Trois en un

En 2021, sur Netflix, débarque une trilogie peu commune ; Fear Street. Traitant d’une malédiction sur la ville de Shadyside, chaque opus se déroule à une période précise ; 1994, 1978 et 1666. Ces productions sont directement inspirées de la série littéraire du même nom écrite par R. L. Stine, auteur principalement connu pour sa collection Chair de poule. Pour mettre tout cela en image, on demande à la réalisatrice Leigh Janiak de passer derrière la caméra. Avec un contenu plus mature et violent que les Chair de pouleFear Street nous embarque dans une histoire sentant bon l’hommage aux slashers et autres films horrifiques de ces dernières années. Alors, est-ce que ça vaut le coup de se visionner les trois films ? Va-t-on plutôt habiter à Shadyside ou Sunnyvale ? La malédiction peut-elle être levée ? C’est parti pour non pas une mais trois critiques ! ATTENTION : cet article contient des spoilers 

Fear Street, partie 1 : 1994

La ville de Shadyside, dans l’Ohio, est considérée comme la ville du meurtre aux Etats-Unis, ayant eu son lot d’assassins timbrés au fil des années. Apparemment maudite par une sorcière nommée Sarah Fier au 17ème siècle, les habitants doivent y vivre avec ce fardeau. C’est lors d’une confrontation entre des étudiants de Shadyside et d’autres de Sunnyvale (une petite ville prospère où il fait bon vivre à quelques encablures de la cité maudite) que les choses vont commencer à déraper ; les jeunes se retrouvent poursuivis par de mystérieux tueurs revenus d’outre-tombe.

Ce premier opus pose les bases qui vont faire de cette trilogie un véritable hommage au cinéma horrifique tout en restant dans le tir des écrits de R. L. Stine. N’ayant pas lu la collection Fear Street, je ne peux pas faire un comparatif clair et précis, mais dans la globalité, la transposition à l’écran se fait de manière à contenter les nouveaux venus comme les lecteurs assidus de l’auteur.

On démarre en fanfare avec une séquence qui n’a rien à envier à l’ouverture de Scream de Wes Craven (1996). L’atmosphère globale de cet opus reprend admirablement les années 90 ; c’est coloré, musical et fun, tout en respectant les hommages faits aux différents slashers de ces années-là. On est dans le bain et franchement, ça commence bien.

Il faut aussi préciser que les acteurs aident énormément à l’immersion… et c’est tant mieux car on va les suivre sur les trois métrages ! Deena (Kiana Madeira) peine à oublier sa petite amie Samantha (Olivia Scott Welch), partie s’établir à Sunnyvale. Elle peut compter sur le soutien de ses amis Kate (Julia Rehwald) et Simon (Fred Hechinger), du moins quand ces derniers ne sont pas occupés à vendre de la drogue. Le petit frère de Deena, Josh (Benjamin Flores Jr.) s’intéresse de près à l’histoire de Shadyside et sent que quelque chose cloche dans cette ville. Chacun tente de vivre de son mieux dans la ville le patelin le plus meurtrier des Etats-Unis.

C’est alors que les événements prennent une tournure encore plus sombre avec le meurtre sans aucune raison de plusieurs personnes dans le centre commercial, perpétrés par un jeune homme déguisé en squelette. Apparemment, un nouveau tueur dérangé a fait son apparition en ville. Bon, ben ça ne fera qu’un de plus à ajouter à la longue liste des assassins frapadingues de Shadyside.

Après nous avoir présenté les différents protagonistes ainsi que leur quotidien et leurs liens, une altercation entre des étudiants de Sunnyvale et de Shadyside va clairement mettre le feu aux poudres. Sam semble affectée par la malédiction qui se trouve sur la ville et de mystérieux tueurs pas franchement sympas débarquent pour s’en prendre aux étudiants. Le shérif Nick Goode (Ashley Zukerman), officiant à Sunnyvale, ne semble pas extrêmement préoccupé par les événements.

Démarre alors un jeu du chat de la souris agrémenté de recherches historiques sur la ville, permettant d’allier habilement action, horreur et construction scénaristique. Tout cela pour en arriver à un final dans un supermarché qui ne laisse pas indifférent. Apparemment, tout peut arriver dans Fear Street ; absolument tout. 

Fear Street, partie 2 : 1978

Pour sauver sa petite amie, Deena se rend chez la seule survivante du massacre qui a eu lieu au camp Nightwing en 1978. On se retrouve alors propulsé dans les seventies pour découvrir ce qu’il s’est réellement passé durant ce camp d’été où la malédiction pesant sur Shadyside s’est déchaînée.

Dans ce second opus, on passe principalement du temps en 1978, durant une colo de vacances, regroupant les adolescents des deux villes. L’animosité entre les deux cités est palpable est cela donne droit à quelques exactions de la part des deux groupes.

On se retrouve ici clairement dans l’ambiance d’une célèbre franchise ; Vendredi 13. Eh oui, un camp d’été, des ados qui découvrent les aléas de la vie, un tueur kiffant ardemment s’amuser avec une hache, tous les ingrédients sont réunis pour être bien calé dans l’ambiance d’un bon vieux métrage horrifique pendant un camp de vacances. De quoi ravir les amateurs du genre.

C’est également l’occasion de nous présenter de nouveaux protagonistes comme Ziggy (Sadie Sink) et sa sœur Cindy (Emily Rudd), frangines qui ne peuvent pas se blairer ; Tommy (McCabe Slye), petit ami de Cindy et moins pacifique qu’il n’y paraît ; Nick Goode jeune (Ted Sutherland) s’amourache d’une fille de Shadyside ; et les acteurs du premier opus reviennent dans leurs rôles respectifs lors des séquences de 1994.

