Ça va être MA fête

Ah, les productions Blumhouse ; tantôt géniales, tantôt bancales, elles ont le mérite de nous intéresser. C’est avec un air intrigué que j’ai posé les yeux sur l’affiche de Ma, film horrifique réalisé par Tate Taylor (La couleur des sentiments, Get On Up, La fille du train) qui se penche également sur le scénario aux côtés de Scotty Landes. La présence en tête d’affiche d’Octavia Spencer finit de me convaincre ; il faut procéder au visionnage. Vais-je tomber sur une superbe production ? La fête sera-t-elle géniale ? Les adolescents américains vont-ils survivre aux fiestas incroyables de Ma ? Sans oublier que l’abus d’alcool est dangereux pour la santé, on se lance dans la critique. ATTENTION : cet article contient des spoilers

Maggie (Diana Silvers) et sa bande d’amis adolescents cherchent à acheter de l’alcool mais pour cela, il leur faut l’aide d’un adulte. C’est ainsi qu’ils font la connaissance de Sue Ann surnommée Ma (Octavia Spencer) qui accepte volontiers de leur donner un coup de main. Puis, elle leur propose de venir faire la fête chez elle pour plus de sécurité. Mais le comportement étrange de Ma devient de plus en plus déviant. Que cache cette gentillesse tordue ?

Durant les premières minutes du film, on découvre cette petite bande d’adolescents qui souhaite simplement vivre des moments sympas en descendant quelques binouzes. Maggie (Diana Silvers) vient d’arriver dans la région ; Haley (McKaley Miller) est prête à tout pour faire la fête ; Andy (Corey Fogelmanis) s’amourache de Maggie ; Chaz (Gianni Paolo) est le beau gosse pas futé ; et Darrell (Dante Brown) campe le bon pote un peu effacé.

Leur prestation est juste d’un bout à l’autre du métrage. On regrette que certains personnages potentiellement intéressants (notamment Haley) ne soient pas plus sur le devant de la scène et que l’action se focalise principalement sur Maggie et Andy, les autres servant techniquement de faire-valoir pour consolider une petite bande à la Stranger Things.

Il ne faut pas oublier la présence de Juliette Lewis dans le rôle d’Erica, la mère de Maggie, impeccable en tous points ; Luke Evans qui interprète Ben Hawkins, le père d’Andy et accessoirement un bel enfoiré dans sa jeunesse ; et la présence du réalisateur Tate Taylor himself dans le rôle de l’officier Grainger, passage court mais remarqué.

Et voici la reine du bal, la follo de la promo, la seule, l’unique Sue Ann ! Octavia Spencer joue parfaitement la carte de la femme psychologiquement perturbée, subissant quotidiennement les remontrances de sa patronne et voyant l’opportunité de retrouver une nouvelle jeunesse grâce à cette bande d’ados. La capacité de l’actrice à se fondre dans un rôle n’est plus à prouver et cela se ressent magnifiquement dans Ma.

C’est donc avec délectation que nous découvrons petit à petit la vie de Sue Ann, en nous aidant de quelques flashbacks nous faisant découvrir son adolescence. Plus le film avance, plus les tares de sa personnalité se font violentes et imprévisibles. En invitant les jeunes à venir boire chez elle, elle va vite devenir la personne à connaître dans le milieu estudiantin dans le but de passer de bonnes soirées à l’abri de tout problème.

Les scènes de fête sont particulièrement bien fichues et on se sent directement dans l’ambiance. Pourtant, le regard pesant de Sue Ann se fait sentir sur chacun des protagonistes et particulièrement sur le jeune Andy et sa petite amie Maggie. Les choses avancent doucement et, pour être honnête, on ne sursaute pas des masses.

Faisant passer Ma pour un film d’horreur, on s’attendait à quelque chose de plus cossu. Les rares sursauts se font à coup de jump scares au rabais (prévisibles, qui plus est) et même si on ressent un certain malaise concernant le personnage de Ma, il manque un cran pour qu’il devienne carrément flippant. Les vagues incroyables de messages et de vidéos qu’elle envoie à ses nouveaux amis nous renvoient surtout à un 21ème siècle englué dans une sur-communication bien réelle.

