Un concept profond

En cette année 2020, il n’y a pas des masses de sorties ciné. Cependant, certains métrages, qui parviennent à s’extirper au grand jour, valent le coup ! C’est le cas du film Underwater de William Eubank (The Signal). Avec Kristen Stewart et un certain Vincent Cassel au casting, l’intrigue se passe dans une station de forage… au fond de la Fosse des Mariannes, l’endroit le plus profond de l’océan, pointant à plus de 10'900 mètres en direction du bas. Angoisse sous-marine, créatures pas jolies-jolies et course contre la mort, est-ce que ça vaut le coup ? Ne va-t-on pas se retrouver noyés ? Supporterons-nous la pression ? Pour le savoir, on enfile son scaphandre et on plonge dans les abysses obscures… enfin, on se lance dans la critique. ATTENTION : cet article contient des spoilers mentionnés par une balise

Norah Price (Kristen Stewart) travaille pour Tian Industries sur un site de forage au fond de la Fosses des Mariannes. Un jour, une violente secousse désintègre une partie de la station, forçant quelques survivants, dont le capitaine W. Lucien (Vincent Cassel), à trouver un moyen de remonter à la surface. Cherchant un moyen de survivre, il ne faut pas qu’ils oublient une chose ; au fond de l’océan, personne ne les entendra crier.

Bien que mono-émotive dans certains de ses rôles, Kristen Stewart nous offre ici une prestation puissamment sympathique. A la fois déterminée tout en restant réaliste, elle est le fer de lance de cette petite équipe. Vincent Cassel, discret mais pro, nous gratifie aussi de sa présence. T.J. Miller est Paul, le boute-en-train du groupe armé de ses blagues vaseuses aidant au moral de ses collègues (et du spectateur). Jessica Henwick joue le rôle d’Emily, une jeune biologiste aux prises avec ces terribles événements. Elle peut compter sur le soutien de son petit ami Liam (John Gallagher), optimiste de renom. Mamoudou Athie est Rodrigo, le premier survivant rencontré par Norah.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que tout ce petit monde a beau se retrouver au fond de l’océan, ils gèrent bien la pression. Le jeu est juste, on se surprend à rire aux blagues de Paul et de s’éprendre d’empathie pour Norah au fur et à mesure du métrage. Un bien beau travail de groupe qui donne une cohérence sympatoche à ce cadre pour le moins effrayant.

Car Underwater joue sur plusieurs tableaux afin de coller la trouille au spectateur. Même si l’on peut considérer que son scénario est « bateau » (ou « sous-marin » au vu des circonstances), on ne peut pas nier que les idées sont là. Certes, elles viennent de grands standards du genre (Abyss, Alien) mais le réalisateur arrive à jouer avec cela sans tomber dans un copié-collé ou un plagiat malvenu.

Du coup, avec un scénario facile (un groupe de survivant au fond de l’eau tente de rejoindre une station de survie pour atteindre la surface… eh oui, c’est l’histoire), on arrive aisément à suivre les protagonistes dans leurs mésaventures tout en s’en prenant plein les yeux dans leur terrifiant périple. On se trouve tout de même à plus de 10'900 mètres de fond, il n’y a aucune communication avec la surface, la pression sous-marine est extrême… et on dirait qu’il y a quelque chose qui nage à l’extérieur des murs de la station.

En faisant transiter le petit groupe entre pipeline, station abandonnée et fonds marins, leur voyage les fera douter de leur capacité à s’en sortir et surtout les remettra en question sur leurs propres convictions. C’est dingue ; c’est toujours en situation de crise que l’on se demande qu’elle est la vraie valeur de la vie, pas vrai ? En même temps, quand on touche le fond…

Bon, on ne sort pas les violons pour autant ; on angoisse, on se sent oppressé par toute cette flotte qui nous entoure et on ressent presque le poids des combinaisons de plongée ajouté à celui de la pression de l’eau lors de leurs sorties à l’extérieur. Côté trouille, on note quelques jump scares çà-et-là, mais qui n’abusent pas de la situation. Le rendu final de l’atmosphère est tout de même très anxiogène et c’est ce qui était prévu pour le spectateur.

