Mais avance avec ta bagnole !

Les personnages qui pètent les plombs à en devenir dangereux, c’est un bon postulat de départ pour un thriller. Le premier qui me vient est bien entendu Chute Libre de Joel Schumacher sorti en 1993. Et là, je découvre qu’en 2020 est apparu Enragé avec Russell Crowe, narrant également la réaction excessive d’un homme face à un acte somme toute banal. C’est le réalisateur Derrick Borte aux commandes, déjà à la direction de La Famille Jones (2009) ou encore American Dreamer (2018). Est-il essentiel de bien savoir conduire ? Que penser de ces gens qui n’avancent pas sur la route ? Pourrait-on se retrouver dans une même situation ? Pour le savoir, on se met au point mort et on se lance dans la critique.

En retard pour emmener son fils à l’école, Rachel (Caren Pistorius) n’a pas trop le temps de tergiverser sur la route. A un feu rouge, le pick-up devant elle ne semble pas être pressé d’avancer une fois le feu passé au vert. Klaxonnant activement, elle finit par le contourner. Quelques minutes plus tard, le véhicule se retrouve à côté d’elle et l’homme au volant (Russell Crowe) lui demande de s’excuser. Elle refuse. Ben… fallait pas.

Il est d’aloi de tout d’abord noter la présence à l’écran de Russel Crowe qu’il fait bon voir dans un rôle différent de ce que l’on a pu découvrir jusqu’à maintenant. Bedonnant, sarcastique et implacable, il est l’incarnation même de la violence sous-jacente d’une société soumise constamment au stress moderne. A la fois flippant et pourtant si humain, c’est une prestation totalement convaincante.

On retrouve également Caren Pistorius (Mortal Engines) interprétant Rachel. Mère en plein divorce, accueillant son frère et sa petite amie à la maison pour les dépanner, elle doit gérer son emploi du temps friable ainsi que celui de son fils Kyle (Gabriel Bateman – Dans le noir, Child’s Play). Bon boulot de ce côté-là même si l’aspect empathique passe de temps à autre à la trappe. Notons également la présence de Jimmi Simpson dans le rôle d’Andy qui s’en prend littéralement plein la gueule.

Le métrage démarre en fanfare avec une séquence crue et violente durant laquelle Russell Crowe (que je vais appeler le Conducteur) s’en prend à sa femme et l’amant de celle-ci. Il prend ensuite la route avant le démarrage du générique. Ce dernier nous narre la problématique du stress sociétal actuel poussant les gens, notamment les automobilistes, à faire preuve de moins en moins de civilité, tout cela avec des images évocatrices à l’appui.

Puis, on découvre Rachel et son quotidien teinté de réveil en retard et de gestion problématique du portefeuille familial. Elle part pour l’école avec son fils, se retrouve dans des embouteillages, décide de changer de tactique… et la voilà coincée à un feu rouge à cause d’un imbécile incapable de comprendre le concept du feu vert. Coups de klaxons, râles, dépassement intempestif ; c’est le début des emmerdes.

Après un échange verbal empreint de cordialité entre Rachel et le Conducteur, c’est le démarrage de la vengeance de ce dernier dans une débauche de violence absolument gratuite et totalement disproportionnée ; écrasement de piétons, fracassement de tronche, prise d’otage, immolation et j’en passe. Brutaux et sans concession, les coups portés par le Conducteur à l’écran ne laissent pas indifférent. Tout cela jusqu’à un final d’une brutalité absolue où le fait de condamner la violence par la violence peut paraître dérisoire.

Pourtant, les actes du Conducteur, que l’on pourrait qualifier de gratuits, ne font que représenter une barbarie bien présente dans notre réalité où tout peut partir en couille à tout instant. Les conséquences de ne pas s’excuser auprès de quelqu’un peuvent être tout aussi démesurées dans la vie de tous les jours. Soyez honnête ; sur la route, quand quelqu’un vous la fait à l’envers, ne vous êtes vous jamais dit qu’une petite vengeance perfide des familles n’était pas justifiée selon vous ? Allez, franchement ?

Dès lors, le film nous présente une victime de la société devenant le bourreau d’une mère et son fils, eux-mêmes victimes se transformant ensuite en boules de violence prêtes à tout. Seule différence ? Apparemment, ils parviennent à apprendre de leurs erreurs. La notion de choix est beaucoup utilisée dans le film, ceux que nous faisons déterminant qui nous sommes et jusqu’où nous sommes capables d’aller.

Le Conducteur, perdu, prenant des cachetons et semblant avoir quelques problèmes avec la gestion des émotions, ne fait que refléter une folie globale flottant dans les airs et pouvant s’en prendre à n’importe qui, à tout moment, contaminant ensuite les autres, ceux-ci ne parvenant pas à se contenir pour déferler une nouvelle vague de violence sur les suivants, du moins si nous sommes assez pioche pour ne pas apprendre de nos erreurs.  

Alors oui, le film peut sembler simpliste, mais il nous offre une présentation de la violence plausible dans notre vie de tous les jours et reflète un certain réalisme dans sa manière d’appréhender les choses. Personne n’est à l’abri de cela, l’autre devenant le croque-mitaine du 21ème siècle par excellence car pouvant fondre sur nous n’importe quand.

Bien que l’histoire ne casse pas des briques et que les exactions en mode « Fatality » du Conducteur peuvent paraître du domaine du grand-guignol, n’en reste que j’ai apprécié ce film par sa capacité à nous présenter un morceau de quotidien qui se barre complètement en cacahuète, qui aurait pu être simplement évité avec une discussion adulte et constructive… ce que nous autres, êtres humains, savons de moins en moins faire.

Un Russell Crowe comme on l’a rarement vu, des scènes saupoudrées d’humour noir bien grinçant, une violence qui crève l’écran et un constat sociétaire aux tendances réalistes, Enragé est intéressant à visionner pour son approche crue de la journée qui tourne mal. Si vous aussi vous vous énervez derrière votre volant à la moindre occasion, matez ce film. A l’issue du visionnage, vous saurez si vous pourriez être capable du pire ou non.

Je vous préconise de la musique zen pendant vos déplacements en voiture.  

Derniers commentaires

13.06 | 05:23

Merci pour le concours

03.04 | 19:28

Merci, bonne soirée à tous. 😊🍀

22.03 | 14:38

super

22.02 | 21:57

En effet cher Critiker 😉 très bonne critique du film, qui me rappelle une discussion... devant la salle du ciné 😅 Mark Wahlberg si j'ose (il manque pas d'air le Beep... Enfin si, mais là c'est Mark)😱

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