Chut !

Réalisateur particulièrement efficace dans le domaine horrifique, Mike Flanagan nous a sorti un nouveau tour de sa manche en 2016, en plus de Before I Wake et Ouija : les origines. Son métrage s’appelle Hush, traduit de manière logique par Pas de bruit comme titre français. Connaissant les ficelles du genre, Mike parviendra-t-il, comme souvent, à nous bluffer par la réalisation et la direction des acteurs ? Est-ce que Hush pourrait faire taire définitivement les mauvaises langues… ou au contraire mettre sous silence la carrière de Monsieur Flanagan ?

Maddie est une jeune écrivaine souhaitant sortir un nouveau livre. Pour trouver l’inspiration, elle se retrouve dans une maison au milieu de la forêt. Son amie Sarah passe ponctuellement lui dire bonjour et elle discute avec sa sœur Max via Internet. Un soir, un individu masqué et malintentionné va rôder autour de sa maison. Son but est clairement de faire du mal à la jeune femme. Seulement, celle-ci est sourde-muette.

Et BAM ! Ici, pas de scream-queen… et quel bien ça fait ! On nous pose un standard absolu des films d’horreur ; pourquoi les écrivains en mal d’inspiration se retrouvent tous isolés au milieu de la forêt pour se faire pourchasser par des tueurs sanguinaires ? Aucune idée, mais la formule fonctionne. Elle fonctionne d’autant mieux lorsque la protagoniste littéraire est en fait une jeune femme sourde-muette, donnant un élan supplémentaire au métrage et nous gratifiant de quelques scènes bien senties (non, elle ne t’entend pas quand tu frappes à la vitre).

Autre point intéressant : le tueur. Paraissant être le petit frère de Michael Myers dans un premier temps, il finira par se démasquer, lui conférant une humanité bienvenue. Exit les tueurs surnaturellement forts, rapides et astucieux. Ici, il s’agit d’un simple humain anonyme, certes aimant tuer, mais n’ayant aucune des capacités hors normes d’autres psychopathes du fond des bois. Cet aspect humain renforce le lien entre le tueur et sa victime de manière notable, et ça aussi, ça fait du bien.

Côté acteurs, Kate Siegel tire son épingle du jeu. Impeccable en sourde-muette, elle tient son rôle jusqu’au bout. A noter qu’il s’agit ici de l’épouse du réalisateur, Mike Flanagan, qui a également co-écrit Hush.

Présent dans plusieurs séries et quelques films (notamment 10 CLoverfield Lane, de Dan Trachtenberg), le tueur est incarné par John Gallagher Jr. Humain, commettant des erreurs et aimant traquer ses victimes, il nous offre une interprétation tout à fait correcte sans tomber dans le piège du cabotin traditionnel. Michael Trucco (Battlestar Galactica), Samantha Sloyan (Grey’s Anatomy) et Emilia Graves feront également un tour par les bois, donnant quelques rebondissements au passage.

Tout va bien pour ce film jusqu’ici. Cependant, il faut tout de même relever quelques petites choses qui viennent cruellement entacher un métrage qui aurait pu confiner au génie, à commencer par le choix de l’handicap de Maddie. Cela devient une force pour le film en nous gratifiant de quelques rebondissements… sans plus. Le reste du temps, même avec la capacité de parler et d’entendre, on en reviendrait au même postulat pour cette jeune femme prisonnière de ce home invasion. Bien entendu, on ne peut pas plancher que sur de l’originalité et les scènes où Maddie se retrouve à l’extérieur sont extrêmement tendues, mais le constat est que des longueurs sont à prévoir, de celles qui seraient tout à fait standard dans un film conventionnel de ce genre.

Le rythme se retrouve dès lors quelque peu brisé. Moment de tension, redescente, et cela pour nous faire arriver à un final que je trouve… mitigé. Je m’explique plus en détail après l’article, avec spoilers, pour argumenter le point de vue. On termine donc le film sur une bonne impression malgré tout, les longueurs et le final restant des éléments certes importants, mais moindres comparés à l’excellente réalisation de Mike Flanagan.

Non, Hush n’est pas un film qu’il faut faire taire, bien au contraire. Original dans son traitement, possédant un scénario se suivant comme les miettes de pain au milieu de la forêt, il reste surprenant, tendu et intéressant à voir. Si vous aimez les thrillers bien sentis et possédant un touche d’originalité, n’hésitez surtout pas. Et demandez le silence avant de projeter le film ; cela n’en sera que plus agréable.

BALISE SPOILER ON

Ici, je reviens sur la sensation laissée par le final du film. Il faut dire que j’ai rarement ressenti cela. Vous savez, le fait de se demander si arrêter l’histoire avant n’aurait pas été une meilleure idée. Bien que la fin présentée soit intéressante et donne un rebondissement supplémentaire, je ne peux m’empêcher de penser qu’il manque cruellement quelque chose.

Maddie s’imagine les diverses fins possibles à sa mésaventure, tout comme elle le fait pour ses romans. Sa voix intérieure lui dit alors qu’il n’en reste qu’une seule valide, toutes les autres menant irrémédiablement à l’échec. Elle prend son ordinateur, note les signes distinctifs de son agresseur ainsi que ses dernières paroles, le tout sur un fond de musique dressant les poils de bras. Ensuite, armée de son couteau, elle se planque dans la salle de bain, rencontre le tueur, se bat avec lui, finit par le tuer et attend la voiture de police qui s’approche en restant tranquillement assise sur les escaliers extérieurs, le sourire aux lèvres.

Et c’est là que je déchante la moindre. On tombe dans une fin standardisée, où l’héroïne réussit à en finir avec le méchant et la cavalerie débarque. Au moment où elle écrit ses derniers mots sur son ordinateur, Maddie vient juste de passer première dans les femmes de cran des films d’horreur, raflant toutes les couilles des Expendables au passage ! Ecrire son texte, se dresser contre le tueur qui fracasse la fenêtre, se battre et finalement mourir tout ça aurait donné, à mon avis, un sens beaucoup plus profond à la notion d’héroïne. Au lieu de ça, Maddie devient comme toutes les autres têtes d’affiche féminines des films d’horreur ; une tueuse à son tour.

Donc, à mon sens, il y avait sans doute un coup à jouer avec une fin différente, stoppant le métrage cinq minutes avant et modifiant légèrement le contexte. Cependant, la fin initiale, telle que présente dans le film, est cohérente avec le reste du métrage et ne vient en rien péjorer la qualité de l’heure la précédant.  

Derniers commentaires

13.06 | 05:23

Merci pour le concours

03.04 | 19:28

Merci, bonne soirée à tous. 😊🍀

22.03 | 14:38

super

22.02 | 21:57

En effet cher Critiker 😉 très bonne critique du film, qui me rappelle une discussion... devant la salle du ciné 😅 Mark Wahlberg si j'ose (il manque pas d'air le Beep... Enfin si, mais là c'est Mark)😱

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