L'horreur espagnole

Jaume Balagueró, c’est La secte sans nom, Fragile… et [REC]. Cinéaste espagnol de génie, il s’allie avec Paco Plaza, qui s’est fait les dents sur quelques longs métrages hispaniques. A eux deux, ils coréalisent [REC], un found-footage, parvenant ainsi à mettre une claque horrifique au monde entier. Le film déferle sur les festivals et prouve qu’avec des idées et une caméra à la main, on peut faire bien plus qu’une vidéo de vacances. Amateurs d’horreur, [REC] est un incontournable, une pièce maîtresse, l’occasion de se faire peur au moins une fois dans sa vie.

Angela Vidal anime une émission de télévision intitulée Pendant que vous dormez, qui narre les activités des divers métiers nocturnes. Avec son caméraman Pablo, ils se rendent dans une caserne de pompiers à Barcelone pour un nouvel épisode. Tout est calme jusqu’à l’appel d’un habitant du centre ville qui a entendu un hurlement dans l’appartement voisin. Les pompiers et les journalistes se rendent à cet immeuble pour voir de quoi il en retourne. Après l’agression sauvage d’une vieille femme sur un policier, les autorités mettent en quarantaine le bâtiment. Commence une nuit d’horreur où survivre et tout filmer deviennent les seules préoccupations.

Dit comme ça, on se croirait en terrain connu, n’est-ce pas ? Pourtant, même si le scénario peut être complexe à sa manière, instaurant sa propre mythologie, n’en reste que [REC] possède des atouts non négligeables dans sa manche, à commencer par les acteurs.

Manuela Velasco est Angela Vidal, reporter de son état, décidée à informer le public de ce qu’il se passe en ville pendant que tout le monde dort. Elle ne sera clairement pas déçue du voyage ! Surtout connue en territoire hispanique, elle saisit par sa simplicité et surtout sa témérité à vouloir découvrir la vérité. Le réalisme de situation des acteurs, voilà ce qui met déjà [REC] au-dessus du panier. Il en sera de même pour tout le reste du casting, ne se bornant pas à simplement vouloir avancer de manière incohérente ou commencer à prendre des décisions stupides. Tous jouent de manière claire, parfois étrange, mais collant admirablement à ce confinement imprévu.

Le confinement, c’est là une des autres clés de [REC]. Tous les habitants de l’immeuble, les policiers, les pompiers, bloqués entre ces murs de béton, aux prises avec une force inconnue, implacable et meurtrière. De plus, quoi de plus banal qu’un hall d’immeuble, franchement ? Pour faire ressortir la peur au plus profond de nous, les réalisateurs utilisent des lieux connus, aperçus tous les jours, afin de donner une dimension plus réelle aux terribles événements se tramant dans le bâtiment.

Et des événements, il y en aura ! Les attaques sont surprenantes et sauvages. On est clairement dans le sanguinolent, jamais avec surenchère. La tension ne cesse de monter et même lorsque l’on pense qu’elle va redescendre, c’est pour mieux nous amener à une scène encore plus terrifiante (standing ovation pour la cavalcade dans les escaliers jusqu’au dernier étage ; un pur moment de stress où la tension… monte). Instaurant une ambiance à la fois réelle et décalée de toute explication rationnelle, Jaume Balagueró et Paco Plaza se posent en maîtres du suspens et de l’horreur.

Toute cette ambiance mise en place, on passe les 1h18 de métrage (eh oui, c’est court) sans rien y voir et en prenant son pied à sursauter et à être terrifié. On se retrouve dans l’immeuble avec le reste des protagonistes, bloqués par la peur ancestrale de l’inconnu qui peut mener à la mort… ou même bien pire. En apprenant à « vivre » avec les participants de cette situation macabre, on note une dénonciation des autorités, de celles qui ne veulent pas parler de choses importantes et qui préfèrent laisser mourir des innocents plutôt que d’admettre qu’une erreur a été commise. On prend parti, on tente de fuir, on n’y parvient pas… et on aime ça.

Esthétiquement, pas de nausée en vue. Bien entendu, comme dans tout found-footage, il faut un temps d’adaptation pour les mouvements de caméra, mais là, étonnamment, ça vient très vite. De plus, les plans sont choisis minutieusement (montrer juste ce qu’il faut pour donner son petit effet) et certains sont plus longs pour justement poser une ambiance propre et ainsi foutre la déguille (la trouille) aux spectateurs.

En remettant le film dans son contexte, en 2007, on a eu du bon cette année là au niveau horrifique. Mais franchement, [REC] surpasse les attentes que l’on pouvait avoir d’un métrage d’horreur, qui plus est en mode found-footage. Scénario, esthétique, casting, effets spéciaux, niveau du trouillomètre, critique de la société, le tout posé sur un réalisme correct, l’équipe des réalisateurs a réussi à nous pondre un VRAI film d’horreur.

Du coup, rien à redire de négatif ? [REC] serait-il LE film parfait par excellence ? Il est possible de pinailler sur certains détails et notamment quelques incohérences qui pourraient paraître flagrantes (le grand-père de la famille asiatique, l’apparition dans le… (je vous laisserai voir), l’absence de réelles réponses). Qu’importe, les suites apporteront un peu d’eau au moulin en matière de compréhension du métrage d’origine, du moins, on l’espère. Pour le reste, personnellement, je trouve que ces incohérences donnent une touche irréelle au métrage, ce qui intensifie encore plus l’impression de peur et d’inconnu. Du coup, ce qui était censé descendre le film ne fait que le remonter.

C’est exactement cela ; [REC] hausse le niveau. La réalisation espagnole n’a pas à rougir de ses capacités et bien des fois nos amis du Sud nous ont montré qu’ils étaient capables, en matière d’horreur, de faire dans l’esthétique, le flippant et le grandiose en même temps. Ce film n’échappe pas à la règle et vous, vous n’échapperez pas à ce film. 

Derniers commentaires

13.06 | 05:23

Merci pour le concours

03.04 | 19:28

Merci, bonne soirée à tous. 😊🍀

22.03 | 14:38

super

22.02 | 21:57

En effet cher Critiker 😉 très bonne critique du film, qui me rappelle une discussion... devant la salle du ciné 😅 Mark Wahlberg si j'ose (il manque pas d'air le Beep... Enfin si, mais là c'est Mark)😱

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