Cette troupe arrivera-t-elle à remonter à la surface ? Qui survivra et qui mourra ? Mais bon sang, c’est quoi cette chose qui semble les suivre ? Serait-on dans un film qui va plus loin que la banale angoisse sous-marine ? Le point final du film, logique mais fort, nous montre que la détermination peut avoir du bon, même à 10'900 mètres de profondeur.

ATTENTION : spoilers à partir de ce point ; veuillez revenir après visionnage !

Car à la fin, on découvre que l’on se trouve en fait devant un film horrifico-catastrophe… de monstre ! Assez tôt dans le métrage, on remarque qu’il y a des bestioles peu ragoûtantes qui traînent au fond de l’océan… et qu’elles n’apprécient pas des masses la présence d’êtres humains.

Encore mieux ! Dans les dernières minutes du film, nous avons droit à THE monstre que le réalisateur, lors d’une interview, a officialisé comme étant Cthulhu, une célèbre créature de l’écrivain H.P. Lovecraft. Du coup, le film prend une nouvelle dimension où l’on peut se laisser aller à quelques théories, notamment celle que Tian Industries fait partie du culte de Cthulhu… et voulait le réveiller.

Mais sans tergiverser sur ce point, le film de créature devient un concept intéressant, principalement dans sa forme et dans sa mise en scène pour nous permettre d’en arriver à un final qui s’avère être un véritable face à face avec la dernière survivante et le monstre gigantesque… qui s’en prend finalement plein la tronche. Et venant du réalisateur, il faut quand même oser annoncer officiellement qu’il prend part au grand bestiaire de l’écrivain horrifique H.P. Lovecraft.

Comme dit précédemment, le film puise principalement dans les grands standards horrifiques en mode « isolation » ; on peut d’ailleurs faire passablement de comparatifs avec Alien, que ce soit dans le fait d’avoir une héroïne battante se dressant contre un monstre inconnu ou dans le style même d’histoire, à savoir se retrouver au milieu de nulle part avec très peu de chance de s’en sortir. Une isolation, dans le vide de l’espace ou l’immensité de l’océan, reste une isolation.

Mais cela prouve avant tout que William Eubank aime le cinéma et sait y faire référence, allant même jusqu’à insérer un son présent dans le film Alien dans l’une des premières scènes du film. A ce stade, il ne s’agit pas de plagiat mais bel et bien d’hommage… et Underwater rend ce qu’il doit aux films de genre.

FIN DES SPOILERS A PARTIR D’ICI !

Les thèmes explorés dans le film sont intéressants car ils renvoient principalement à notre moi profond. Chaque protagoniste a ses casseroles à traîner et cela détermine comment il agit en situation de stress ; Norah, ayant vécu un terrible drame, fonce et tente de garder la tête froide tandis qu’Emily, jeune et n’ayant pas encore d’horreurs de vécu à son actif, se retrouve dépouillée face à la situation. Et que dire du personnage de Lucien ? Bien qu’étant peu exploré, son passé n’est pas tout rose non plus.

Avec ce film, William Eubank voulait plonger les spectateurs dans les profondeurs de leurs angoisses afin de les mettre sous pression. C’est donc chose faite car dans l’ensemble, on passe l’heure et demie de métrage avec un bon entrain. Un vrai film pop-corn pour une soirée où il n’y a rien d’autre de disponible, alliant habilement frissons, bons acteurs et sursauts justifiés. Simpliste mais efficace, Underwater nous croche bien et se termine comme il se doit. Bonne surprise !

Et dans le fond, ‘c’est pas si con…

Derniers commentaires

13.06 | 05:23

Merci pour le concours

03.04 | 19:28

Merci, bonne soirée à tous. 😊🍀

22.03 | 14:38

super

22.02 | 21:57

En effet cher Critiker 😉 très bonne critique du film, qui me rappelle une discussion... devant la salle du ciné 😅 Mark Wahlberg si j'ose (il manque pas d'air le Beep... Enfin si, mais là c'est Mark)😱

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