Le sursaut de la franchise

Amityville, c’est une saga démarrée en 1979 avec Amityville : La Maison du diable, film inspiré de faits réels. Année après année, plusieurs films ont vu le jour et l’histoire de cette maison hantée est entrée dans les mœurs. Avec des opus très inégaux, c’est en 2005 que sort le remake du premier film sous le titre sobre d’Amityville. Film inutile, réussissant au box-office mais se losant sur les critiques. Puis, les productions Blumhouse s’emparent d’une idée ; sortir un nouvel opus. On connaît le producteur Jason Blum pour être au centre de l’intérêt horrifique de ces dernières années et on se dit que l’idée n’est pas foncièrement mauvaise. Prévu à la base pour être un found-footage mais ne l’étant finalement pas, repoussé plus de deux ans et demi de sa sortie initiale, Amityville : The Awakening connaît quelques petits soucis. C’est dans la dernière partie de 2017 que le film sort finalement… en VOD et DVD. Alors, ça sent mauvais cette histoire ? On ne l’espère pas pour le réalisateur Franck Khalfoujn, déjà aux manettes de 2ème sous-sol (2007) et du remake de Maniac (2012). Mais on ne peut s’empêcher de se faire du souci, un peu comme si on emménageait dans cette terrible demeure… et qu’il ne se passait rien. ATTENTION : cet article contient des spoilers

A Amityville, de nouveaux résidents arrivent dans la demeure de sinistre réputation. Il s’agit de la famille Walker ; la mère Joan (Jennifer Jason Leigh), sa fille Belle (Bella Thorne), la petite Juliet (Mckenna Grace) et James (Cameron Monaghan), le jumeau de Belle, cloué dans un lit dans un état végétatif. Si Belle a des difficultés à communiquer avec sa mère et parvient péniblement à s’intégrer à son nouveau lycée, il faut qu’elle prenne garde ; des soucis plus grands arrivent. Comme par exemple le fait d’avoir emménagé dans une maison hantée par des esprits démoniaques.

Actrice à la filmographie éclectique, Jennifer Jason Leigh (eXistenZ, The Machinist) gère bien son rôle de mère ultra-dévouée à son fils paralysé et le faisant passer en premier plan… quoiqu’il arrive. Sa fille, interprétée par Bella Thorne apporte une touche de fraîcheur à cette saga. Adolescente perturbée et arborant un look sombre, elle tient bon et offre une prestation sympathique. La petite Mckenna Grace gère bien son rôle, et c’est un plaisir de voir Cameron Monaghan à l’écran, connu notamment pour son rôle dans la série Gotham. On note le passage de Jennifer Morrison (Dr. House, Once Upon a Time) dans le rôle de la tata sympa, et Kurtwood Smith (RoboCop (1987), Fortress) en médecin un peu flippé.

Casting sympathique, chaque acteur est à sa place et joue un rôle utile à l’histoire, permettant également une synthèse de famille dysfonctionnelle sans sommation. La vie des Wakler est brisée par le décès du père et par l’accident du fils. Ce désespoir, représenté par l’apparence de Belle et le cynisme de la mère, se trouve au centre du récit et de son dénouement. Et dès le début, on sent bien que Belle aura une place à  part dans l’histoire, ne serait-ce que par le fait que son prénom ne commence pas par un « J » comme les autre membres de la famille.

Et c’est ainsi que l’aventure démarre avec l’arrivée de cette fratrie dans la maison hantée du 112 Ocean Avenue. La maison avait un bas prix et c’était une occasion à saisir (ils disent tous ça). C’est aussi la possibilité pour cette famille chancelante de retrouver un foyer et, qui sait, une rédemption. Ça va s’avérer particulièrement compliqué au vu des événements à venir.

Car dans cette baraque rien ne semble vraiment fonctionner, à commencer par le fait que Belle soit apparemment la seule à ne pas être au courant qu’un crime horrible eut lieu entre ces murs et que la maison a la réputation d’être fichtrement hantée. En l’apprenant via ses potes de classe, cela donne droit à quelques effusions marrantes, notamment la scène de visionnage du film original de 1979 dans la maison même, histoire que les étudiants se fichent un coup la pétoche, comme si on regardait Cannibal Holocaust au beau milieu de la forêt amazonienne.  

Les événements surnaturels vont s’intensifier tout le long du métrage. Visions, bruits étranges, impression que James sort de son lit pour se balader dans la maison ; tout est mis en place pour que le spectateur se retrouve dans la même situation que les protagonistes, c'est-à-dire sans aucun repère. L’état de James s’améliore de jour en jour, à la grande surprise du corps médical via le Dr. Milton (on se demande quelle mouche l’a piqué). Mais cette soudaine reprise de santé ne semble pas naturelle.

Le ton monte, les situations deviennent de plus en plus étranges et la tension devient palpable, même si on se doute violemment de ce qu’il va se passer. On sait qui va être la cible prioritaire des esprits maléfiques de la maison et on s’attend à un final qui sera celui que l’on pensait. L’originalité ne vient pas ici du scénario reprenant la même trame que d’autres opus mais modifiant le contexte. Non, l’originalité vient du fait que tout cela a été déclenché… volontairement.

C’est là que les personnages prennent une importance beaucoup moins relative et en deviennent savoureux. On comprend enfin les motivations de la mère, de Belle et de la maison, utilisant le corps amoindri de James pour effectuer sa sale besogne. Les scènes de trouille, usant de la présence de Cameron Monaghan ou pas, sont correctes et jouent moins sur le jump-scare facile que certains autres films de genre, ce qui est agréable.

Les effets spéciaux aidant grandement à l’affaire, on se sent pris au piège dans la maison avec les autres membres de la famille. On ressent clairement plus de tension que dans le bas de gamme Amityville de 2005 et nos mirettes en prennent aussi plus en pleine tronche. De toute la saga, l’on peut dire qu’on tient ici une mise en forme originale tout en conservant l’esprit de la série. Pas si mal.

On se retrouve pourtant dans une bonne vieille production made in 21ème siècle avec tous les lots connus à tendance horrifique. Peu de surprises donc dans ce film, mais un regard compatissant pour avoir tenté de nous présenter autre chose qu’une simple remise à niveau. Au moins, dans Amityville : The Awakening, les scénaristes (le réalisateur Franck Khalfoun, Daniel Farrands et Casey La Scala) osent essayer autre chose et rien que pour ça, ça vaut le coup.

Ce film ne révolutionnera pas la franchise mais permettra à la nouvelle génération de découvrir cette histoire. Bancal sur quelques points mais osant s’émanciper du carcan originel, Amityville : The Awekening s’avère être le sursaut de surprise de cette saga. A l’image de Belle, les jeunes d’aujourd’hui n’ont pas forcément eu vent qu’en 1974, un drame s’est déroulé à Amityville et que celui-ci a généré un certain nombre de métrages par la suite. Le cinéma, c’est aussi un moyen de ne pas oublier l’Histoire.  

Et maintenant, on va l’avoir ce found-footage ?

Derniers commentaires

13.06 | 05:23

Merci pour le concours

03.04 | 19:28

Merci, bonne soirée à tous. 😊🍀

22.03 | 14:38

super

22.02 | 21:57

En effet cher Critiker 😉 très bonne critique du film, qui me rappelle une discussion... devant la salle du ciné 😅 Mark Wahlberg si j'ose (il manque pas d'air le Beep... Enfin si, mais là c'est Mark)😱

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