Saisissant !

Un film qui parle de magie et d’illusions, agrémenté d’un casting tape à l’œil et réalisé par Louis Leterrier ; voilà un très bref aperçu d’Insaisissables. Tout comme dans un tour d’illusionniste, on voit la chose en se disant que c’est du déjà-vu, que l’on aura sans doute un mélange du Prestige avec une touche d’Inside Man et que le coup du lapin dans le chapeau, on nous l’a déjà fait un certain nombre de fois. Pourtant, en démarrant le film, j’ai senti comme une différence, quelque chose qui allait donner à ce métrage une touche singulière. Va-t-on voir la supercherie ? L’illusion est-elle totale ? Les tours de magie grand public ont-ils le vent en poupe ? Le fait d’avoir vu Insaisissables en plaisante compagnie n’égrène pas mon jugement cinémalistique pour autant et il m’appartient dès lors de vous dévoiler les ficelles mises en place pour réussir ce film. ATTENTION : cet article contient des spoilers

Daniel Atlas (Jesse Eisenberg), un illusionniste jeune et talentueux ; Henley Reeves (Isla Fisher), une magicienne anciennement assistante de Daniel ; Jack Wilder (Dave Franco), un prestidigitateur roublard à la limite de la loi ; et Merritt McKinney (Woody Harrelson), un mentaliste spécialiste de l’hypnose et de l’argent facile. Quatre magiciens que tout oppose, formant le groupe des 4 Cavaliers et recrutés par un mystérieux personnage pour des tours de magie hors normes. Quel est le but final de ces spectacles ? Qui les a engagés ? Et surtout, comment Dylan Rhodes (Mark Ruffalo) du FBI et Alma Dray (Mélanie Laurent) d’Interpol vont réussir à les arrêter avant leur tour final ?

Cela a été dit en introduction ; le casting est pour le moins rutilant. Nous avons du bon Jesse Eisenberg, de la charmante Isla Fisher, du badass Dave Franco et du mirifique Woody Harrelson. Les quatre magiciens se débrouillent bien dans leurs rôles respectifs et on arrive rapidement à déceler leurs personnalités. Sans pourtant trop creuser les personnages, ce qui aurait été intéressant au vu de leur rythme de vie, on s’attache vite à eux par leur présence filmique et scénique. Chacun possède sa manière de voir les choses et ne manque pas de le rappeler aux autres, enclenchant quelques lignes de dialogues empreintes de punchlines et de pics parfois acérés.

Et que dire de la présence de Mark Ruffalo qui se fond dans son personnage d’agent du FBI dépassé par les événements ? Rôle à plusieurs facettes qui a l’occasion de nous surprendre à maintes reprises, il est épaulé par Mélanie Laurent qui ne fait pas énormément de choses à l’écran. Personnage principalement utilisé pour brouiller les pistes (oui, on ne va pas se le cacher quand même), en savoir un peu plus sur cette petite nouvelle d’Interpol ou la retrouver plus impliquée dans le scénario aurait été beaucoup plus sympathique. Tiraillée entre rehausser l’importance de l’enquête et blouser le spectateur pour qu’il parte sur de mauvaises pistes, la femme coupée en deux, c’est bien elle.

Il faut bien entendu parler encore de Michael Caine dans le rôle d’Arthur Tressler, millionnaire et mécène des 4 Cavaliers, bien dans son costard, bien que peu expressif. Morgan Freeman interprète Thaddeus Bradley, un « casseur de magie » dévoilant les plus grands secrets des illusionnistes du monde entier, possédant un rôle intéressant, creusé et très bien joué. L’opposé exact de l’équipe de prestidigitateurs peut se targuer d’être un adversaire à la hauteur. On note aussi la présence courte mais remarquée de José Garcia comme spectateur français du premier spectacle des 4 Cavaliers et l’apparition photographique d’Elias Koteas dans le rôle de Lionel Shrike, un individu qui aura une importance toute particulière dans le scénario.

L’écriture du film semble à première vue simpliste ; une équipe d’illusionnistes est formée par un mystérieux individu dans le but d’effectuer des tours majestueux mais discutables sur le plan légal. En connaissant la base scénaristique, j’ai tout de suite pensé que j’allais tomber sur du vu et revu, impliquant de gros effets spéciaux, une histoire mollassonne et des rebondissements cache-misère.

Puis, le film démarre. On apprend à connaître les personnages, à découvrir leurs talents, leurs faiblesses, et à les voir se retrouver ensemble pour former Les 4 Cavaliers. Arrive le premier tour où, il faut le dire, le suspense mis en place est celui que l’on ressent lorsqu’on assiste à un véritable spectacle de prestidigitation. Tout en avançant dans le métrage, on en vient à échafauder des théories sur le 5ème Cavalier et on se prend au jeu des devinettes sur comment toute cette histoire va bien pouvoir se terminer.

