T'as un sept de coeur ?

En décembre 2020, une série japonaise débarque sur Netflix ; Alice in Borderland. J’ai décidé de glaner quelques infos çà-et-là. Il s’agit de l’adaptation live d’un shõnen manga d’Haro Asõ, sorti en 18 volumes entre 2010 et 2016. Après la sortie en 2014 d’un animé en trois épisodes, c’est le réalisateur Shinsuke Satõ (Death Note : Light Up the New World, Kingdom) qui transpose cela en live dans une série de huit épisodes. On y parle de jeunes pris au piège dans un univers alternatif dans lequel ils doivent participer à des jeux cruels pour rester en vie. Est-ce que ça ressemble à Battle Royale ? Est-ce qu’un upload d’Alice au pays des merveilles peut être sympa ? Jouer à des jeux vidéo toute la journée, est-ce que ça peut être utile ? On tire une carte et on se lance dans la critique !

Arisu (Kento Yamazaki) et ses deux amis Karube (Keita Machida) et Chota (Yûki Morinaga) ne font pas grand-chose de leur vie. Un peu marginaux, ils aiment par-dessus tout s’amuser. Après avoir causé un accident, ils se planquent dans des toilettes publiques. Soudain, le courant tombe en panne. Sortant de leur cachette, ils découvrent un Tokyo déserté. Très vite, ils vont apprendre qu’ils se trouvent dans un univers alternatif où le seul moyen de survivre est de jouer à des jeux pour le moins sadiques.

On peut voir cette histoire comme une mise à jour d’Alice au pays des merveilles, en y trouvant d’ailleurs pas mal de références. Il est aussi possible d’y trouver des points d’accès de réalisations comme Battle Royale ou encore Hunger Games. Mais l’essentiel ; est-ce que cela correspond au matériau d’origine ? N’ayant pas lu le manga, je ne peux pas vous répondre. Cependant, d’après les informations trouvées, l’histoire globale s’y tient tout en apportant quelques modifications dans sa forme ou encore dans les personnages. Quelque chose d’habituel en matière d’adaptation, en somme.

Ce qu’il faut souligner, c’est qu’on s’en prend plein la gueule dès le premier épisode… et qu’il est très difficile de décrocher par la suite. D’ailleurs, je me suis visionné cette première saison d’un seul trait tant j’étais happé par l’histoire et les personnages qui s’y rapportent.

Nous avons Arisu, un jeune qui ne branle rien de ses journées, passant son temps devant les jeux vidéo (quel mal y a-t-il à ça ?). Son frère et son père ne le considèrent nullement et il se fait bazarder de chez lui. Il part à la rencontre de Karube, un bagarreur travaillant dans un bar mais venant de se faire virer parce qu’il fricotait avec la femme du patron. Tous deux sont également amis avec Chota, qui a un travail mais qui dilapide la majorité de son revenu pour permettre à sa mère de payer les factures, cette dernière faisant apparemment partie d’une sorte de communauté religieuse pour le moins chelou.

Ces trois amis cherchent à s’émanciper d’une réalité monocorde dans laquelle ils ne se sentent pas raccord. Par un étrange concours de circonstances, ils vont se retrouver propulsé à Borderland, un Tokyo alternatif pratiquement vide dans lequel on ne peut survivre qu’avec des jours crédités sur son visa. Pour cela, il faut participer à des jeux… comment dire… ben… il faut survivre, quoi.

Le système de jeux est particulièrement bien vu. Avant d’entrer dans l’un d’entre eux (des arènes pour être précis), un téléphone mobile affiche une carte à jouer. La force de la carte indique la difficulté du jeu et sa couleur représente le thème ; le trèfle pour le travail d’équipe, le pique pour l’épreuve physique, le carreau pour l’épreuve intellectuelle et le cœur pour jouer avec les sentiments des autres. Si les participants survivent, la force de la carte leur crédite leur visa d’autant de jours. S’ils perdent… ils meurent. A expiration du visa, un laser venant du ciel vous transperce de part en part, idem si vous tenter de vous échapper du jeu pendant son déroulement. Autant dire qu’il n’y a aucune échappatoire. Ah, et les participants, une fois qu’ils ont connaissance de la teneur du jeu, ne peuvent plus faire machine arrière.

L’histoire se met en place gentiment, nous présentant les protagonistes via une discussion par téléphones interposés, cela avant de nous en faire apprendre un peu plus sur eux. Puis, c’est l’arrivée à Borderland, dans un Tokyo vide, éteint et sinistre. Et lorsque le premier jeu démarre… on ne peut plus se passer de cette série !