Le secret qu’elle conserve dans sa maison ? Pas si secret que ça finalement. Elle cherche juste à protéger sa fille d’un monde extérieur violent et vicelard. Bien que l’on puisse clairement avoir quelque chose à redire sur sa méthode, n’en reste que la séquestration de la jeune fille a l’air de se faire dans un but bien louable dans la tête de Ma et non pas dans l’objectif d’une destruction programmée.

Puis, nous arrivons dans la dernière ligne droite et là, on trouve un personnage totalement dérangé et allant jusqu’au bout des choses. La dernière session se déroulant dans son sous-sol nous laisse coi quant à sa capacité à oser le pire. Torture avec un fer à repasser, aiguille + fil + lèvres, couteau bien aiguisé et photo de fin d’année en prime, Sue Ann déploie toute sa folie dans les dernières minutes jubilatoires du métrage. Tout cela pour finir sur une note à la fois glauque et limite poétique lors de l’incendie de sa maison.  

Ombre au tableau ? Eh bien, les raisons qui poussent Sue Ann à agir ainsi sont explicites via les flashbacks de sa vie au lycée. Il faut dire que ce qu’elle a vécu est carrément dégueulasse et que cela peut effectivement affecter quelqu’un une vie entière. Cependant, les plus aguerris d’entre nous verrons tout de suite qu’il s’agit-là d’une histoire de vengeance, Ma acceptant d’aider les jeunes que lorsqu’elle découvre à qui appartient le véhicule conduit par Andy.

On s’embarque alors dans une banale histoire de vengeance, bien ficelée certes, mais convenue tout de même. Le fond n’est dès lors pas des plus intrigants ni intéressant, mais la forme a le mérite de nous inviter à chacune des fiestas et à nous tenir en haleine devant le métrage jusqu’à la dernière minute. Car ce qui nous permet d’avancer et de rester croché, c’est bien le personnage de Sue Ann, la tenante du titre.

Avec ce film, on retrouve les thèmes des abus durant l’adolescence et des conséquences psychologiques qui peuvent découler de tels comportements. Sue Ann est une blessée de la vie qui se fait la promesse de ne plus se laisser avoir. Son premier acte violent est sans appel et le personnage de Mercedes (Missi Pyle) va s’en prendre littéralement plein la gueule. Sa mort est d’ailleurs assez ironique au vu de son nom.

A partir de ce point-là, Ma part en roue libre, déchaîne toute sa colère accumulée pendant toutes ces années et en fait pâtir les rejetons de ses tortionnaires à la manière d’un Freddy Krueger, la capacité d’entrer dans les cauchemars en moins. La vengeance est au centre de la vie de Sue Ann et elle ne semble reprendre vie que lorsqu’elle voit la possibilité de changer la donne. Elle reste cependant touchante car on entrevoit, dans son regard, la nostalgie d’une jeunesse perdue qu’elle souhaite plus que tout retrouver pour pouvoir la modifier.  

La relation mère-fille est également l’un des piliers du métrage. D’un côté Erica et Maggie, complices, faisant une foule de choses ensemble et se vouant une grande confiance l’une envers l’autre. De l’autre, Sue Ann et Genie (Tanyell Waivers, impeccable dans son rôle), l’une prenant clairement l’ascendant sur l’autre et restant dans un rapport de dominant-dominé qui est tout sauf prompt à développer des sentiments concrets et sincères.

Pas si horrifique que ça, Ma reste pourtant un bon métrage avec un scénario simple et aisé à suivre et quelques interventions inquiétantes de la part de son personnage principal. Octavia Spencer crève l’écran, les jeunes adolescents sont comme il faut et quelques moments de suspense permettent de passer un agréable moment… avec modération, bien sûr.

Quelqu’un a un décapsuleur ?

Derniers commentaires

13.06 | 05:23

Merci pour le concours

03.04 | 19:28

Merci, bonne soirée à tous. 😊🍀

22.03 | 14:38

super

22.02 | 21:57

En effet cher Critiker 😉 très bonne critique du film, qui me rappelle une discussion... devant la salle du ciné 😅 Mark Wahlberg si j'ose (il manque pas d'air le Beep... Enfin si, mais là c'est Mark)😱

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