Teen Titans... alors, GO ou pas ?

Sortie en 2018, la série créée par Akiva Goldsman, Greg Berlanti, Geoff Johns et Sarah Schechter ne possède pas une régularité absolue. Après une première saison bien meilleure que prévue et une seconde saison en demi-teinte, nous voici avec l’arrivée de la troisième saison, composée de treize épisodes, débarquant sur Netflix début décembre 2021. Et… que dire ? Est-ce possible que la série fonce droit dans le mur ? C’est quoi le problème avec les méchants ? Pour tenter de répondre à ces questions, on enfile sa plus belle cape et on se lance dans la critique ! ATTENTION : spoilers concernant la saison en cours ainsi que les saisons précédentes

Un événement dramatique pousse Dick Grayson à retourner à Gotham City auprès de son mentor Bruce Wayne. Après un violent pétage de case de ce dernier, la ville se retrouve livrée à elle-même, sans super héros pour la défendre. Dick décide donc d’appeler le reste de son équipe à la rescousse afin de protéger les habitants et de faire la lumière sur le mystérieux nouveau méchant qui traîne dans le coin ; Red Hood.

Une bonne partie du casting revient pour cette nouvelle saison ; Dick Grayson/Nightwing (Brenton Thwaites) reprend du taf’ dans la police ; Starfire/Koriand’r (Anna Diop) a des visions cheloues et dangereuses ; Garfield Logan/Beast Boy (Ryan Potter) apprend à se transformer en autre chose qu’un tigre ; Rachel Roth/Raven (Teagan Croft) est aux abonnés absents une bonne partie de la saison avant de revenir avec une maîtrise toute neuve de ses pouvoirs ; Donna Troy/Wonder Girl (Conor Leslie) se bat dans l’au-delà pour revenir sur Terre ; Hank/Hawk (Alan Ritchson) se la joue Pacific Blue et grand héros ; Dawn/Dove (Minka Kelly) gère ses sentiments comme elle peut ; Conner Kent/Superboy (Joshua Orpin) est tour à tour ingénieur et amant exceptionnel ; et Krypto maîtrise l’aboiement sonique.

Les personnages de base continuent lentement mais sûrement leur évolution, tous ayant leur lot de problèmes à gérer. Le cœur principal de cette saison est la capacité (ou non) de Dick Grayson à devenir le leader absolu du groupe des Titans, étant obligé de remplacer Batman au pied levé vu que ce dernier a foutu le camp. On note également passablement de sous-intrigues secondaires qui viennent apporter du minutage à chaque épisode, sans pour autant construire une réelle consistance.

Du côté des nouveaux, il y a Barbara Gordon (Savannah Welch), convaincante dans son rôle de commissaire de police tiraillée entre ses sentiments pour Dick et sa prise de position contre les héros costumés du coin. Personnage intéressant de cette nouvelle saison, je pense que l’on tient ici un des meilleurs.

Et une bonne dose de fraîcheur nous vient de Tim Drake (Jay Lycurgo), jeune homme ambitieux et fin détective, destiné à devenir le nouveau Robin ! Personnage attachant, possédant un humour fino et des capacités hors normes, il doit prouver son héroïsme s’il veut faire partie de la troupe des Titans. Bien que n’arrivant qu’en seconde partie de saison, un peu de sang neuf, ça fait du bien.

Il faut aussi mentionner celle qui a été teasé en fin de seconde saison ; Blackfire/Komand’r (Damaris Lewis), la sœur brutale de Starfire. Alors que je pensais que nous tenions une nouvelle antagoniste principale, il n’en est rien. Il s’agit ici de développer la relation entre les deux sœurs et surtout de nous faire profiter de leurs véritables origines. Le personnage de Blackfire apporte tant de la castagne qu’une touche d’humour et là encore, c’est un bon boulot, lorgnant clairement du côté anti-héros en lieu et place d’un méchant pur jus.

D’ailleurs, du côté des méchants, ça donne quoi ? La série Titans a un grave souci avec ses antagonistes. Entre Trigon (saison 1), démon inter-dimensionnel en papier mâché ; Deathstroke (saison 2), peinant à arriver au stade de réelle menace ; ou le Dr. Light (saison 2) se faisant purement et simplement supprimer de la surface de la Terre, on ne peut pas dire que le traitement soit des plus respectueux. Est-ce que ça va changer dans cette nouvelle saison ?

On peut commencer par Red Hood – ATTENTION SPOILER – alias Jason Todd (Curran Walters), s’avérant être le point fort de cette nouvelle saison de part sa violence et son intransigeance face à toute forme de confrontation. Son intrigue apporte de nouveaux éléments nécessaires à la construction de cette salves d’épisodes et c’est une bonne chose, même si les fans des comics s’y attendaient à des kilomètres. Soit dit en passant, le personnage de Jason Todd est, ici, l’un des plus travaillé et l’acteur fait un taf’ de malade, nous gratifiant de sa folie destructrice autant que de sa recherche de pardon.

Mais que dire de Jonathan Crane/L’Epouvantail (Vincent Kartheiser) ? Sérieusement, C’EST QUOI CETTE DAUBE ??? Le personnage est l’un de mes méchants préférés dans l’univers de DC Comics, particulièrement son traitement dans la saga des jeux vidéo Batman Arkham. Mais là, LÀ, est-ce que nous ne sommes pas en train de toucher le fond ? Ersatz en carton d’un certain Hannibal Lecter dans la première partie de cette nouvelle saison, il s’en va vadrouiller en ville par la suite pour n’apporter que quelques pas de danse ridicule, discours pompeux et déception.