Visuellement, c’est magnifique et bien vu. Tokyo vide, ça fait déjà quelque chose, mais quand on voit les arènes s’allumer dans la nuit noire, on se rend alors compte de la beauté de l’ambiance. Les lumières dans l’obscurité deviennent les seules possibilités sadiques de survie et il est nécessaire de se rendre près d’elles, comme un papillon vers une flamme, pour espérer avoir quelques jours de sursis.

Côté violent, ça envoie également du pâté (passez-moi l’expression). Les morts sont graphiques, ça éclabousse pas mal et parfois, on ne s’y attend pas. En matière d’épanchement de sang dans une pièce, Alice in Borderland sait y faire sans entrer dans un gore qui serait malvenu. La violence des décès reflète la folie de ce monde dans lequel se trouvent les protagonistes.

Le système en place est assez addictif. D’une part, nous avons des personnages intéressants (que l’on peut affilier assez facilement à ceux d’Alice au pays des merveilles), possédant des histoires particulièrement prenantes. Les trois amis vont rencontrer Usagi (Tao Tsuchiya), une jeune femme qui veut survivre plus que tout ; Chishiya (Nijirõ Murakami), un fin stratège en hoodie ; ou encore le Chapelier (Nobuaki Kaneko), dirigeant d’un endroit appelé la Plage, idyllique sur le papier… mais moins en réel.

D’autre part, nous avons un système de jeux à la fois élaboré et extrêmement prenant. Le premier d’entre eux nous met directement dans le bain avec le choix d’une porte afin de passer d’une pièce à l’autre sans mourir. C’est là que l’on voit que les choses ne vont pas être si faciles. Puis, au fur et à mesure du récit, dans le but d’obtenir de nouveaux jours de survie, on assiste à d’autres parties.

Chacune possède non seulement un thème central mais nous fait bénéficier d’émotions différentes. L’intrigue pour le trois de trèfle, la tension pour le cinq de pique, la tristesse pour le sept de cœur ; à chaque jeu, son émotion. Qui plus est, la question que l’on ne peut s’empêcher de se poser en cours de route est ; et moi, là au-milieu, j’aurais fait quoi ? Celle-ci devient extrêmement perturbante durant l’épisode du sept de cœur. Je vous laisse juge.

On assiste alors à la survie de notre groupe pour en arriver à plusieurs épisodes se déroulant à cette fameuse Plage, l’occasion de découvrir de nouveaux protagonistes comme Aguni (Shõ Aoyagi), une montagne de muscles qui collabore avec le Chapelier ou Kuina (Aya Asahina), une fidèle amie de Chishiya qui sait particulièrement bien se battre.

Tout cela pour arriver dans une partie finale où l’on se rend compte que tout ne peut être qu’illusion et qu’il n’y a vraiment nulle part, NULLE PART, où être à l’abri. Autant vous dire que les dernières minutes nous offrent un aperçu de la suite des événements et que… BORDEL, C’EST QUAND LA SAISON 2 ?

Je pense qu’il n’est pas nécessaire de s’étendre sur les thèmes présentés car ils sont potentiellement nombreux et chaque jeu peut nous ramener à une possibilité de réflexion. Outre le fait de se poser la question de notre réaction dans une même situation, on peut également noter qu’Alice in Borderland traite de beaucoup de sujets comme la différence, la pertinence de ce que nous représentons pour les autres, l’estime de soi ou encore les raisons qui nous poussent à survivre en dépit des circonstances.

Pour une première saison, ça envoie du lourd et on se bouffe les huit épisodes avec une facilité déconcertante (ça doit être un deux de carreau, cette histoire). A tel point que lorsqu’on arrive au final, on a juste envie que ça continue. Avec son concept simple, bien que potentiellement déjà vu sur le fond, c’est la forme qui permet à cette série de se démarquer et de devenir un véritable petit bijou de 2020.

Amateurs de frissons, de tension et de jeux dont on ne ressort par toujours vainqueurs, Alice in Borderland est pour vous ! Des personnages bien fichus et intéressants, une intrigue ne se borne pas à simplement se dérouler sans interrogations, des jeux assez vicieux pour nous remettre en question sur certains points, un visuel cossu et sympathique, c’est franchement du bon et ça se regarde sans peine. Grosse ombre au tableau ; c’est dans combien de temps la suite ?

Actuellement, je suis en pleine partie de dame de cœur ; et vous ?  

Derniers commentaires

13.06 | 05:23

Merci pour le concours

03.04 | 19:28

Merci, bonne soirée à tous. 😊🍀

22.03 | 14:38

super

22.02 | 21:57

En effet cher Critiker 😉 très bonne critique du film, qui me rappelle une discussion... devant la salle du ciné 😅 Mark Wahlberg si j'ose (il manque pas d'air le Beep... Enfin si, mais là c'est Mark)😱

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