelinat, histoire de punir la méchante mère supérieure. Cette scène donnera lieu à une certaine tension et nous montrera l’une des plus grosses bavures policières de toute l’histoire du cinéma. Après une confrontation, on en arrive à la dernière image du film et on se dit que le petit frère de Billy, Ricky, va sans doute suivre les traces de son frangin. Cela ne manquera pas vu le nombre de suites existantes.

Côté ambiance, on est en plein dans les fêtes de Noël… et la tension est à son comble. Après la terrible histoire de Billy enfant, il apparaît en tant qu’adulte et à partir de là, on est tendu. Il va forcément se passer quelque chose et lors de l’enfilage du costume rouge, toute l’attention est centrée sur les réactions du jeune homme. Bien entendu, on sait qu’il punit les personnes méchantes et la question que l’on se pose c’est « comment ? ».

Tant la manière de tuer ses victimes (avec une prédilection pour une hache à deux tranchants, mais aussi des bois de rennes) que l’ambiance nous plonge dans un vrai film d’horreur où les scènes de crimes ne prêtent pas réellement à sourire. Elles sont graphiques et on dirait presque que Billy y prend un réel plaisir. Alors oui, à quelques reprises, on se dira qu’il y a un peu trop (champion du lancer de hache sans entraînement) mais dans d’autres circonstances, on est carrément mal à l’aise. La scène qui me revient ? Le questionnement à une petite fille pour savoir si elle a été sage et le cadeau laissé par ce Père Noël dérangé.

Douce nuit, sanglante nuit est un chouette métrage horrifique de Noël, surfant sur un sujet sérieux qu’est la gestion émotionnelle d’un être humain après un événement traumatisant. Notre Billy pète complètement une case et nous permet de suivre une histoire sordide au milieu des sapins décorés et des éclairages scintillants. Un peu de too much parfois, un scénario tentant de limiter certaines incohérences, mais dans l’ensemble, on en ressort satisfait… et ça, c’est un beau cadeau.

Et vous, vous avez été gentil cette année ?  

Derniers commentaires

13.06 | 05:23

Merci pour le concours

03.04 | 19:28

Merci, bonne soirée à tous. 😊🍀

22.03 | 14:38

super

22.02 | 21:57

En effet cher Critiker 😉 très bonne critique du film, qui me rappelle une discussion... devant la salle du ciné 😅 Mark Wahlberg si j'ose (il manque pas d'air le Beep... Enfin si, mais là c'est Mark)😱

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