Les méandres du web-footage

Après le sympathique found footage Unfriended sorti en 2015, on remet le couvert avec le même principe de l’écran d’ordinateur comme fond de l’action mais sans la présence d’éléments surnaturels. Ici, c’est une bande de hackers qui met à mal une soirée Skype entre amis. Moins d’horrifique mais tout autant de tension, c’est Stephen Susco qui est à la réalisation et au scénario de ce nouvel opus sous-titré Dark Web. Bien qu’il s’agisse de sa première réalisation, il a déjà été à l’écrit de Red, The Grudge et The Grudge 2. Comment peut-on capter l’attention du spectateur avec un thriller uniquement en fond d’écran ? Surfer sur le web est-il dangereux ? Et vous, qui vous regarde ? On colle un post-it sur sa webcam et on entame la critique. ATTENTION : cet article contient des spoilers

Une soirée jeux via Skype se profile dans une bourgade de Californie. Matias (Colin Woodell) en profite pour peaufiner un programme de langue des signes avec un ordinateur « emprunté » dans les objets trouvés d’un cybercafé, histoire de pouvoir mieux communiquer avec sa belle, Amaya (Stephanie Nogueras). Seulement, des fichiers relativement glauques se trouvent sur la machine en question et il en fait part à ses amis : Serena (Rebecca Rittenhouse) et Nari (Betty Gabriel) qui se sont fiancées ; Damon (Andrew Lees) en voyage à Londres ; AJ (Connor Del Rio) l’allumé du groupe et youtubeur à ses heures perdues ; et Lexx (Savira Windyani) DJ de profession. Malheureusement, les hackers qui ont perdu l’ordinateur sont prêts à tout pour le retrouver… même au pire. 

La technique de réalisation qui avait fait les beaux jours du premier opus est reprise pour ce second volet. L’intrigue se déroule donc uniquement via l’écran d’ordinateur de Matias, permettant une gamme d’actions relativement large : musique via une playlist, accès aux comptes de différents réseaux sociaux, écrans de codage pour le dark web, transaction bancaire et même des interactions mobiles via son téléphone. Le tout est agrémenté de discussions via le logiciel Skype, jouant habilement sur le voyant vert de connexion pour savoir s’ils sont écoutés ou non.

Tout comme l’appréhension ressentie avant le visionnage du premier film, on pourrait penser que cela va être relou et que l’on va passer un moment infini à bâiller aux corneilles en attendant que quelque chose se passe. Eh bien non car ce qui pourrait nous endormir visuellement ne fait que nous forcer à garder notre attention sur les moindres détails présents à l’écran et est largement compensé par un scénario certes simpliste mais efficace.

« Trouver » un ordinateur peut être le point de départ de nombre d’histoires relativement glauques. Il n’y a qu’à voir les dizaines de creepypastas sur le web démarrant de cette manière. Dans le cas présent, notre ami Matias fait l’acquisition de l’ordinateur dans un but louable (terminer un logiciel pour mieux communiquer avec la femme qu’il aime) mais ignore tout du contenu abusif que possède le disque dur saturé de la machine.

Et BOUM, ni une, ni deux, on apprend que des vidéos particulièrement perturbantes se trouvent en mémoire et que l’ordinateur devait certainement appartenir à un aficionado du dark web, cet endroit d’Internet introuvable via les moteurs de recherche et sur lequel circulent informations non censurées, vidéos glauques et échanges entre criminels notoires (lieu à ne pas confondre avec le deep web). C’est le début d’une soirée jeux mouvementée pour nos six amis.

L’histoire se construit au fur et à mesure, sans en faire des caisses et profitant de nous donner quelques informations sur les différents protagonistes sans en faire trop. Je dirais même que le dosage est subtil et permet non seulement de suivre le scénario sans prise de tête et également de profiter de chacune des données transmises sur la vie privée des personnages sans perte de connexion. Du coup, lorsque les membres du Cercle frappent, on en vient à avoir une réelle empathie pour les différents protagonistes.  

