Animagination

Basé sur le roman du même nom de José Ortuno paru en 2016, Animas est un petit thriller espagnol de derrière les fagots. L’écrivain est lui-même à la réalisation du métrage avec l’appui de Laura Alvea. Quand on me parle de film de genre espagnol, je pars vite sur le fait que les choses vont potentiellement être bonnes, ce pays étant tout de même rodé en ce qui concerne les productions horrifiques ou dramatiques. Est-ce que cela va également être le cas avec Animas ? L’adolescence est-elle une période facile de la vie ? Va-t-on faire un stock de lampes colorées pour son appartement ? Installons-nous confortablement et voyons ce que ça donne. ATTENTION : cet article contient des spoilers

Abraham (Iván Pellicer) et Alex (Clare Durant) sont inséparables depuis leur enfance. Mais quand son meilleur ami trouve une petite copine, Alex commence à avoir des visions terrifiantes et tout semble changer autour d’elle, provoquant la disparition de sa mère et de son chien. Que se passe-t-il ? Qu’est-ce qui déclenche cela ? Et surtout, qui est responsable de la terrible mort du père d’Abraham ?

Les acteurs n’en sont pas à leur coup d’essai et cela se ressent. Le film est principalement porté par Clare Durant et son interprétation d’Alex. Jeune fille à la psychologie complexe, elle ne semble vivre que pour son meilleur ami Abraham. S’adonnant à l’automutilation devant son miroir, elle n’en reste pas moins sympathique surtout lorsque ses terribles visions démarrent. Elle devient alors la proie d’un système qu’elle ne contrôle absolument pas.

De l’autre côté, Iván Pellicer semble être plus effacé. Enfoncé sous sa capuche, flirtant avec Anchi (Chacha Huang), il prend un véritable essor dans la seconde partie du métrage où son rôle devient plus intéressant et en même temps plus profond. A cela, on ajoute les prestations d’Angela Molina dans le rôle de la mère d’Abraham et Luis Bernejo dans celui de son père et on obtient un casting tout à fait correct.

Ce qui frappe réellement dans Animas, c’est son visuel. Les visions d’Alex nous bluffent par l’utilisation non seulement de lumières colorées représentatives mais également par la mise en scène de ces dernières. Un appartement vide ne nous a jamais paru si menaçant et les moyens utilisés pour passer d’une scène à l’autre, par exemple avec des miroirs, sont simplement époustouflants.

Très joli travail visuel donc, teintant également les visions d’Alex d’une certaine teneure horrifique. Le mélange des couleurs couplé avec les apparitions régulières d’une ombre menaçante aident à la mise en tension du spectateur. On s’interroge, on se demande ce qu’il se passe et tout comme Alex, on veut avoir le fin mot de l’histoire.

Et c’est là que ça paraît un peu plus brouillon. Si l’imagerie est franchement sympathique, le scénario tente quelque chose de nouveau et se perd un peu dans sa propre mythologie. Le rythme des différentes scènes, de la vie ordinaire et des visions d’Alex, nous mènent à ce moment révélateur qu’il est possible d’entrevoir à plusieurs reprises dans le métrage. En tentant un twist à la 6ème Sens, on apprend le fin mot de l’histoire avec un certain flegme.

La véritable nature d’Alex est révélée et nous, on encaisse le coup en repassant les diverses scènes du film dans notre tête. Le coup de théâtre est relativement bien fichu et part sur un standard bien connu des thrillers de ces dernières années (le dédoublement de personnalité) tout en conservant un fond innovant et intéressant (l’ami imaginaire).

Bref, on dirait clairement que le film met un point d’honneur à faire quelque chose de joli sans pour autant peaufiner la mise en place de son histoire. La révélation n’est pas si tonitruante qu’elle le devrait et il arrive fréquemment qu’une scène soit placée dans le but de nous en mettre plein les mirettes sans réellement avoir un raccord complet avec le scénario. Il faut cependant admettre que la découverte du réel assassin du père d’Abraham nous fait plus d’effet que l’état effectif d’Alex.

En parlant des traumatismes de l’enfance et de la psychologie adolescente, Animas place tout de même la barre relativement haut en matière de consistance. Le film ne s’embête pas à nous moraliser de quelque manière et nous présente les choses simplement. Abraham, jeune homme amoureux d’Anchi, passant du temps avec sa meilleure amie Alex et essayant d’aller au-delà des problèmes familiaux, c’est le lot quotidien de milliers d’ados dans le monde.

Conservant cette ligne jusqu’au bout en nous fractionnant toujours une réalité brute avec un monde imaginaire sombre et menaçant, il n’y a pas foncièrement de bonne ou de mauvaise solution aux problèmes proposés. D’ailleurs, pour revenir à un visuel qui est bien fichu, aviez-vous remarqué que dans toutes les scènes où ils sont ensemble, Abraham est toujours à gauche de l’écran et Alex à droite ? Cela dénote bien la séparation entre le réel et l’imaginaire.

Thriller sympathique qui se perd un peu en route, Animas n’en reste pas moins une bonne distraction qui change de ce que l’on peut trouver à foison dans ce type de film. Gardant un aspect horrifique mais singulier, les jeunes acteurs nous embarquent dans cette histoire visuellement bien fichue et nous présentent une distraction correcte sur son heure et demie de visionnage. Amateurs de thrillers moins conventionnels et de tergiversation mentale, ce film est pour vous.

Et vérifier toujours la température de l’eau avant de prendre une douche.

Derniers commentaires

13.06 | 05:23

Merci pour le concours

03.04 | 19:28

Merci, bonne soirée à tous. 😊🍀

22.03 | 14:38

super

22.02 | 21:57

En effet cher Critiker 😉 très bonne critique du film, qui me rappelle une discussion... devant la salle du ciné 😅 Mark Wahlberg si j'ose (il manque pas d'air le Beep... Enfin si, mais là c'est Mark)😱

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