Mélange à l'italienne

Le cinéma horrifique italien a connu ses heures de gloire, notamment entre les années 60 et 80 avec l’arrivée du giallo. Il est vrai cependant que les films d’horreur italiens… ben… ils peinent un peu à se démarquer. C’est donc avec un certain empressement que je me suis lancé dans le visionnage de A Classic Horror Story, sorti sur la plateforme Netflix en 2021. Réalisé par Roberto De Feo (Le Domaine) et Paolo Strippoli, le métrage nous promet une histoire d’horreur classique. Est-ce le cas ? Les classiques, est-ce que ça peut mourir ? Le cinéma horrifique italien a-t-il une chance ? On révise ses connaissances en métrages d’horreur et on se lance dans la critique ! ATTENTION : l’article contient quelques micro-spoilers

Cinq personnes font du co-voiturage en camping-car. Après un accident de la route, ils se réveillent au milieu d’une clairière à côté d’une étrange maison. Dans cette dernière se trouvent des photographies pour le moins cheloues et il semble impossible de sortir de la forêt. Durant la nuit, des hommes masqués débarquent… et c’est le début du vrai cauchemar.

Avant toute chose, je tiens à le préciser ; avec un titre comme celui-là, il ne faut pas s’attendre à de l’inédit. Lorsque j’ai appuyé sur « Play », je me suis clairement mis en mode « Voyons un peu le nombre d’hommages présents dans ce film » et franchement… y’en a un paquet.

Mais commençons par faire connaissance avec nos cinq protagonistes ; Elisa (Matilda Anna Ingrid Lutz), une jeune femme en route pour se faire avorter ; Riccardo (Peppino Mazzotta), un médecin déchu ; Sofia (Yuliia Sobol) et son petit ami anglophone Mark (Will Merrick), un couple en vacances ; et Fabrizio (Francesco Russo), le propriétaire geek du camping-car.

Bien que l’on sente parfois une certaine hésitation chez les acteurs, ils jouent tous leur rôle comme il se doit et on peut même ressentir une certaine empathie, particulièrement envers Elisa. Celle-ci, torturée par l’idée de procéder à un avortement et se forçant à accepter ce choix, reste une battante hors normes pendant tout le métrage. A noter que le background des différents personnages est light mais tout de même présent, intensifiant ainsi leur personnalité.

Ce qui nous intéresse principalement ici, c’est le scénario. Au vu du titre, est-ce que cela va rester dans les clous en matière d’histoire d’horreur ? Pour être franc, le film ressemble à une succession de reprises d’autres métrages… mais avec une mise en scène bien à lui. Du coup, ça fonctionne tant sur le fond que sur la forme et nous, spectateur, on s’amuse à retrouver tous les films desquels les idées ont été puisées.

Je vais tenter une liste non exhaustive des liens qui peuvent être faits : le titre du film arrive à l’écran comme celui de Funny Games ; l’accident, les cannibales et le cimetière de voitures renvoie notamment à Détour Mortel ; la cabane étrange et l’ambiance qui s’en dégage reprend Evil Dead ; planter une gamine au milieu de brindilles, ça fait très The Wicker Man ; ambiance parfois assimilable à Hérédité ; et globalement, le film se rapproche beaucoup de Midsommar. On y parle aussi de Titanic, Ça et le pétage de case de Fabrizio dans une caravane m’a directement orienté vers celui de Leonardo DiCaprio dans Once Upon a Time… in Hollywood.

Contrairement à d’autres films où ce genre de détail ne semble pas délibéré, c’est différent dans le cas présent. On sent que les réalisateurs connaissent le genre horrifique et l’utilisent pour construire leur propre histoire autour des différents éléments. Plus que de reprendre ces standards, on part carrément dans du méta en fin de métrage, avec un point culminant juste avant le générique final. Etrange comme revirement vu que le traitement global du film conserve tout de même un état assez sérieux.

Si l’idée de base de A Classic Horror Story était de faire dans l’inédit et l’original, selon moi, c’est râpé. On s’attend à pratiquement tout ce qui arrive (sauf la pirouette finale) et bien que le film, dans son ensemble, reste cohérent et même teinté d’une certaine poésie (le dernier geste d’Elisa), ça reste un film reprenant de grands éléments d’autres standards du genre pour permettre un assemblage propre à lui-même. Rien de plus, j’ai envie de dire.

Alors oui, il y a une bonne direction des acteurs, les effets spéciaux sont franchement sympas et on ne s’ennuie pas pendant toute la durée du film, mais on ne sait pas trop si la volonté était de faire clairement du méta ou, au contraire, d’essayer de trouver une identité italienne dans le cinéma horrifique. L’avantage, c’est que les novices en matière d’horreur apprécieront le film et les aficionados du genre s’amuseront à repérer tous les clins d’œil présents. Les deux réalisateurs sont pourtant clairement à suivre car je suis persuadé que, dans un avenir proche, la nouvelle vague de jeunes cinéastes italiens pourrait bien nous surprendre.

Le film est donc un film sur les films d’horreur. Il ne fallait pas en attendre plus au vu du titre mais malgré cela, il possède sa propre identité. Certaines scènes (la mort de Mark sur un fond musical clairement dérangeant, le repas avec Elisa en invitée d’honneur, la mutilation lors du rituel) envoient du lourd et personne n’est épargné. Il y a même une revisite de l’origine de la Mafia qui peut possiblement contenter ceux que le sujet intéresse.

Pour ma part, j’ai bien apprécié ce film rendant hommage à d’autres films tout en conservant sa propre identité. C’est toujours intéressant de voir comment se passe le monde horrifique dans d’autres contrées et je pense que l’Italie a ses chances de connaître un essor ces prochaines années. Viscéral tout en restant standard, des acteurs sympas tout en restant soft, une histoire banale mais basculant dans le méta sur la fin, A Classic Horror Story, au final, n’est pas si classique que ça… et c’est ce qui fait sa force.

Forza Italia !

Derniers commentaires

13.06 | 05:23

Merci pour le concours

03.04 | 19:28

Merci, bonne soirée à tous. 😊🍀

22.03 | 14:38

super

22.02 | 21:57

En effet cher Critiker 😉 très bonne critique du film, qui me rappelle une discussion... devant la salle du ciné 😅 Mark Wahlberg si j'ose (il manque pas d'air le Beep... Enfin si, mais là c'est Mark)😱

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