Peut-il changer notre monde ?

Après le succès des deux premiers films japonais de Death Note, réalisés par Shusuke Kaneko, il est décidé de faire un spin-off centré sur le personnage de « L » qui sortira en 2008. Pour diriger le métrage, on se tourne vers un grand nom du cinéma nippon ; Hideo Nakata, connu entre autre pour son terrifiant Ring (1998), sa suite Ring 2 (1999) et Dark Water (2002). Le monsieur aura donc la tâche de prolonger l’effet Death Note en creusant l’un des personnages principaux ; « L ». Est-il possible d’étendre cet univers sur un nouveau film qui, faut-il le préciser, possède une histoire totalement originale ? ATTENTION : cet article contient des spoilers

« L » n’a plus que 23 jours à vivre après avoir inscrit son nom dans le Death Note afin d’avoir le dessus sur Kira. Tentant de résoudre les enquêtes encore en cours, il reçoit un message de détresse destiné à Watari. Apparemment, un groupement bioterroriste effectue des tests dans un village thaïlandais, frappant ses habitants avec un virus plus mortel que celui d’Ebola. Contre toute attente, « L » va devoir sortir de ses appartements pour régler sa dernière affaire, prenant sous son aile la fille d’un médecin qui étudiait le virus et un jeune garçon, seul survivant du test en Thaïlande.

Kenichi Matsuyama reprend le rôle de « L » qu’il avait déjà tenu dans les deux films Death Note. Fidèle à lui-même dans son personnage, ce film sera clairement l’occasion d’en apprendre plus sur lui et surtout de découvrir une gamme d’émotions qui n’étaient pas réellement présentes dans les deux premiers métrages. Face à lui, une organisation terroriste dirigée par le Dr. Kimiko Kujo, jouée par Youki Kudoh. La jeune femme a déjà été vue dans l’épisode La Maison des sévices de la série Les Maîtres de l’Horreur dans le rôle de la prostituée défigurée. Ici, elle conserve un aspect inquiétant et manipulateur, même si on peine à croire qu’il s’agit de la grande méchante du film. Les enfants, Mayuko Fukuda (dans le rôle de Maki Nikaido) et Narushi Fukuda (jouant celui-qui-n’a-pas-de-nom) se débrouillent bien et l’alchimie avec « L » est bien construite. Shingo Tsurumi est le Dr. Kimihiko Nikaido, parvenant à nous déchirer lors d’une scène de sacrifice sous les yeux de sa propre fille.  

Le but de ce film est de creuser le personnage de « L » et d’aller plus loin dans sa perception du monde et son humanité. Dès lors, nous allons enfin voir le détective bizarroïde faire plus que de manger et bondir sur son fauteuil. Il va même montrer des aptitudes en combat (un lancement d’objet en plein dans la tête d’un ennemi) et une capacité… à courir ! Cela apporte un plus non négligeable à « L » qui, déjà dans les Death Note, nous interpellait par sa personnalité originale et son intelligence hors normes.

Pour conserver une continuité, bien d’avoir commencé l’histoire de ce film à peu près au moment du démarrage de l’enquête sur Kira dans Death Note. Quelques scènes vont reprendre, en gros, les événements des deux premiers films avant d’en arriver à un ultime dialogue entre « L » et Ryuk. L’espace d’un instant, on pense que le cahier de la mort aura une importance significative dans le film… jusqu’à ce que « L » le détruise, faisant également disparaître le dieu de la mort par la même occasion. Désolé, pas de Death Note dans L : Change the World.  

Le scénario du film reste relativement simpliste, narrant la dernière enquête de « L » sur un groupe terroriste usant d’un dangereux virus pour « sauver la planète ». On connaît l’histoire et aucune grosse surprise n’est à retenir de ce concept. Par contre, tout ce qui se basera sur « L » et sa relation avec les autres n’en deviendra que plus intéressant. Bien vu donc de placer deux enfants sous l’aile protectrice de ce jeune détective, lui qui a relativement de peine à exprimer des facilités sociales. C’est au détour de quelques dialogues, d’une scène de pique-nique sur un toit et du final que nous comprendrons toute la complexité du personnage… et que ce dernier possède un cœur, en plus d’un cerveau.

Ce sont justement ces étranges émotions de « L » qui vont parvenir à faire frémir notre petit cœur. Certaines scènes seront drôles tandis que d’autres seront touchantes. On voit « L » comme un enfant découvrant ce que c’est que d’avoir des amis, de protéger la vie humaine sans écran d’ordinateur ou de profiter de la vie en faisant des jeux et des pique-niques. La scène finale est bien fichue, avec un retour de « L » aux sources (« Wammy’s House », l’orphelinat où il a grandi), accompagnant le jeune garçon qu’il baptisera Near. Tout cela avant de partir en direction d’un soleil couchant (oui, gros cliché), sur la musique de Lenny Kravitz « I’ll be waiting ». Beau et propre.  

Les allusions au manga et à l’animé sont présentes, notamment au détour du personnage de Near. Apparaissant comme étant le successeur de « L » dans les versions dessinées, il s’agira du petit garçon sans nom. Pour les connaisseurs, il sera facile de voir le clin d’œil, notamment lorsque le garçon semble totalement fasciné par un petit robot, Near ne cessant jamais de jouer avec ces babioles.

Et voilà, le mot est lâché ; « connaisseurs ». Pour ceux qui n’ont pas du tout eu vent de l’univers de Death Note, ce film est relativement… inutile. On ne peut y voir que l’enquête d’un jeune complexé social, usant d’intelligence et d’humanité pour parvenir à sauver des enfants… et le reste du monde. Donc, si vous n’avez pas d’intérêt pour cet univers, il vaut mieux clairement passer votre chemin.

Le film s’adresse donc à un public relativement restreint et capable de comprendre les réactions de « L » tout en ayant déjà rencontré le personnage précédemment. Pour ces derniers, L : Change the World est une extension de l’univers de Death Note, présentant une nouvelle enquête sans réel intérêt, ne mettant pas clairement l’accent sur les 23 derniers petits jours de « L », mais permettant d’approfondir le personnage et diversifier ses relations humaines. C’est donc tout naturellement que je le conseille fortement à ceux qui kiffent cet univers.

L : Change the World ne changera pas le nôtre. Il l’agrandira un brin, nous faisant découvrir de nouvelles facettes d’un de nos rôles favoris de Death Note et nous proposant une aventure connue et tranquille. On notera quand même une nouvelle performance de Kenichi Matsuyama, un reste de casting correct et une émotion ressortant de quelques scènes. Utiles pour les aficionados, inutile pour les néophytes, à vous de voir dans quelle catégorie vous vous placez.

RIP L Lawliet 

Derniers commentaires

13.06 | 05:23

Merci pour le concours

03.04 | 19:28

Merci, bonne soirée à tous. 😊🍀

22.03 | 14:38

super

22.02 | 21:57

En effet cher Critiker 😉 très bonne critique du film, qui me rappelle une discussion... devant la salle du ciné 😅 Mark Wahlberg si j'ose (il manque pas d'air le Beep... Enfin si, mais là c'est Mark)😱

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