Pour en savoir plus, intéressons-nous à l’intrigue. Jason Todd, fougueux nouveau Robin, se fait méchamment déstructurer la gueule par le Joker (oui, oui). Par mesure de représailles, Bruce Wayne décide d’en finir avec le clown prince du crime et lui fait subir le même sort. N’ayant pas respecté sa promesse de ne pas tuer, il décide de se barrer de Gotham et de laisser les rênes de la cité à Dick et son équipe. D’où l’arrivée des Titans dans la grande métropole.

Mais… Jason n’est pas mort et s’allie alors avec l’Epouvantail pour plonger Gotham dans la terreur et le chaos. Bon, outre le fait que détruire la ville est une affaire redondante dans l’univers DC Comics (Ra’s al Ghul a voulu le faire, Bane a voulu le faire, le Joker a voulu le faire… bref, prenez un ticket), on ne peut pas nier que l’intrigue est fortement identique à celle de Batman : Arkham Knight, jeu vidéo sorti en 2015. J’dis ça, j’dis rien.

On se retrouve donc dans une troisième saison très statique (on reste à Gotham… non sans faire un passage par l’au-delà, lieu ressemblant étrangement au Purgatoire dans la série Supernatural) et à nouveau dépourvue d’un méchant ayant la carrure de recevoir ce titre. Le personnage de l’Epouvantail est ridicule, fondamentalement peu dangereux et n’inspire pas une once de peur, bien que cela soit techniquement son fond de commerce. En plus, on ne le verra jamais avec son masque… snif.

Et si on veut enfoncer encore un peu plus la tête sous l’eau, un méchant connu et récurrent de la série animée fait son apparition ; Gizmo (Dov Tiefenbach) ! Mais cela uniquement dans le premier épisode et l’espace de quelques maigres minutes. Non, sérieusement, je pense que cette série a un problème avec ses méchants. Je maintiens ma demande d’avoir Captain Video comme antagoniste ; on pourrait au moins partir dans un délire bien meta.

Mais revenons à cette troisième saison qui semble inexorablement s’enfoncer ; sous-intrigues peu avenantes, méchant principal à la ramasse, intrigue de base connue des aficionados et prévisible pour les autres ; Raven qui ne se pointe pas plus de la moitié de la saison ; Rose/Jericho complètement absent(s) de cette nouvelle trame ; l’équipe des Titans semble autant paumée que la structure de cette saison.

Cependant, il ne faut pas non plus tirer à boulet rouge sur ces nouveaux épisodes. Certes, il y a des lacunes flagrantes et passablement dérangeantes, mais cela n’empêche pas de retrouver tout de même ce que l’on est venu chercher. Les personnages continuent leur évolution ; les nouveaux arrivants sont franchement bons ; les épisodes se suivent sans mal ; les chorégraphies sont toujours aussi fun ; et la fin ne peut que laisser présager, sans doute, d’avoir une qualité un cran au-dessus pour la prochaine saison.

Outre cela, il faut également mentionner que la série reste dans sa ligne de tir initiale. Ça cogne dur, ça bastonne à tour de bras et on ne fait pas dans la dentelle quand il s’agit de mettre une rouste à une tierce personne. Le meurtre de Jason Todd, le désespoir masqué de Bruce Wayne, la difficulté de Dick à gérer l’équipe, les habitants de Gotham qui se retournent contre les Titans ; tout cela concourt au bien de la série.

On ne va pas non plus nier que plusieurs passages conservent un humour bien présent (les punchlines d’Hank, la répartie de Donna, la naïveté de Conner, la détermination de Garfield) et également une émotion non négligeable (l’épreuve explosive d’Hank, la tristesse de Dawn, l’histoire de Barbara et Dick, l’abnégation de Starfire). Et puis, globalement, il faut dire que l’intrigue autour du personnage de Jason Todd (ainsi que d’autres, mais c’est ici la principale), bien que connue et prévisible, a son lot de remise en question qui font que Titans reste tout de même une série construite. Pas extrêmement bien construite, certes, mais construite quand même, ne tombant ainsi pas dans les méandres des séries fast-food que l’on peut retrouver un peu partout. 

Donc, non, il ne s’agit pas d’une excellente saison qui remonte la demi-teinte de la précédente. Il y a tout de même une bonne dose d’éléments qui ne collent pas et qui apportent soit une certaine léthargie, soit une incompréhension de traitement. Cependant, en prenant en compte un contexte global passablement casse-noix au niveau du tournage, on peut se dire que ça aurait pu être nettement pire et que, sur le fond, ça fait plaisir de retrouver notre équipe de jeunes héros.

Ne parvenant pas à conserver son éclat, la série Titans déçoit passablement dans cette troisième saison. Gros problème concernant les méchants, des intrigues rapidement torchées et une certaine volonté d’en faire trop pour un résultat moindre ont raison de la qualité de ces nouveaux épisodes. Cependant, je garde espoir car les personnages semblent toujours autant bien dans leurs baskets et les petits nouveau (notamment Tim Drake) possèdent un potentiel non négligeable pour la suite.

Allez, allez, les Titans, merde quoi, GO !