Une claque de robot !

L’équipe de la Doom Patrol… que dire ? Première apparition de cette petite bande dans les comics My Greatest Adventure en 1963 puis tout s’arrête en 1968 avec la décimation des personnages principaux. Tout recommence en 1977 avec une nouvelle patrouille, puis la troupe accède à ses propres comics dès 1987. Bande de parias, des super héros bras-cassés à outrance, on les aperçoit en version live pour la première fois dans l’épisode 4 de la première saison de la série Titans en 2018. Puis, en 2019, voici qu’arrive leur propre série. Créée par Arnold Drake, Bob Haney et Bruno Premiani, c’est l’occasion de voir la Doom Patrolsur petit écran ! Les super héros, c’est bien, mais est-ce que ça fonctionne ici ? Ne risque-t-on pas d’aller droit dans le mur ? La série est-elle condamnée d’avance ? On ressert nos écrous et on se lance dans la critique.

Devant se faire à sa nouvelle vie de robot, Cliff (Brendan Fraser) intègre une famille pour le moins curieuse dirigée par Niles Caulder que l’on appelle aussi le Chef (Timothy Dalton). Il fait la rencontre de Larry (Matthew Boomer), un homme radioactif entouré de bandages ; Jane (Diane Guerrero), une jeune femme avec 64 personnalités possédant toutes un pouvoir ; et Rita (April Bowlby), une ancienne actrice avec un problème de maintien des tissus. Après la disparition du Chef, aidés par Cyborg (Joivan Wade), cette étrange équipe va tout mettre en œuvre pour le retrouver… et, à cette même occasion, sauver le monde.

Par où commencer ? Les super héros, on en bouffe à la pelle depuis plusieurs années, que ce soit dans les séries ou les films. Dans ces nombreux visionnages, je dois bien avouer que c’est la première fois que je me retrouve avec une équipe pareille. Les personnages, aussi délirants soient-ils, ont une consistance, une profondeur et une écriture que j’ai rarement pu constater dans d’autres productions.

Les acteurs font un magnifique travail d’interprétation. Cliff, au passé marital mouvementé, se retrouve catapulté dans un corps robotique ; Jane doit gérer ses 64 personnalités, de la plus peureuse à la plus violente ; Rita, garde de profonds secrets enfouis et apprend à ne pas se transformer en une masse graisseuse qui n’a rien à envier à un certain Blob ; Larry, ancien pilote de l’armée, peine à trouver l’équilibre au cœur de lui-même et se retrouve l’hôte d’une créature énergétique extra-terrestre. Franchement, rien qu’avec cette base, c’est déjà délectable.

On ajoute un Chef aux motivations troubles et un Cyborg jeune, plein de fougue mais terriblement affecté par la mort de sa mère, et on obtient un cocktail absolument détonnant en matière de personnages ! Leur passé est approfondi, leurs histoires à la fois belles et émotionnellement perturbantes et on s’amourache rapidement de chacun car tous, je dis bien TOUS, valent le détour.

Une série avec des super héros (enfin, tout dépend comment l’on conçoit ce terme) ne peut pas faire mouche sans des super méchants. C’est là que le grandiose Alan Tudyk entre en scène ! Il interprète Mr. Nobody (aucun lien avec le film du même nom), un personnage omniscient, obtenant ses pouvoirs de manière décalée, qui prend un malin plaisir à régulièrement briser le 4ème mur. Mention spéciale à son intervention à la fin de l’épisode 13 qui résume toute la folie, la détermination et la décomplexion du personnage.

Pour atteindre un paroxysme au niveau des protagonistes, on peut compter sur Ernest Franklin (Tommi Snider), aussi appelé le Chasseur de barbe, qui peut tout savoir d’un individu… en mangeant ses poils de barbe ; Silas Stone (Phil Morris), le père de Cyborg, scientifique de génie ; Flex Mentallo (Devan Chandler Long), l’homme qui possède la connaissance du mystère musculaire ; Animal-Vegetable-Mineral Man (Alec Mapa) et sa tête de dinosaure avec qui il ne s’entend pas toujours ; Willoughby Kipling (Mark Sheppard), un genre de Constantine à la masse ; et Danny the Street, une rue possédant sa propre personnalité.

Maintenant que les présentations sont faites, il est nécessaire de préciser que chaque personnage, c’est de la BOMBE ! Même ceux qui sont anecdotiques dans l’histoire parviennent à nous faire rire ou nous émouvoir. Un respect du matériau d’origine qui découle sur un véritable coup de maître en traitement scénaristique des protagonistes. Je pourrais même parler de leçon en la matière.