A noter que les sursauts ne sont pas légion dans le film, le plus important ayant lieu en première partie de métrage et n’ayant absolument rien à voir avec quelque chose d’effrayant. Ce qui surprend le plus dans le lot, c’est la tension palpable qui monte crescendo durant tout le film, jusqu’à ce moment où l’on se rend compte « qu’ils savent » et qu’à partir de là, tout va partir radicalement en cacahuète.

En usant de leurs connaissances approfondies en piratage, les membres du Cercle vont mettre à mal chacun des protagonistes, poussant même le vice jusqu’à montrer comment ils procèdent pour les retrouver et les occire. Pire (ou mieux) encore, nous apprenons les vraies raisons de tout cela en fin de métrage et on se dit alors qu’en plus d’être des cadors en piratage, les individus en noir maîtrisent parfaitement la psychologie humaine.

Alors oui, le scénario prend une tournure un peu tirée par les cheveux, faisant des hackers présents de véritables mages de l’informatique, pouvant accéder à absolument tout et surtout à la psyché de chacun des personnages, les faisant donc inévitablement tomber dans un piège trop bien huilé et trop parfait. Mais il faut avouer que les différentes techniques utilisées pour « déconnecter » chacun des personnages sont énormes et que les méchants ne se contentent pas d’user encore et encore des mêmes ficelles.

On en arrive donc à une bonne heure et demie de tension et une finalité abrupte mais prévisible, dévoilant le fin du fin sur une dernière image évocatrice m’ayant renvoyé aux années où je jouais à Watch_Dogs. Globalement, tout en restant un tantinet sadique sans en faire des tonnes, Unfriended : Dark Web ne touche pas le fond et c’est une excellente chose.

Si le premier film dénonçait clairement le cyberharcèlement, celui-ci reste plus vague dans ses réelles intentions. Si l’adage « Voler, ce n’est pas beau » est le fer de lance du récit, n’en reste que nous assistons surtout à une prise de pouvoir sans précédent (à petite échelle du moins) de la part d’une bande de hackers usant non seulement de la technologie pour arriver à leur fins, mais se salissant aussi les mains via des membres du Cercle sur le terrain.

On peut donc dire que le film nous montre ce que donnerait une société qui serait en pleine prise d’otage informatique par une bande de méga cerveaux du piratage, sujet déjà dénoncé dans d’autres film sur l’omniprésence d’une organisation ou d’une société (13 Sins, The Game, etc.). Les dangers d’Internet restent ce qu’ils sont ; il suffit d’une connexion pour que tout puisse être contrôlé. Dès lors, n’est-ce pas dangereux de laisser autant de pouvoir à ceux qui auraient la capacité de gérer et de contrôler ce flux de données ? Les réseaux sociaux sont-ils vraiment si innocents ? L’utilisation du dark web va-t-elle connaître un essor ? Cela les amis, seul le temps pourra le dire.

Unfriended : Dark Web ne traite pas du même sujet que son prédécesseur. Il ne traite pas non plus son histoire de la même manière et nous permet de découvrir un thriller sur fond d’écran avec un subtil rendu de found footage bien senti. Hameçonnant le spectateur du début à la fin, on se retrouve à se dire que c’était un bien bon moment et qu’on ne serait pas contre un troisième opus prenant une autre optique mais conservant sa forme initiale et somme toute banale ; un écran d’ordinateur. Amoureux du web et des thrillers informatiques, ce film est pour vous… à regarder sans aucune connexion.

Du coup, l’ordinateur que j’ai trouvé sur un banc public hier, je vais vite aller le reposer… ah… trop tard.  

Derniers commentaires

13.06 | 05:23

Merci pour le concours

03.04 | 19:28

Merci, bonne soirée à tous. 😊🍀

22.03 | 14:38

super

22.02 | 21:57

En effet cher Critiker 😉 très bonne critique du film, qui me rappelle une discussion... devant la salle du ciné 😅 Mark Wahlberg si j'ose (il manque pas d'air le Beep... Enfin si, mais là c'est Mark)😱

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