Avec cette seconde partie, nous sommes toujours dans du viscéral, l’horreur augmentant au fur et à mesure de l’histoire. C’est également à partir de là que la malédiction prend une ampleur plus importante, nous faisant même passer un moment délicieusement tendu dans les cavernes situées sous le camp, lieu d’habitation du mal à l’état pur.

C’est après plusieurs intrigues secondaires bien senties et un final massacrant que la vérité est révélée concernant la véritable survivante de cette nuit d’horreur au camp Nightwing. En ajoutant à cela la découverte d’un moyen d’en finir avec cette fichue malédiction, c’est le moment de revenir en 1994 pour tenter d’y mettre un terme… et de basculer fissa au 17ème siècle.

Fear Street, partie 3 : 1666

Proche de découvrir la vérité, Deena se retrouve au 17ème siècle dans la peau de Sarah Fier, la sorcière par laquelle tout aurait commencé. En découvrant son quotidien ainsi que ses espoirs et ses doutes, elle va rapidement se rendre compte que la malédiction qui s’est abattue sur Shadyside est bien plus complexe que prévu.  

On peut dire que cette troisième partie est très habile car elle reprend les acteurs des deux autres pour les intégrer pleinement dans l’univers d’Union, la ville avant sa scission en deux parties. On retrouve donc tous nos personnages dans des rôles différents et fins prêts pour nous expliquer ce qui est réellement arrivé à Shadyside pour que ça devienne le pire lieu au monde.

Utilisant un grain d’image différent, la transposition au cœur de cette année 1666 se fait sans aucun accroc. On y découvre la vie quotidienne de Sarah Fier, de son amour pour une autre fille du village et des événements qui ont tout déclenché. Côté ambiance, on met de côté le type « slasher » pour un genre plus « historique ». Impossible de nier l’utilisation de la sorcellerie dans les films horrifiques traitant du sujet, notamment la série Salem ou encore The VVitch.

C’est également l’occasion de découvrir sans doute le pire tueur de l’histoire de la petite ville, bien qu’il apparaisse peu de temps à l’écran. Le pasteur Cyrus Miller (Michael Chandler), possédé par la malédiction, va procéder à quelques énucléations d’enfants ainsi que sur lui-même. Fait marquant qui sera le fer de lance des autres tueurs dérangés au fil des siècles.

La vérité nous pète également à la tronche durant ce métrage, mettant définitivement les pendules à l’heure concernant la malédiction rongeant Shadyside. Pour les plus aguerris, je pense que le pot aux roses sera déterminé bien avant que l’on nous le présente à l’écran. Cependant, c’est un excellent retournement, nous emmenant jusqu’à la fin de Sarah Fier et le début des ennuis pour les habitants de la petite ville.  

Mais pas le temps de badiner ! Il faut revenir en 1994, histoire d’en finir une fois pour toute avec cette fichue guigne. C’est lors d’un final tendu à souhait et esthétiquement bien foutu au cœur d’un centre commercial (là où tout a commencé) que le dénouement se présente sous nos yeux. Tout cela pour terminer sur une note optimiste et une dernière image révélatrice de la manière d’écrire de R. L. Stine ; ça ne se termine jamais vraiment.

Conclusion

Les hommages récurrents aux films horrifiques sont légion dans les trois métrages présentés ici. Qui plus est, l’horreur est bien présente, assez gore et est capable de nous mettre, de temps à autre, en situation de tension. Le titre Fear Street, bien que reprenant celui de la collection de l’auteur, est donc totalement valable.

Mais l’horreur, ce n’est pas tout. Il y a aussi un gros taf’ de la part des acteurs qui parviennent à jouer différents rôles tout en jonglant entre différentes époques. Qui plus est, ces dernières nous offrent quelques élans de nostalgie (sauf pour 1666, là, j’connais un peu moins). Avec quelques traits d’humour et des intrigues secondaires donnant plus de corps de l’ensemble, la structure du récit est sauve.

Et puis, il y a les thèmes abordés qui sont passablement nombreux. Il est possible toutefois de centraliser la problématique des classes (la prospérité de Sunnyvale contre la fange de Shadyside) ; les relations compliquées (l’amour entre Sarah et Hannah au 17ème siècle) ; le désormais connu passage à l’âge adulte ; l’importance de l’amitié ; ou encore la complexité de prendre des décisions parfois difficiles… et à quel prix.

Ces trois sections sont emballées dans des paquets bien à elles, nous transportant dans les différentes époques sans fausse note et surtout en gardant un tant soit peu de fun à l’esprit. L’occasion de nous présenter une pléiade de tueurs (Billy et sa batte de baseball, Harry alias le laitier fou, l’ersatz de Jason, Ruby et sa lame de rasoir, etc). Gros hommage aux slashers en perspective.

Bref, Fear Street est une trilogie franchement bonnarde qui vaut le visionnage. Bien que n’étant pas d’une transcendance absolue remettant en question le genre horrifique dans son ensemble, c’est un bon moment de cinéma, fortement appréciable grâce à des prestations bien fichues, des tueurs sanguinaires, une ville maudite et un scénario bien troussé. Et puis, entre nous, Shadyside, ça n’aurait pas des fausses-allures de Sunnydale ? Nostalgie, quand tu nous tiens !

Une histoire, trois films ; c’est l’affaire du siècle !

Derniers commentaires

13.06 | 05:23

Merci pour le concours

03.04 | 19:28

Merci, bonne soirée à tous. 😊🍀

22.03 | 14:38

super

22.02 | 21:57

En effet cher Critiker 😉 très bonne critique du film, qui me rappelle une discussion... devant la salle du ciné 😅 Mark Wahlberg si j'ose (il manque pas d'air le Beep... Enfin si, mais là c'est Mark)😱

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