Puisant sa mythologie autour du personnage de Lionel Shrike, Insaisissables ne tombe pas dans le piège du scénario facile et reste extrêmement agréable à suivre. Les révélations finales font l’effet de ressortir notre carte que l’on avait tiré du jeu et tout trouve une explication cohérente et logique. On ne le voit pas forcément venir et ça, c’est fortement appréciable. Alors oui, quelques éléments dans le film sont gros comme des scènes de music-hall (le coup de la « mort » d’un des personnages… ne me dites pas que vous ne l’avez pas vu venir) et il peut arriver que l’on tombe juste sur la suite donnée au scénario. Cependant, tout comme dans un vrai tour de magie, l’important est de détourner le spectateur de ce qui se passe réellement pour mieux le surprendre à la fin.

Le film ne se borne pas non plus à simplement montrer des tours de magie abracadabrantesques sans queue ni tête. Il y a une réelle volonté de faire les choses bien en incluant l’enquête de Dylan et de sa comparse Alma. Les 4 Cavaliers ne sont pas une menace avant leur premier tour mais le deviennent par la suite, avec le FBI aux fesses. Un interrogatoire des plus comiques, des courses-poursuites à grands coups d’illusions et une tension policière constante sur l’équipe de magiciens ne sont que quelques petites choses qui mettent du piment dans cette aventure. 

La raison pour laquelle les 4 Fantastiques sont poursuivis par les forces de l’ordre est simple ; ils distribuent de l’argent à la fin de leur tour, argent acquis de manière pas nécessairement bien vue des autorités. L’aspect « Robin des Bois » est bien présent mais totalement assumé. Ce n’est pas genre « On va faire un truc à la Robin Hood et personne n’y verra rien ». Ici, c’est explicite et cela permet de conserver un aspect scénaristique connu du grand public, quoique envoyant beaucoup plus de pâté au niveau visuel qu’un arc et des flèches.

Il est aussi nécessaire de parler du pourquoi ce film est intriguant ; l’aspect magique. Avant le cinéma, il y avait la magie. Les tours de cartes, l’art de l’évasion, le mentalisme, les disparitions, c’était cela que les gens allaient voir pour se divertir. Aujourd’hui, avec le 7ème art, la magie est dans chacun de nos écrans, combinant parfois les anciens divertissements avec les nouveaux et permettant aux spectateurs de passer de magnifiques moments teintés d’illusion comme dans Le Prestige ou le film qui nous intéresse ici.

Le leitmotiv principal d’Insaisissables est le détournement d’attention. Subtilement, c’est ce qui arrive au spectateur devant le scénario, lui qui cherche à trouver la finalité de l’histoire et se met à partir sur de mauvaises voies, tout cela pour que le rendu final n’en soit que plus savoureux. Pour faire simple, on peut sans autre comparer ce film à un véritable tour d’illusion qui plus est rythmé par une musique composée par Brian Tyler, nous immergeant complètement dans un spectacle possédant son lot de paillettes et de conventionalités, mais qui reste divertissant, intéressant et… magique.

Le détournement d’attention nous amène donc à la toile de fond du métrage, se basant sur une sorte d’affaire de vengeance mais qui s’avère aller beaucoup plus loin que la simple riposte de base. En incluant l’Œil dans l’histoire, le scénario nous fait languir sur la possibilité de quelque chose d’encore plus grand et plus fort, renforçant l’aspect du secret autour de la magie, incluant donc ce groupe mystique comme étant les gardiens de la magie à travers le monde. Tout n’est donc pas forcément expliqué… comme dans une démonstration d’illusion.

Insaisissables est saisissant, simplement. On s’attend à ne pas être bluffé (comme la plupart des tours de magie) et on se retrouve bouche bée, se demandant comment on a pu se faire avoir aussi facilement, qui plus est par un métrage qui ne promettait pas grand-chose au départ. Avis aux amateurs de magie et de bons films popcorns, c’est le visionnage idéal pour passer une bonne soirée et se souvenir que le cinéma, au fond, c’est aussi un peu magique.

Si quelqu’un peut m’expliquer le coup des menottes dans la salle d’interrogatoire, je suis preneur. 

Derniers commentaires

13.06 | 05:23

Merci pour le concours

03.04 | 19:28

Merci, bonne soirée à tous. 😊🍀

22.03 | 14:38

super

22.02 | 21:57

En effet cher Critiker 😉 très bonne critique du film, qui me rappelle une discussion... devant la salle du ciné 😅 Mark Wahlberg si j'ose (il manque pas d'air le Beep... Enfin si, mais là c'est Mark)😱

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