Des bambins lunatiques

Film de 1981, nous avons ici du lourd car ce n’est pas un enfant qui va mettre à mal quelques adultes, mais trois ! Au scénario, on trouve Barry Pearson et Ed Hunt, qui est également réalisateur. Dans sa filmographie, on tient ici son film le plus connu… et il ne l’est pas tant que ça. De son titre d’origine Bloody Birthday, c’est le principe même du film fait pour choquer que nous allons trouver avec ce métrage. Pour les années 80, les enfants tueurs n’était pas foncièrement le sujet le plus vendeur, surtout après la claque du film Les Révoltés de l’an 2000 de Narciso Ibanez sorti en 1976. Le visionnage en vaut-il la bougie d’anniversaire ? Les astres seront-ils avec nous ? Des enfants qui tuent, mais pourquoi ? Parfois, malheureusement, il ne faut pas s’encombrer de trop de questions et laisser parler ce qui se déroule à l’écran. ATTENTION : cet article contient des spoilers

Trois enfants naissent en même temps lors d’une éclipse solaire. Dix ans plus tard, alors que leur anniversaire approche, les mouflets décident qu’il est temps de descendre quelques personnes de leur entourage. Ils se mettent alors en quête de crimes divers et variés à commettre, histoire de se passer le temps. Ben oui, fêter leurs dix ans, il faut marquer le coup.

Comme dans d’autres métrages reprenant le même thème, les adultes sont complètement à la ramasse. Il faut dire que les bambins à tête d’ange sont au-dessus de tout soupçon et ce n’est pas chose facile de les débusquer. C’est pourtant ce que fera Joyce (Lori Lethin), étudiante de son état, avec une franche passion pour l’astrologie. Madame Brody (Melinda Cordell), maman de la terrifiante Debbie, ne touche pas non plus le puck sur les agissements des enfants. Avec le nombre d’enterrements dans ce film, aucun adulte, AUCUN, ne remet réellement en cause le comportement étrange des trois bambins.

Si on veut voir du lourd, il faut se tourner vers les enfants qui gèrent très bien leurs rôles, à commencer par Curtis (Billy Jayne). Petit brun à lunettes, son sourire narquois et son intelligence nous donne envie de lui en coller une à chaque apparition. Méthodique et sadique, il passe pour le gentil intello mais s’avère être un fin stratège du meurtre. Steven (Andrew Freeman) est plus effacé et on ne le voit guère sur le devant de la scène. Il est pourtant présent, apportant son aide et son soutien lors des mauvais agissements de ses contemporains. La palme revient à la petite Debbie (Elizabeth Hoy), machiavélique, manipulatrice, et assoiffée de sang. Pour couronner le tout, elle possède un humour noir des plus particuliers (« J’ai renversé du vernis à ongles »).

Bref, du côté casting, rien de nouveau sous le soleil ; des adultes qui n’y voient rien et des enfants qui se permettent tout. Niveau scénario, ce sera un peu la même limonade. On commence le métrage avec la naissance des enfants tandis que la caméra reste stagnante sur l’éclipse qui est en train d’avoir lieu. On passe ensuite directement à la case « dix ans plus tard », où les enfants pètent une durite et décident de décimer tous les adultes du secteur (et des petits camarades de leur âge aussi par la même occasion). Une jeune étudiante se rend compte de leurs méfaits et cherche un moyen de se dresser contre eux. Linéaire et peu explicatif.

Pourtant, au début du film, on se dit qu’il y a une logique implacable dans la manière de faire des mômes, éliminant le représentant ultime de l’autorité dans les premières minutes. Mais en fait… non. Aucune logique dans les meurtres, si ce n’est d’envoyer des corps à la morgue en assouvissant leurs pulsions destructrices. L’explication de leurs personnalités si dérangées ? C’est Joyce qui nous apporte un semblant de réponse, en mentionnant que lors de leur naissance, l’éclipse a bloqué Saturne (la coquine !) et du coup, les enfants sont nés sans conscience. Mouais… mouais…

On suit le film sans grande conviction, préférant nous attarder sur les scènes à proprement parler plutôt que sur l’ensemble. Car même si les explications sont vaseuses et les acteurs parfois moyens, les interventions des enfants donnent une tension non négligeable au métrage. Avec leurs diverses manières d’en finir avec les gens, les amateurs de frissons n’auront pas de quoi s’ennuyer.

La casse automobile avec une poursuite en voiture rappelant Christine et le déguisement du bambin renvoyant à un certain Vendredi 13 ; la fête d’anniversaire des enfants et le coup du gâteau potentiellement agrémenté de produits dangereux ; le trou dans le placard de la petite Debbie qui fait payer ses amis pour voir sa sœur se dénuder ; ces mioches ont clairement un souci. Le malaise instauré dans certaines scènes se transmet au spectateur, surtout quand on voit le fun qu’ils prennent à faire du mal aux autres, tout cela en se battant les schtroumpfs des conséquences. Même les discussions qu’ils ont entre eux parviennent à nous mettre en situation de stress et ça, c’est bien vu.

On suit donc le métrage jusqu’à son terme, où la poursuite finale dans la maison, il faut le dire, nous colle bien dans notre canapé. Nous sommes en présence d’enfants complètement déglingos (et pourtant très intelligents) et on ne sait pas comment tout cela peut se terminer. C’est ainsi que nous apprenons qu’au final, la plus diabolique des trois compères reste Debbie, s’en sortant indemne et n’ayant apparemment toujours pas réussi à se désintoxiquer du meurtre, osant même un dernier trait d’humour noir juste avant la coupure finale.

Le but du film ? Montrer des enfants tueurs, simplement. Il n’y aura pas de profondeur sociale évidente, si ce n’est que l’innocence incarnée ne sera jamais soupçonnée de tels actes barbares. Pour le reste, il faudra repasser, car Les Tueurs de l’éclipse ne reste qu’une suite de séquences sur un scénario en filigrane, sans pour autant avoir une profondeur qui aurait été bienvenue. On se retrouve dans un métrage comme Le Village des damnés, en plus petit et en moins bien construit.

Ne dérogeant pas sur certaines règles de base, mais ne parvenant pas à s’émanciper clairement du joug d’un métrage adulte, Les Tueurs de l’éclipse est un film d’horreur atypique, misant principalement sur la tension instaurée dans des scènes bien précises, sans apporter un réel fond. Tendu, instaurant le malaise, exagérant parfois, les parents dont les enfants sont nés un jour d’éclipse et fêtant prochainement leur dixième anniversaire pourront certainement flipper. Pour les autres, il ne s’agit que d’un métrage supplémentaire au tableau de chasse, sans plus.

Pensez quand même à planquer les produits dangereux, couteaux, armes à feu et tout objet contendant ; on ne sait jamais.   

Derniers commentaires

13.06 | 05:23

Merci pour le concours

03.04 | 19:28

Merci, bonne soirée à tous. 😊🍀

22.03 | 14:38

super

22.02 | 21:57

En effet cher Critiker 😉 très bonne critique du film, qui me rappelle une discussion... devant la salle du ciné 😅 Mark Wahlberg si j'ose (il manque pas d'air le Beep... Enfin si, mais là c'est Mark)😱

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