Les acteurs prennent leur pied à jouer leurs rôles et ça se voit. L’évolution de chacun est dosée justement et on apprend comment cette équipe de bras-cassés, rebuts de la société, rejetés pour leurs apparences atypiques ou leurs problèmes sociaux, vont parvenir à se hisser au rang de ceux qui restent soudés pour réussir. La crise d’enthousiasme de Cliff, dans l’épisode 13, veut tout dire. 

Côté histoire, accrochez-vous car ça part un peu dans tous les sens… tout en conservant une étonnante cohérence. Si vous n’êtes pas amateur de scénario barré, s’autorisant énormément de choses, revenant régulièrement dans le passé pour en apprendre plus sur les personnages et osant même des scènes franchement cocasses, cette série n’est pas pour vous.

Un Décréateur à la Sauron qui s’en prend à une ville ; une mauvaise contraction musculaire qui déclenche des émois ; une plongée dans l’esprit de Jane pour découvrir ses diverses personnalités ; un centre secret qui exploite les pouvoirs des héros à travers le monde ; ou une bataille finale qui efface tous les films de Godzilla ; franchement, c’est un pur plaisir !

Tout en conservant un lien irrémédiable entre la réalité et la fiction, Doom Patrol nous embarque dans un univers complètement dingue que l’on découvre avec un plaisir non dissimulé à chaque instant. Difficile de parler concrètement de la série sans spoiler quoique ce soit tant chaque situation vaut d’être visionnée. Ce n’est pas une série que l’on peut expliquer ; il faut la vivre.

Malgré le fait que tout semble partir complètement en cacahuète et que cela est présenté comme un show oscillant entre le foufou et le totalement barré, n’en reste que les sujets abordés sont légion et souvent pertinents. L’introspection des personnages les pousse à découvrir leurs peurs et y faire face une fois pour toute. C’est ainsi que les thèmes du deuil, de l’homosexualité, de la vision de soi, de la rédemption, du rejet et de la difficulté à se faire une place dans le monde sont traités.

Encore une couche ? Avec une bande son de fou, des effets spéciaux valables et des décors nous faisant voyager entre le Manoir Doom, l’esprit de Jane et la cité étrange de Nurnheim, l’esthétique de la série est magnifique. Cela sans parler du générique de début qui est graphiquement et musicalement ensorcelant, glauque et intrigant.

Je pense que vous l’aurez compris ; très peu de choses à redire sur cette série. En terminant la première saison, je n’avais qu’une envie ; que ça continue. Mais non, le générique s’est enclenché et je me suis repassé les dernières minutes de l’ultime épisode. Honnêtement, ça me chamboulait de quitter cette équipe car on s’y attache réellement.

Il y a cependant un problème (qui n’en est pas vraiment un, en fait) ; que va donner la saison deux ? D’ores et déjà commandée, les personnages ont été tellement fouillés en première saison que l’on imagine difficilement ce qui pourrait encore être déterré. Bien entendu, les comics possèdent encore des sources inépuisables d’histoires folles et il ne faut pas trop s’inquiéter. Surtout qu’en toute fin de saison, on apprend qu’une petite nouvelle va rejoindre l’équipe. Pour ceux qui connaissent l’étendue de son pouvoir, ça va être intéressant.

Bon, je pourrais en parler pendant des heures mais je crois que je vais m’arrêter là.

Comme mentionné plus haut, Doom Patrol, ça ne se raconte pas ; ça se vit. Des personnages incroyables avec des acteurs qui y croient à fond, des histoires toutes plus WTF les unes que les autres, le franc-parler de Cliff et l’air hautain de Rita vont certainement vous manquer à l’issue du visionnage, sans compter les frasques incroyables de Mr. Nobody et ses monologues pour les spectateurs. Si vous aimez l’inédit, le barré, l’incroyable et tout ça enrobé dans un professionnalisme et un fun décomplexé salvateur, lancez-vous et devenez, vous aussi, un membre de la Doom Patrol !

Ah, quel bien ça fait !  

Derniers commentaires

13.06 | 05:23

Merci pour le concours

03.04 | 19:28

Merci, bonne soirée à tous. 😊🍀

22.03 | 14:38

super

22.02 | 21:57

En effet cher Critiker 😉 très bonne critique du film, qui me rappelle une discussion... devant la salle du ciné 😅 Mark Wahlberg si j'ose (il manque pas d'air le Beep... Enfin si, mais là c'est Mark)😱

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